Gaspé a finalement eu gain de cause, du moins pour le moment, contre Pétrolia. L’entreprise a annoncé jeudi qu’elle retarde son projet de forage dans la municipalité, sans renoncer à ses permis d’exploration. Le gouvernement péquiste n’a pas précisé si l’exploration pétrolière en milieu habité sera à terme autorisée malgré l’opposition des villes, mais il a tenu à réitérer son préjugé favorable envers l’exploitation de l’énergie fossile au Québec.
La pétrolière a décidé de se conformer au nouveau règlement adopté par Gaspé afin de protéger ses sources d’eau potable. Le forage prévu dans un secteur nommé Haldimand est donc « momentanément » reporté, a précisé le président de Pétrolia, André Proulx. « Cette décision a été prise afin de permettre aux divers intervenants au dossier de discuter dans un climat plus serein qui fait davantage appel au rationnel qu’à l’émotivité », a-t-il ajouté. Il demande d’ailleurs à Québec de s’impliquer dans le dossier afin de trouver un terrain d’entente qui permettrait aux travaux d’exploration pétrolière de se poursuivre.
Droits brimés
Pétrolia pourrait-elle poursuivre Gaspé ? « Pour l’instant, on ne veut pas emprunter cette voie », a dit son président. Il n’en juge pas moins que le règlement adopté par la Ville le 19 décembre dernier « outrepasse les pouvoirs de la municipalité et brime, de ce fait, les droits légitimement obtenus » par l’entreprise. « On ne comprend pas pourquoi on arrive avec une masse pour tuer une mouche », a illustré M. Proulx.
Surtout, il n’est pas question de renoncer à exploiter l’or noir qui se trouverait dans le sous-sol du secteur. Pétrolia s’apprêtait la semaine dernière à effectuer un nouveau forage. Celui-ci devait atteindre une profondeur totale d’environ 1000 mètres. À partir de 500 mètres, il devait être dévié progressivement pour atteindre une trajectoire presque horizontale.
Selon la plus récente évaluation disponible, le gisement pourrait renfermer plus de 7,7 millions de barils de pétrole. M. Proulx estime que sa valeur pourrait dépasser le « milliard » de dollars. Le permis d’exploration de la pétrolière lui coûte 11 971,50 $ par année. Fait à noter, le forage que devait mener Pétrolia à Gaspé est en partie financé par des deniers publics. Au printemps dernier, Investissement Québec a acquis pour 10 millions de dollars d'actions de la pétrolière. De l’argent qui devait être utilisé pour mener les travaux à Haldimand, mais aussi les deux premiers forages du projet Bourque, à l’est de Murdochville.
Risques à étudier
Le gouvernement du Parti québécois a salué la décision de Pétrolia. Par ailleurs, le ministère des Ressources naturelles et le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs entendent se pencher bientôt sur le dossier pétrolier. Il est question d’étudier l’exploitation en milieu habité, mais aussi les risques que cette industrie pose pour les sources d’eau potable. Québec n’a pas indiqué si de telles activités seront un jour autorisées sur le territoire des municipalités, malgré l’existence de règlements comme celui adopté par Gaspé.
Le maire François Roussy n’a pas dit formellement jeudi s’il s’opposerait toujours à tout forage sur le territoire de sa municipalité. Il a cependant répété que l’industrie pétrolière doit mener ses opérations « en tenant compte de la sécurité des citoyens et des sources d’eau potable ». Selon lui, il est préférable de se tourner vers de possibles gisements qui se situeraient loin des populations. « Lorsqu’on décidera de protéger notre eau potable de façon responsable, on prendra des décisions dans ce sens-là », a-t-il affirmé.
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