RONA devient américain

PKP vs Anglade

Tribune libre

Il n'aura pas fallu beaucoup de temps pour que la ministre de l'Économie Dominique Anglade soit confrontée aux critiques et la controverse. La vente de la chaîne RONA à des intérêts américains, Lowe's enflamme les médias.

Le Québec inc perd de l'altitude, c'est à n'en pas douter. Perdrons-nous un autre siège social? Avons-nous les moyens de se vendre aux américains.

Le chef de la CAQ, François Legault a lancé la serviette en admettant qu'il ne restera plus grand chose à Boucherville dans quelque temps. Voilà un triste constat.

Mme Anglade, de son côté, donne sa bénédiction à la vente de Rona au groupe Lowe's. « Il n'est pas dans l'intérêt du gouvernement de bloquer cette transaction», a déclaré Mme Anglade, tout juste avant de participer à son tout premier conseil des ministres. Elle a rappelé que cette vente est «souhaitée par le conseil d'administration de Rona». «Ce qui est important pour nous, au gouvernement du Québec, est de nous assurer que les emplois seront maintenus ici, voire augmenter. Ce qui est important, c'est que les bannières Rona soient maintenues. Ce qui est important, c'est qu'on ait un siège social qui vienne s'installer ici. Ce sont les garanties que nous avons obtenues hier [mardi].» Dominique Anglade voit même du potentiel dans cette transaction, qui lui fait connaître son baptême de feu politique. Elle évoque des «synergies» pour «aller sur l'international».

Mme Anglade avance même que le Québec est libre-échangiste. ( Justin dirait: bien… nous sommes en 2016 ).

Mais, oui, il y a un mais. L'opposition, menée par PKP ne voit pas les choses du même angle. C'est clair! IL avance même que Le gouvernement Couillard doit bloquer la transaction qui fait passer le quincailler Rona dans les mains du géant Lowe's, affirme le chef péquiste, Pierre Karl Péladeau. Ne pas agir, c'est s'«aplaventrir», dit-il.

Est-ce une réaction trop ou pas assez émotive?

Le gouvernement favorisera-t-il «le tissu des PME» ? demande M. Péladeau en précisant que les petites et moyennes entreprises québécoises comptent pour la moitié des achats de Rona. «Nous avons trop perdu de sièges sociaux. Il faut s'assurer que nous aurons une politique pour les maintenir au Québec.»

«Si le premier ministre Couillard ne fait rien pour garder Rona, je pense que le Québec va continuer de s'appauvrir», poursuit le chef péquiste. Selon un interlocuteur à la direction du PQ, le gouvernement aurait pu rendre cette transaction impossible en faisant en sorte qu'Investissement Québec conserve la position qui était la sienne dans l'actionnariat de Rona.
Le bras financier de l'État québécois aurait ainsi envoyé un signal à la Caisse de dépôt et placement, ainsi qu'au Fonds de solidarité de la FTQ, un signal qui aurait rendu cette transaction impossible, dit-il.

Intervention en 2012

Investissement Québec était déjà intervenu, en 2012, pour bloquer une éventuelle vente de Rona à Lowe's. Le ministre des Finances d'alors, Raymond Bachand, avait refusé que la transaction envisagée soit conclue.

La Caisse de dépôt ne doit pas seulement songer au gain obtenu par la vente de ses actions à Lowe's, mais au développement économique du Québec et à l'enrichissement collectif des Québécois, plaide M. Péladeau.

PS: inspiré du texte de Jean-Marc Salvet du Soleil


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    6 février 2016

    Monsieur Beaumont,
    Permettez-moi ce bref retour pour souligner d'abord la pertinence de la réplique rationnelle de monsieur François Ricard à mon commentaire précédent. Je le remercie. Respectueusement, et humblement, j'admets que mon interprétation première puisse être franchement discutable, surtout que monsieur Ricard méritait déjà ma plus haute estime.
    Par ailleurs, je constate que les questions posées ici par monsieur Gaston Carmichael méritent vraiment toute notre attention.

  • Marcel Haché Répondre

    5 février 2016

    Si les p’tits poissons RoNa sont contents-contents de se faire avaler par un gros, où est le problème ?
    Que pourrait bien faire un premier ministre dont l’identité et l’ambition sont en tous points conformes à celles des p’tits poissons ? Il y a quelque chose d’injuste d’exiger de Couillard qu’il se comporte comme un gros poisson. Couillard, c’est un p’tit poisson rouge.

  • Gaston Carmichael Répondre

    5 février 2016

    @François Ricard:
    «Ceci étant dit, vous remarquerez que tous ceux qui demandent au gouvernement d’intervenir se gardent bien de donner des pistes de solutions possibles. Car, en fait, il n’y en a pas.»
    Si la CDPQ peut investir $2.5G dans des aéroports en Grande-Bretagne, ou $850M dans l'Eurostar (et ce, sans aucun gain d'emplois pour le Québec), pourquoi ne pourrait-elle pas présenter une meilleure offre que celle de Lowes?
    Serait-ce faire preuve d'ethnicisme de vouloir investir chez-nous?

  • François Ricard Répondre

    5 février 2016

    @Jean-Paul St-Cyr
    Je crois les lecteurs de Vigile capables de jauger eux-mêmes de la valeur d'un commentaire sans avoir besoin d'avoir recours à la censure pour les "protéger".
    Bien des intervenants, ici et ailleurs, expriment leur réticence vis-à-vis cette transaction qui est pourtant tout-à-fait légale et qui s'inscrit bien dans la mouvance libre-échangiste prônée par le PQ depuis des années et des années. Si nous acceptons cette économie libre-échangiste, il faut en accepter aussi bien les avantages que les inconvénients.
    Ceci étant dit, vous remarquerez que tous ceux qui demandent au gouvernement d'intervenir se gardent bien de donner des pistes de solutions possibles. Car, en fait, il n'y en a pas.
    Aux USA, en Grande Bretagne, un CA d'entreprise a la responsabilité de voir au meilleur intérêt de l'organisation, lequel implique l'intérêt des actionnaires, mais aussi les intérêts des employés, créanciers, fournisseurs, gouvernements ainsi que du grand public. Lors d'une transaction majeure, il est légitime que les employés, fournisseurs, créanciers et le grand public demandent si leurs intérêts ont été tenus en compte. Et les dirigeants ont le devoir d,en faire la démonstration.
    Ici rien de tout cela n'existe vraiment. Et le gouvernement Marois, avait sensiblement la même approche que le PLQ-Couillard: le laisser-faire.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 février 2016

    Monsieur Beaumont,
    Je vous remercie pour votre article. Brièvement, vous décrivez assez bien la situation de façon objective. La perte de Rona est sûrement très importante pour tous les québecois, même pour les fédéralistes extrémistes du Québec.
    Monsieur Beaumont, pouvez-vous m'aider à comprendre pourquoi Vigile a accepté de publier le commentaire ridiculement simpliste et insidieux de François Ricard? Il me semble qu'un commentaire aussi insignifiant se situe clairement sous le niveau intellectuel requis pour une discussion intelligente.

  • François Ricard Répondre

    4 février 2016

    Alors faudrait-il "étatiser" RONA?
    Et après RONA, quelle autre entreprise faudra-t-il étatiser?
    S'opposer à cette vente, c'est s'opposer pour s'opposer. Ridicule