Pierre Moscovici n’a pas l’habitude d’y aller par quatre chemins. Donald Trump ? Ce serait « extrêmement difficile » pour l’Europe « de travailler avec lui », exposait la semaine dernière le commissaire aux affaires économiques de l’UE au sujet de celui qui pourrait bien devenir le prochain président américain. De plus, dans un entretien au «Devoir», il ne cache pas son inquiétude au sujet du Brexit. Et son espoir de voir l’accord Canada-UE enfin ratifié.
À dix jours du référendum sur le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), le commissaire aux affaires économiques et monétaires se refuse toujours à envisager des négociations avec le Royaume-Uni à l’issue d’un éventuel Brexit. « Quand on commence à parler du plan B, c’est qu’on ne croit plus au plan A. »« On a des intérêts tellement forts à rester ensemble que je me refuse à y penser », explique celui qui est en quelque sorte le ministre de l’Économie de l’Europe.
De passage au pays pour la Conférence de Montréal du Forum économique international des Amériques, il fait preuve d’un optimisme prudent sur l’issue du référendum du 23 juin prochain. Malgré les plus récents sondages, qui accordent une légère avance (46 %) au « Leave » par rapport au « Remain » (44 %). « J’espère que les électeurs choisiront le “Remain”. J’en ai la conviction, même, tant il est vrai que les partisans du “Leave” ne sont pas parvenus à faire la démonstration aux électeurs que la situation au lendemain du Brexit serait meilleure que la veille », dit-il.
À son sens, au final, une espèce de « rationalité » politique et économique l’emportera à cette occasion, comme lors du premier référendum sur le maintien du Royaume-Uni au sein de la Communauté économique européenne, tenu en 1975. Il le faut, car les conséquences du départ des Britanniques pourraient se faire ressentir bien au-delà du royaume de Sa Majesté.
Conséquences
Si de nombreuses multinationales ont déjà évoqué leur intention de quitter la Grande-Bretagne ou d’y réduire leurs activités advenant un vote en faveur du « Leave », Bruxelles a aussi de quoi frémir, explique-t-il.
« L’Europe est une construction politique qui s’est toujours bâtie de façon inclusive. À l’origine, il y avait six pays, puis neuf, puis dix, puis vingt-huit. Le départ d’un État membre aurait une signification importante pour l’Europe même, et un Brexit pourrait donner de mauvaises idées à d’autres. Moi, je tiens à ce que l’Europe demeure une réalité en expansion. »
Dans une édition spéciale bilingue du magazine allemand Der Spiegel publiée samedi et titrée « Please don’t go ! », le ministre des Finances de l’Allemagne, Wolfgang Schäuble, qualifie pour sa part de « wake-up call » le débat sur la participation du Royaume-Uni à l’UE. Vote en faveur du « Leave » ou non, Bruxelles ne peut se contenter du statu quo, fait-il valoir, de crainte que d’autres pays lui emboîtent sous peu le pas.
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