En cette journée mondiale de la liberté de la presse, il est vital de réfléchir au rôle primordial des médias au cœur de la démocratie, ici et dans le monde.
Les événements de Charlie Hebdo en janvier nous ont rappelé avec une force inouïe à quel point la liberté de la presse doit être un droit, et non un privilège. Attaquer des bédéistes et des caricaturistes parce qu'ils ont dessiné un prophète en dit long sur les ennemis de la presse libre. Encore en France en ce moment, une nouvelle loi sur les services de renseignements, qui les doterait de pouvoirs exceptionnels, pourrait nuire au travail des médias dans l'avenir. Des médias qui sont plus que jamais sous surveillance.
Au Québec, la gronde étudiante à l'UQAM a mis en exergue la haine de certains étudiants envers la presse, qui, en fait, ne faisait que son boulot. La radicalisation de certains groupes étudiants a amené certains de leurs membres à attaquer des journalistes, des photographes, des caméramans et même briser de l'équipement. Certains reporters ont même été empêchés de travailler. Il faut dénoncer fermement cette attitude rétrograde de hargne envers les médias. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), qui représente les journalistes professionnels québécois, a elle aussi réagi fermement à ce changement radical vis-à-vis de nos médias.
Au Canada, malgré les apparences, la situation de la presse n'est pas si rose. Les lois canadienne et québécoise d'accès à l'information sont désuètes, dépassées et inadaptées aux nouvelles technologies. Au fédéral, on assiste à un blocage avec des délais inacceptables de traitement des demandes d'accès des journalistes (18 mois, 30 mois, 36 mois) et des documents qui sont souvent presque tout caviardés. Et c'est sans compter les refus. Tout ça est politique. Nos gouvernements ne veulent pas la transparence et font tout pour cacher l'information. Les lois provinciale et fédérale doivent être réformées urgemment : il en va d'une presse libre qui peut mener ses enquêtes.
Au plan fédéral, les atteintes à la liberté de parole des scientifiques fédéraux par le gouvernement Harper donnent froid dans le dos, surtout dans le secteur de l'environnement. Scientifiques interdits de parler à la presse, études non dévoilées, propagande, etc. Tous les éléments d'un gouvernement rétrograde sont réunis. Et globalement, l'attitude du premier ministre Harper envers les journalistes est méprisante. La volonté de ne pas dévoiler le lieu et l'heure du conseil des ministres à Ottawa donne une idée du côté pernicieux des choses. Il faut éloigner les journalistes comme la peste.
À Québec, les communications des divers ministères ont toutes été concentrées au bureau du Conseil exécutif, dont fait partie le bureau du premier ministre. Toutes les lignes de presse sont approuvées à l'avance; rien n'a de la saveur et de la spontanéité. Tout est contrôlé.
C'est dans ce contexte que j'appelle tout un chacun à être plus vigilant que jamais. Avec la NSA et le SCRS qui surveillent nos communications électroniques (courriels, appels, Facebook, Twitter, etc.), les médias ont plus que jamais besoin de l'appui du public et doivent rechercher de nouveaux espaces de liberté, possiblement grâce aux médias sociaux et au web. Le projet The Intercept du journaliste Glenn Greenwald, qui a révélé les secrets d'Edward Snowden sur la NSA et la surveillance des Américains et du monde entier, dont le Canada, représente en ce sens un bel espoir.
Quand on compare enfin le Canada au reste du monde en termes de liberté de presse, on peut se consoler vu les graves reculs en Russie, en Syrie, en Irak, en Afghanistan et ailleurs. Mais le combat pour la liberté de la presse est plus global que jamais. Il ne faudra jamais laisser tomber. Plus que jamais, nous sommes Charlie.
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