Ladite Bataille des Plaines d'Abraham du 13 septembre 1759

Plutôt une construction historique!

D'après un article de Denis Vaugeois

Tribune libre

UNE CONSTRUCTION HISTORIQUE

Selon Denis Vaugeois, la bataille des Plaines d’Abraham du 13 septembre 1759 est plutôt une «construction historique»
Extrait: Impact Campus de l’université Laval.
M. Denis Vaugeois historien et éditeur dans un article paru, il y a quelques semaines intitulé:
«Vaugeois revisite la bataille et la guerre»
«Ainsi même si elle est passée à l’histoire comme le point tournant de la Conquête, la bataille des Plaines d’Abraham s’avère être selon M. Vaugeois, une construction historique plutôt qu’un évènement chamboulant l’Histoire.
C’est une des batailles les moins importantes, les moins meurtrières et des plus insignifiantes» de la Guerre de Sept ans, analyse-t-il, en relativisant les conséquences qu’on y attache fréquemment.»
Selon l’historien, le point tournant dans la conquête anglaise de la Nouvelle-France est plutôt le fruit de décisions politiques chez les pouvoirs français et anglais, en raison d’impératifs mercantilistes.
Comme «construction historique» on ne peut trouver mieux:
1- Deux versions de «l’Acte de capitulation de Québec», les deux datées du 18 septembre 1759:
Une version rédigée par l’amiral Saunders et l’autre par le Brigadier général Townshend
Les deux actes furent expédiés à William Pitt le même jour le 20 septembre 1759 (Voir l’annexe)
1- Version de Townshend (Extrait du document en annexe)
Articles de capitulation demandées par Mr de Ramsay. Commandant des Hautes et Basses Villes de Québec ,....: La Capitulation demandée de l’autre part a été accordée ......
par son Excellence General Townshend, Brigadier des Armes de Sa Majesté »Britannique en Amérique.......

2-Version Amiral Saunders
On reprend les mêmes textes:
La Capitulation demandée de l’autre part, a été accordée par
son Excellence l’Amiral Saunders, et de son Excellence le Général Townshend,.. de la manière et conditions exprimées ci-dessous....
Dans ce rapport du 20 septembre 1759 et destiné à William Pitt, l’amiral Saunders mentionne que Montcalm aurait écrit à Townshend une lettre dans laquelle Montcalm se déclarait forcé de capituler et de plus que la mort de ce dernier avait interrompu les négociations en vue de conclure la paix. (voir le document en annexe )

Faut-il rappeler que Townshend est entré en fonctions comme commandant des forces anglaises quelque deux jours après la mort de Montcalm, et ce après avoir «tassé» Monckton commandant en second des troupes.
En 1923, M. Aégidius Fauteux responsable des Archives Nationales accusait réception d’une liasse de documents portant sur la reddition de Québec, quelque 164 ans après les évènement du 13 7bre 1759.
Il ne pouvait toutefois expliquer la provenance de ces documents.
«l’histoire de leurs pérégrinations de 1759 à 1923, serait sans doute fort intéressante, mais pour le moment qu’il nous suffise de dire que nous les avons acquis de leur légitime propriétaire»
Cette liasse de documents contenait entre autres un Acte de Capitulation, dont une copie aurait été transmise à M de Ramezay. On a trouvé aucune trace de cet acte chez Vaudreuil ou Lévis.

Cette liasse contenait également une série de lettres pour la période du 13 septembre au 19 septembre 1759. Dans cette correspondance entre Vaudreuil et M. De Ramezay on ne relève aucunement les noms de Montcalm et de Wolfe

En outre, il y a un document se voulant le récit du Siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 1759 et dont on ne connaît pas la source et la provenance.
M. Fauteux déclare, reconnaissant la source anonyme du document
« Ci-après publié,, il n’en reste pas moins que avec son mérite intrinsèque et même anonyme, nous croyons qu’il est encore une contribution précieuse à note littérature historique.»
(Sources ANQ 1920-1923)
Le LIEN
Les Archives du Canada, le cahier de 1905
On portera attention sur les trois principaux évènements:
1- Rapport Townshend relatant l’étrange reddition de Québec
2- Rapport Saunders: La lettre de Montcalm à Townshend
3- Les variations dans les documents traités par les archives, dont deux versions de l’Acte de capitulation de Québec.
On notera , qu’il y a aucune référence à Wolfe dans les rapports de Saunders et de Townshend
http://persocite.francite.com/MERCIER/0172quecap.index.html



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1 commentaire

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    10 novembre 2009

    " Construction historique.".? Dans le contexte de l'époque je n'arrive pas à percevoir cela. .. Qu'il y ait eu au traité de Paris de 1763 une construction ou pourrait-on dire une répartition du monde, parmi les puissances assises à la table des négociations - les rois d'Espagne, du Portugal, d'Angleterre et de France - c'est un fait, puisqu'on sait bien que Louis XV a "choisi" de laisser la Nouvelle France, pour être certain de garder ses îles à sucre .. et cela au grand étonnement des Anglais, qui étaient réellement persuadés qu'il n'allait pas vouloir s'en séparer et la leur laisser .. Et cela encore plus, aprés cette triste bataille des plaines, l'occasion était vraiment trop belle pour la France de rattraper le cafouillage de cet étonnant affrontement ..
    "Bête comme un traité de paix "avait coutume de dire Pierre Lemoyne d'Iberville, mais pour une fois cela aurait pu être vraiment l'inverse !
    Mais que la bataille des plaines aient été une construction préparée de toutes pièces en Europe, cela semble néanmoins difficile .. Certes la guerre de sept ans y faisait rage et c'est d'ailleurs le traité de cette guerre qui a été déterminant pour que la Nouvelle France soit laissée aux Anglais, et non cette bataille des plaines, comme il est assez communément facile de le penser, mais aprés avoir étudié les différentes archives tant canadiennes que françaises et plus particulièrement celles de la marine, n'a-t-on pas comme un sentiment bizarre devant ce général Moncalm qui éloigne le chevalier de Lévis, dés le début du mois d'août sous le prétexte de soutenir, du côté du lac Champlain, Bourlemaque qui n'en avait nul besoin, ce qui ne le fera revenir que le 17 septembre.. bien trop tard !
    Ne peut-on se poser alors des questions? Montcalm n' aurait-il pas très bien pu jalouser Lévis au point de l'éloigner de cette façon ? Le Chevalier de Lévis n'avait-il pas, avec l'aide de Charles Langlade et de ses indiens si dynamiques, repoussé magnifiquement les Anglais aux chutes Montmorency, qui n'avaient, de ce fait, jamais pu débarquer .. Belle victoire en effet mais qui était à mettre au seul honneur de Lévis .. et non de Montcalm !
    N'y a -t-il pas aussi à considérer cette mésentente latente entre Montcalm et le Gouverneur de la Nouvelle France, Pierre Rigault de Vaudreuil, un Canadien, né sur le sol du Canada ? Rappelons-nous que Montcalm avait une très haute opinion de lui-même et des soldats venant de France, et une très mauvaise opinon des Canadiens, ces Français nés sur le sol du Canada, qui se battaient à la mode des Sauvages ... même si cela ne leur avait pas trop mal réussi jusque-là, puisqu'ils avaient toujours gagné ou presque sur les Anglais .. Quant aux alliés Amérindiens, ce que Montcalm en disait était plus que clair, il n'en pensait rien, si ce n'est "qu'il valait mieux les avoir avec soi que contre soi !"
    Que Vaudreuil ne soit pas exempt de tout reproche, c'est possible, mais Montcalm a fait des erreurs reconnues, ainsi même après sa très belle victoire du fort Ticonderoga , il avait à ce moment-là un très net avantage sur les Anglais, qui s'étaient retrouvés plongés dans l'expectative après leur pénible défaite.. Malheureusement Montcalm n'a pas voulu écouter Vaudreuil qui préconisait sur cette belle lancée, d'aller attaquer immédiatement les autres forts anglais, ce qui inquiétait terriblement ces derniers d'ailleurs, mais Montcalm prétexta les moissons qui attendaient les miliciens, le manque de nourriture, la mauvaise et trop longue route pour aller jusqu'au fort Edwards pourtant qu'à 16 milles de là, afin de revenir au plus tôt à Québec .. Cela on s'en doute a fortement soulagé les Anglais, ils avaient malgré tout été un peu secoués par la perte de Ticonderoga !
    Par la suite Montcalm n'a pas voulu appliquer le plan de Vaudreuil qui préconisait de ne pas laisser les Anglais s'approcher, qu'il fallait les combattre avant même que l'armée de Amherst s'approche de Montréal, et de la même façon les combattre avant qu'ils débarquent de leurs navires qui étaient en face Québec, comme l'avait fait Frontenac en 1690 .. qui, lorsqu'ils avaient tenté un débarquement à Beauport ont du piétiner dans la vase avant de pouvoir remonter en toute hâte sur leurs bateaux, de même la tentative du côté de Lévis, n'avait pas été plus fructueuse non plus car les miliciens étaient là.. et William Phips n'avait donc pas pu non plus y poser le pied ! Montcalm préféra une position défensive à l'intérieur de la ville de Québec, il fit même évacuer tous les forts sur la route d'Amherst ce qui aida certainement ce dernier à avancer en ne trouvant aucune résistance .
    Au moment où Wolf atteint les plaines et y installe ses hommes, Montcalm avait alors toute latitude et l'entière responsabilité des opérations militaires, Vaudreuil se trouvait vers le rivière Jacques Cartier à certainement plusieurs heures de cheval de Québec..
    Wolf était bousculé par l'amiral Saunders, qui avait fixé à la fin septembre, au plus tard, le départ des navires anglais, craignant plus que tout le moment où le fleuve se couvrirait de glaces,redoutant alors ce qui pourrait se passer avec les miliciens canadiens qui les attaqueraient.. Wolf devait tenter le tout pour le tout, au plus vite.
    Une question reste posée, pourquoi Montcalm a-t-il décidé de commencer la bataille alors que le gros de ses troupes était ailleurs? Rien ne le pressait d'engager le combat, il pouvait largement attendre ses renforts.. La raison donnée jusqu'ici est qu'il aurait vu l'armée ennemie s'installer prendre même ses aises en faisant arriver des canons, et qu'il aurait voulu l'empêcher de continuer à s'organiser .. Pourtant tous les analystes les plus pointus nous disent que les troupes de Wolf, pouvaient attendre.. même le mieux aurait été de les laisser attendre encore un peu plus, et le temps pressant,l'amiral Saunders aurait sans nul doute demandé à Wolf de remonter sur les bateaux .. Est-ce trop beau pour être vrai? Certains l'ont pensé..
    Quant à la capitulation de la ville bien des choses restent dans l'ombre.. Bien des questions demeurent depuis toutes ces années .. Pourquoi cette capitulation a-t-elle eu lieu, alors que les Français avaient encore plus de 10.000 hommes prêts à combattre? Vaudreuil pouvait alors arriver et livrer une nouvelle attaque, son armée aurait été bien supérieure à celle de Wolf... Est-ce les habitants démoralisés par ces mois de bombardements intensifs sur la ville, les mauvaises conditions dans cette ville dévastée, la famine, tout cela a -t-il joué pour influencer Ramezay ? Qui a réellement pris la décision, lui ? Chaussegros de Léry? Les Anglais avec Townshend ont-ils tout fait pour obtenir cette capitulation au plus vite, alors que le sort des armes avait été bien loin d'être décisif ? Craignaient-ils justement l'arrivée des renforts, avec Lévis et Vaudreuil ?
    Nous pourrons retourner toutes ces interrogations, imaginer des hypothèses, avancer toutes les supputations, il faut bien malheureusement se dire que quoiqu'il en soit la Nouvelle France a bien été perdue, lorsque ce triste roi a préféré les Antilles à elle .. La bataille des plaines, même gagnée aurait-elle changé quoique ce soit à ce sort-là, qui s'est joué au moment du traité de Paris en février 1763 ? Traité qui livrait la Nouvelle France à l'Angleterre mais qui, curieusement, a été entièrement rédigé en Français .