L'ensemble de la gauche portugaise, majoritaire au Parlement, a voté mardi une motion rejetant le programme du gouvernement de droite, provoquant sa démission à peine onze jours après son entrée en fonctions.
Fort d'une alliance inédite avec la gauche radicale, le Parti socialiste aspire à former le prochain gouvernement pour mettre un terme à la politique de rigueur budgétaire mise en oeuvre depuis 2011 par la coalition de droite, pourtant arrivée en tête des élections législatives du 4 octobre.
«Il est possible de tourner la page de l'austérité dans le cadre de la zone euro», a assuré à l'issue du vote le secrétaire général du Parti socialiste Antonio Costa, 54 ans, qui brigue la place de Premier ministre.
Avant le vote, M. Costa avait signé trois accords distincts avec le Bloc de gauche, proche de Syriza au pouvoir en Grèce, le Parti communiste et les Verts, qui jettent les bases de l'alliance soutenant un gouvernement du PS, mais font l'impasse sur les engagements européens.
Longtemps considéré comme l'élève modèle de la zone euro prompt à appliquer la rigueur budgétaire réclamée par Bruxelles, le Portugal est entré à nouveau dans une zone de turbulences, un an et demi après sa sortie d'un plan de sauvetage financier.
Au sein de l'hémicycle aussi, le climat était tendu. « Si la confiance des investisseurs se brise, la menace d'une banqueroute redevient réelle», a lancé la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque, agitant le spectre d'un retour de la troïka des créanciers en cas d'arrivée au pouvoir de la gauche.
«Le Portugal a besoin d'une autre politique», lui a rétorqué Mario Centeno, auteur du programme économique du PS, tout en réitérant qu'un éventuel gouvernement socialiste «honorera tous les engagements européens» du pays. «Un gouvernement du PS ne cherchera pas la confrontation avec l’Union européenne. Il tentera de convaincre Bruxelles de ne pas adopter une position trop dure en cas de dérapage budgétaire», a indiqué le politologue Antonio Costa Pinto.
La stabilité d'un gouvernement du PS soutenu par l'extrême gauche, s'il finit par être investi par le président conservateur Anibal Cavaco Silva, n'est toutefois pas assurée: «ce sera un exécutif faible, et des élections anticipées se profilent en 2016», estime David Schnautz, analyste de Commerzbank.
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