LETTRE

Pour un secrétariat général de la traduction

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Les signataires de cette lettre oublient de mentionner en outre que la Constitution de 1982 garantit des droits linguistiques

Le Comité permanent des langues officielles chargé d’étudier la situation du Bureau de la traduction du gouvernement fédéral a amorcé lundi, à huis clos, la rédaction de son rapport. À titre de contribuables conscients de l’importance de la traduction au pays, nous nous permettons d’adresser la suggestion suivante à ses membres.

En l’absence d’un secrétariat d’État (qui chapeautait autrefois le Bureau de la traduction et coordonnait l’ensemble de ses services dans l’appareil fédéral), il y a lieu, nous semble-t-il, de créer un secrétariat général de la traduction et de le placer sous l’autorité du ministère du Patrimoine canadien, organisme chargé de l’application de la Loi sur les langues officielles. La traduction est indissociable de l’histoire du Canada et contribue à définir son identité. C’est pourquoi une politique sur les langues officielles doit être accompagnée d’une politique sur la traduction.

Convaincu de l’importance identitaire de la traduction, le premier ministre Lester B. Pearson avait même songé à créer un ministère de la Traduction dans les années soixante.

Le secrétariat général proposé coordonnerait toute la traduction au sein de l’administration fédérale. Ses services seraient obligatoires et non plus facultatifs, et ils ne seraient plus régis totalement par le principe du recouvrement des coûts. C’est la seule façon d’éliminer la surfacturation et la sous-facturation et d’assurer une qualité uniforme des traductions. Il faut donc abandonner la logique comptable qui empêche l’actuel Bureau de remplir convenablement les exigences liées à son mandat de service public, notamment en matière de terminologie. Cette logique comptable compromet aussi le respect de l’égalité des deux langues officielles au pays, où de 85 à 90 % des traductions se font vers le français.

La traduction ne devrait donc plus relever du ministère des Services publics et de l’Approvisionnement. On conviendra que la traduction et la terminologie ont plus à voir avec les langues, la diffusion des connaissances, la culture et le patrimoine qu’avec la construction des édifices fédéraux, la gestion du service de paie ou les enquêtes de sécurité industrielle.
*Cosignataires

Jean Delisle (MSRC, professeur émérite, Université d’Ottawa)

Pierre Boyer (ancien premier conseiller, Délégation générale du Québec à Paris)

Annie Brisset (MSRC, École de traduction, Université d’Ottawa)

Chantal Bouchard (Département de langue et littérature françaises, Université McGill)

Louise Brunette (Département d’études langagières, Université du Québec en Outaouais)

Carlos del Burgo (traducteur indépendant et chargé de cours de traduction)

Linda Cardinal (MSRC, École d’études politiques, Université d’Ottawa)

Pierre Cardinal (Linguiste et professeur retraité, Université du Québec en Outaouais)

Michel Doucet (Faculté de droit, Université de Moncton)

Louis Fortier (président, Association canadienne des juristes traducteurs)

Pierre Foucher (professeur de droit et directeur du CRCCF, Université d’Ottawa)

Aline Francoeur (Département de langues, linguistique et traduction, Université Laval)

Chantal Gagnon (professeur de traduction, Université de Montréal)

François Gauthier (traducteur retraité, Bureau de la traduction)

Anne Gilbert (Département de géographie, Université d’Ottawa)

Jean Grondin (MSRC, Département de philosophie, Université de Montréal)

Noëlle Guilloton (Term a., retraitée de l’Office québécois de la langue française)

André Guyon (traducteur retraité, Bureau de la traduction)

Gabriel Huard (terminologue retraité, Bureau de la traduction)

André Lapierre (MSRC, Département de linguistique, Université d’Ottawa)

François Larocque (Vice-doyen, Faculté de droit – Common law, Université d’Ottawa)

Gillian Lane-Mercier (vice-doyenne académique, Université McGill)

Charles Le Blanc (professeur, École de traduction, Université d’Ottawa)

Rémi Léger (sciences politiques, Université Simon Fraser)

Jean-Benoît Nadeau (auteur et journaliste)

Lionel Levert (ancien premier conseiller législatif du Canada)

René Morin (traducteur indépendant)

Alain Otis (École de traduction, Université de Moncton)

Michel Prévost (Historien et archiviste, Université d’Ottawa)

Jean Quirion (École de traduction, Université d’Ottawa)

François Rocher (École d’études politiques, Université d’Ottawa)

Normand Rousseau (réviseur scientifique retraité, Agriculture Canada)

André Senécal (traducteur retraité, Bureau de la traduction)

Pierre St-Laurent (président et avocat traducteur, PSL Legal Translation Inc.)

Judith Woodsworth (Département d’études françaises, Université Concordia et ancienne rectrice des Universités Laurentienne et Concordia)


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