Procès Lacerte-Rosenberg-Werzberger - Les trois hassidim sont déboutés

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Qui harcèle qui ?

La Cour supérieure a rejeté la poursuite de 375 000 $ intentée par trois membres influents de la communauté hassidique de Montréal contre le citoyen d’Outremont et blogueur Pierre Lacerte qu’ils accusaient d’avoir propagé des propos diffamatoires à leur sujet et de les avoir harcelés.
Dans une décision rendue mercredi, la juge Claude Dallaire conclut que les propos tenus par Pierre Lacerte sur son blogue ne constituent pas du harcèlement ou de la diffamation et que Michael Rosenberg, président de Rosdev Construction, son fils Martin et Alex Werzberger, qui dirige une coalition d’organismes hassidiques d’Outremont, n’ont pas réussi à démontrer qu’ils avaient subi une atteinte à leur réputation ou des dommages concrets.
Voisin d’une synagogue de la rue Hutchison, Pierre Lacerte documente depuis dix ans les infractions de stationnement commises par MM Rosenberg et M. Werzberger afin d’alimenter le blogue qu’il a créé en 2007. Au fil des années, M. Lacerte s’est aussi intéressé à d’autres infractions présumées, dont des travaux effectués sans permis à la synagogue située en face de chez lui.
Excédés par le comportement de M. Lacerte, les trois hassidim ont déposé une poursuite devant la Cour supérieure en réclamant une indemnité et le retrait de 95 textes du blogue de M. Lacerte. La cause, plaidée par l'avocat Julius Grey, a été entendue en janvier dernier.
Le stationnement en double
La juge s’est notamment penchée sur près d’une centaine de chroniques publiées par M. Lacerte sur son blogue — qui en comptait 314 — et a entendu les témoignages des belligérants. Elle devait déterminer si les propos, caricatures et photomontages diffusés par M. Lacerte sur son blogue portaient atteinte aux droits fondamentaux des demandeurs et à leur vie privée, et si le défendeur avait commis une faute en agissant ainsi.
Dans son jugement de 108 pages, la juge Dallaire s’attarde aux infractions de stationnement commises par les Rosenberg devant la synagogue de la rue Hutchison. Mais elle rejette les allégations des hassidim selon lesquelles les propos de M. Lacerte à ce sujet sont fausses : « Malheureusement pour eux, les Rosenberg ont été photographiés à plusieurs reprises et durant de longues périodes stationnés tel que le décrit le défendeur », indique-t-elle.
Elle souligne d’ailleurs que lors de son témoignage, Martin Rosenberg a reconnu avoir reçu plusieurs contraventions. Il a même précisé que, selon lui, stationner en double file n’était pas illégal si l’automobiliste payait sa contravention. « La fausseté se situe davantage lorsque le demandeur Rosenberg affirme qu’il respecte la loi en payant ses contraventions », souligne la juge.
Comme M. Lacerte voulait dénoncer ce qu’il considérait comme du laxisme de la part des autorités concernant l’application de la règlementation sur le stationnement, « le défendeur avait un intérêt légitime à s’exprimer tel qu’il l’a fait sur les habitudes de stationnement des Rosenberg », estime la juge Dallaire.
Au sujet des autobus utilisés par la communauté hassidique et dont M. Lacerte fait régulièrement mention dans son blogue, la juge rappelle que lors de son témoignage, M. Werzberger a lui-même admis que ces autobus n’étaient pas autorisés à circuler dans les rues résidentielles d’Outremont sans permis. Selon elle, ce sujet était d’intérêt.
Des personnages publics
Les trois hassidim avaient accusé M. Lacerte de s’acharner sur eux en prenant des photos et en tournant en ridicule les juifs hassidiques, mais selon la juge, « la preuve ne révèle aucune discrimination ni harcèlement fondé sur des motifs raciaux ou discriminatoires ».
La juge a également rejeté les arguments des demandeurs qui accusaient M. Lacerte de porter atteinte à leur vie privée. Actifs dans leur communauté, Michael Rosenberg — qui siégeait à un comité de la Ville — et Alex Werzberger — qui agissait comme porte-parole de la communauté hassidiques auprès des médias — sont des personnages publics « qui ne sont pas à l’abri de commentaires, remarques, ironie, humour et figures de style qui sont en l’espèce protégés par la libertéé́ d’expression », note la juge.
Finalement, les demandeurs n’ont pas été en mesure de présenter des preuves quant aux dommages ou le stress qu’ils ont subis, conclut la juge qui rejette donc la requête des trois hassidim.
Elle rejette aussi celle de M. Lacerte qui réclamait 725 000 $ des trois hommes, alléguant qu’il faisait l’objet d’une poursuite-bâillon destinée à le faire taire. « Il ne fait aucun doute que par le dépôt de leur recours, les demandeurs souhaitaient en partie bâ̂illonner le défendeur », indique la juge tout en décrétant que leur requête ne pouvait être qualifiée d’abusive.


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