Incursion au cœur d’un véritable «club social» de pédophiles

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Les militants en faveur de la décriminalisation de la pédophilie sont décomplexés

Pendant neuf mois, en 2015, un agent d’infiltration de la Sûreté du Québec s’est glissé dans la peau d’un pédophile pour infiltrer un groupe d’hommes qui partageaient leurs trucs pour se rapprocher discrètement d’enfants. Au fil de 15 rencontres, le policier a découvert que les membres de ce « club social » de pédophiles n’écartaient rien pour assouvir leurs besoins et faire la promotion de « leur cause ». Ils ont notamment évoqué l’adoption de petits réfugiés syriens ou encore le kidnapping de la femme d’un ministre pour faire valoir les « droits » des pédophiles.


Lors de son interrogatoire policier, André Faivre avait ouvertement parlé de son attirance envers les garçons, allant même jusqu’à avouer des rencontres organisées avec des mineurs. Il a également été question de tout le matériel informatique, dont des serveurs, qu’il conservait à son domicile de Montréal.


Le témoignage que l’agent infiltré a livré récemment en cour a permis de jeter un éclairage troublant sur les secrets et manœuvres de ces pédophiles, dont près d’une vingtaine ont été arrêtés. La tête dirigeante, André Faivre, vient de terminer son procès et devrait bientôt connaître le verdict.


L’appât facile de l’agent AI903


Pour infiltrer ce « club social » de pédophiles et récolter des preuves, l’agent de la SQ s’est créé un personnage : un jeune adulte né sur une ferme et à l’orientation sexuelle « peu conventionnelle ». Attiré par son jeune voisin, il contacte le responsable du groupe, André Faivre, après avoir lu certains de ses textes en ligne.


« Je lui évoque que ses textes me rejoignent beaucoup, que c’est une personne qui pourrait me donner une forme d’aide, explique l’agent à la cour. Il commence par me demander de quel type d’aide j’aurais besoin. Il se montre toujours écoutant. »


Après une première rencontre dans un café, l’agent, dont le nom de code est AI903, est vite admis au sein du groupe.


L’arme de la manipulation


Lors de la perquisition chez André Faivre, les policiers ont trouvé dans des cartons de nombreux dessins faits par des enfants et vraisemblablement destinés à André.


Pour les pédophiles, la manipulation des enfants est une arme de prédilection, a constaté l’agent d’infiltration au fil des rencontres.


« Il faut manipuler sur les affaires qui font ton affaire », expliquait André Faivre, le chef du groupe.


Le but : amener les enfants à faire « le premier pas », leur faire croire qu’ils ont le choix.


Un membre du groupe a expliqué à l’agent qu’en tant que moniteur scout, il a réussi à faire mettre des enfants nus pour un « rituel indien ».


Et quand une monitrice a trouvé son comportement louche, le groupe envisageait de faire une fausse plainte de contact sexuel contre elle pour l’écarter.


Le groupe semblait également obsédé par la création d’une compagnie organisant des jeux dans la nature avec des enfants. Créer un foyer d’accueil est une idée qui revient aussi ponctuellement.


« À 12 ou 13 ans, c’est le meilleur âge, aurait dit un membre du groupe à l’agent. Il explique qu’à cet âge, ils veulent encore avoir de l’affection, mais, d’un autre côté, ils sont aussi plus aventureux, comme des jeunes adolescents. »


Les défavorisés ciblés


Tous les moyens sont bons pour se rapprocher d’enfants, aurait expliqué Faivre à l’agent au fil des rencontres.


« T’aimes la cuisine ? Alors, sors ton barbecue dehors, aurait dit Faivre. Un enfant qui va venir, puis qui va dire que ça a l’air bon, tu lui réponds : “bien, parfait, tourne la boulette, puis je vais t’en donner”. »


Quand ils ne sont pas en train de photographier discrètement des enfants qui jouent à l’extérieur, les pédophiles peuvent aussi attirer les enfants en jouant de la guitare dehors, ou simplement en exhibant leur moto.


Et pour faciliter la tâche, il faut cibler les quartiers défavorisés, aurait affirmé Faivre.


« Il mentionne que dans certains quartiers, les jeunes ont trop de choses à faire, explique l’agent. Il me parlait de semer dans les champs et d’attendre le bon moment venu pour la récolte », dit le policier infiltré.


Jouer les gais



PHOTO COURTOISIE DE LA COUR


La grande majorité des rencontres avec l’agent d’infiltration se sont déroulées au domicile d’André Faivre, à Montréal, où il hébergeait ses propres serveurs de messagerie pour pédophiles.


Lors des réunions, André Faivre se dresse en mentor qui rassure et donne de nombreux conseils pour ne pas se faire attraper.


« Si c’est bien fait, tu n’auras pas de problèmes avec la police », aurait soutenu Faivre.


En plus de s’occuper de l’enfant, un pédophile doit aussi donner de l’attention aux parents afin de ne pas éveiller de soupçons, disait-il.


Comme ça, si l’enfant se fait questionner à propos de l’adulte qui le colle, il répondra « c’est l’ami de ma mère ». Il faut aussi faire attention de ne pas rendre jaloux l’enfant, de risque qu’il finisse par dénoncer.


« Il est toujours en train de me préparer à répondre à des questions », explique l’agent d’infiltration.


Travailler avec des jeunes permet aussi de justifier sa présence auprès d’enfants. Ainsi, Faivre aurait expliqué qu’être moniteur scout, entraîneur ou Grand Frère offre une couverture idéale qui permet en plus d’être à proximité d’enfants.


Faivre, qui aurait dit avoir eu des contacts avec plus de 5000 jeunes dans sa vie, affirme que si un pédophile risque de se faire attraper, il peut toujours jouer la carte de l’homosexualité pour justifier son comportement.


Ainsi, un autre membre du « club social » lui demande de rejoindre son mouvement scout afin qu’ils se fassent passer pour des conjoints.


« L’organisation scoute n’osera pas s’en prendre à des gais », affirme cet autre membre lors d’une rencontre chez André Faivre.


Ce sont des victimes...


Au fil des rencontres, l’agent d’infiltration réalise que les pédophiles allégués se voient comme des victimes.


[...], un des accusés qui s’en est finalement sorti avec un interdit de contact, se serait plaint que la société a une mauvaise opinion des boy lovers (pédophiles aimant les garçons).


« Il évoque même qu’il y a des lois pour protéger les animaux, mais qu’il n’y a pas de loi pour protéger les boy lovers », explique l’agent.


C’est à ce moment que [...] aurait évoqué la possibilité d’enlever la femme d’un ministre pour faire changer les lois. Car selon eux, il n’y a aucun mal à être pédophile puisqu’il s’agit seulement d’une orientation sexuelle.


« Il évoque qu’il avait eu l’idée d’aller s’adresser au Droit de la personne, relate l’agent, car la Charte des droits et libertés, bien, elle protège la liberté d’orientation. »


Une radio pédo


Le logement d’André Faivre était un véritable fouillis lorsque l’agent d’infiltration s’y rendait. Avec la quantité de matériel informatique qui roulait sur place, il faisait très chaud, si bien qu’il fallait un air conditionné pour refroidir les pièces. C’est dans ce logement que le policier qui se faisait passer pour un pédophile a réussi à obtenir de nombreuses confidences du groupe.


André Faivre avait une obsession pour la sécurité informatique, selon l’agent d’infiltration. À presque chaque rencontre dans son appartement bourré de serveurs et d’ordinateurs, il en était toujours question.


C’est d’ailleurs lui qui installe de nombreux programmes sur l’ordinateur portable de l’agent d’infiltration afin de ne pas laisser de traces lorsqu’il va sur des sites « pas catholiques ».


Le domicile d’André Faivre hébergeait le serveur d’une messagerie cryptée nommée Webbleu, où des pédophiles pouvaient échanger entre eux.


Faivre a d’ailleurs des idées de grandeur. En plus de son service de messagerie privée et cryptée dont les serveurs sont installés chez lui pour mieux les contrôler et ainsi éviter qu’un tiers puisse y avoir accès, il veut mettre en ligne une boutique vendant des articles pour pédophiles. Il pense aussi à créer une radio web.


Ne pas aller trop vite


Lorsqu’il tente de rencontrer d’autres pédophiles, l’agent d’infiltration est prévenu de prendre son temps. En allant trop vite, se fait-il dire, les gens pourraient croire qu’il est policier.


« Encore pire, on attirerait l’attention des journalistes », aurait dit Faivre.


C’est pour cela que l’agent s’est monté tout un scénario avec son jeune voisin imaginaire du nom de Thomas.


En suivant les conseils de Faivre, l’agent dit avoir réussi à se rapprocher du garçon et de sa mère. Il est question d’amener le petit à la ferme de ses parents.


« [Faivre] est fier quand j’utilise ses conseils », dit l’agent d’infiltration.