Producteurs de lingots ou de dettes ?

Entente Québec - Alcoa


J'aimerais compléter ici les bribes d'information données par madame Gagnon dans son éditorial du 5 mars sur l'entente conclue entre la géante de l'aluminium Alcoa et notre gouvernement.

Quand on examine la réalité de près, il faudrait plutôt parler d'un autre marché de dupes conclu par des dirigeants incompétents et incapables.
En effet, même si le contrat a été gardé secret dans ses détails les plus croustillants, on en sait déjà assez pour se faire une idée.
D'abord, Québec ajoutera 228 millions de dollars à sa propre dette à long terme et fera payer les intérêts par tous les Québécois pendant 30 ans.
Si ces 228 millions étaient allés au Fonds des générations au lieu d'être prêtés à Alcoa, ils vaudraient 1,7 milliard dans 30 ans. Voilà donc un premier cadeau de 1,5 milliard.
Plus coûteux encore, il y a l'électricité. Alors que les centrales qui entreront en opération à partir de 2010 produiront de l'électricité à 0,10 $ le kWh, Québec s'engage à livrer cette même électricité à Alcoa à moins de 0,4 $ le kWh. Qui paiera la différence ? Les Hydro-Québécois.
L'an dernier, deux économistes réputés de l'Université Laval, MM. Bélanger et Bernard, avaient évalué à quelque 336 000 $ par emploi, par année, pendant 30 ans, le coût de l'aide consentie à Alcan, au Saguenay.
L'entente de cette semaine est de la même eau, et ne contient aucun engagement à transformer sur place les (millions) tonnes d'aluminium produites.
On a longtemps reproché au premier ministre Duplessis d'avoir littéralement donné le fer de la Côte-Nord aux grandes multinationales. L'entente que vient de conclure le gouvernement Charest avec Alcoa est encore pire.
C'est comme si en plus de donner le minerai, nous devions aussi payer pour construire la mine, les voies ferrées et les installations portuaires, et ensuite assumer la moitié des coûts d'exploitation de toutes ces installations. C'est-à-dire une situation coloniale en pire !
À la fin de 2006, à peu près la même chose s'est passée avec Alcan à qui notre gouvernement à Québec a consenti un prêt sans intérêt de 400 millions de dollars pendant 30 ans une somme qui s'ajoute aussi à la dette publique.
À cela s'ajoute une aide fiscale de 110 millions à laquelle se greffent des crédits d'impôt de recherche et développement dont le montant est inconnu.
De plus, on prolonge jusqu'en 2058 le bail qui autorise Alcan à produire elle-même de l'électricité sur la rivière Péribonka.
Québec a aussi accepté de rouvrir un autre contrat pour prolonger une entente qui force Hydro-Québec à fournir un bloc de 348 MW de puissance jusqu'en 2045 au tarif de grande puissance indexé selon une formule qui place Alcan à l'abri d'éventuels chocs tarifaires.
Sans compter que ces grandes compagnies étrangères ne paient pratiquement pas d'impôt comme une étude approfondie vient de le démontrer.
Plus colonisé que ça, tu meurs... Pendant ce temps, le gouvernement de l'Alberta engrange des milliards parce qu'il sait conclure les partenariats qui s'imposent et prélever des redevances sur les ressources de son sous-sol.
Quand aurons-nous des dirigeants compétents qui concluront des partenariats profitables au lieu de faire des cadeaux aux riches étrangers, des dirigeants qui encourageront les Québécois à prendre le contrôle de leurs affaires afin qu'on puisse se payer des services de qualité ?
Jean-Luc Dion

Trois-Rivières


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