C’est pendant les années de service militaire passées au Ghana qu’un collègue du Canada anglais m’avait prêté un livre sur les Protocoles des Sages de Sion.
Il s’agit d’un ouvrage de mystification au sujet d’un plan imaginaire juif et franc-maçon de conquête du monde et dont les Nazis se seraient servis pour justifier leurs tentatives de détruire les Juifs partout en Europe, sinon dans le monde.
En réalité, ce ne sont pas les Nazis qui l’ont inventé mais des Russes du début du 20e siècle, afin d’influencer le Tsar Nicolas Deux contre les Juifs. Le Tsar n’en aurait pas tenu compte, afin de ne pas perdre le peu de crédibilité qui lui restait.
Néanmoins, les auteurs cherchaient à exploiter de nouvelles formes de propagande aptes à réussir chez des populations peu ou mal instruites et par conséquent faciles à mystifier.
Des exposés détaillés sur l’histoire de ce document paraissent partout sur la Toile, y compris en russe. Il suffit de taper Protocoles des Sages de Sion et se donner la peine de les lire.
Tout texte de mystification est en partant destiné au théâtre et au cinéma, ne serait que pour satisfaire nos besoins de mythes. Et comme il y a encore beaucoup de demi-lettrés et de demi-instruits dans le monde, alors les mystifications se maintiennent et se transmettent.
Plus le niveau d’instruction et de jugement critique augmentera, plus les nouveaux romans, le nouveau théâtre et le cinéma devront présenter des histoires vécues aussi proches de la réalité que techniquement possible.
Tant qu’il y aura des illettrés, des analphabètes et des demi-instruits, il y en aura qui croiront aux Protocoles des Sages de Sion et chercheront a agir en conséquence.
Si les Juifs font peur, c’est parce qu’ils sont plus instruits que la moyenne des peuples mais ils ne sont pas plus instruits que l’authentique élite dotée de jugement critique et qu’on retrouve presque partout dans le monde actuel.
Il faut noter en partant que le savoir des rabbins est impressionnant et dépasse souvent les connaissances acquises par les religieux des autres religions, y compris ma religion catholique. Pour un rabbin en effet, ne pas étudier chaque jour de sa vie, toute sa vie jusqu'à l’âge canonique, est un péché contre l’Esprit. C’est se penser supérieurement intelligent que de refuser d’étudier. Au contraire, l’étude soutenue est une preuve d’humilité.
L’ignorance est un grand mal et demeurer demi-instruit encore pire parce qu’on s’expose a toutes les manipulations. Il n’y a peut-être rien de pire que s’instruire dans un seul livre, fût-il la Torah, la Bible et le Coran. Toutes les connaissances les plus profanes sont nécessaires pour aborder ces textes avec un jugement critique éclairé. Car ces textes ont été rédigés dans un contexte qui n’existe plus.
J’ai demandé aux prêtres catholiques pourquoi notre Sainte Église n’a pas décrété que le refus d’étudier est un péché grave contre l’Esprit, autrement plus grave que le péché sexuel qui semble obséder tellement de monde? Un prêtre m’a répondu que beaucoup de prêtres ordonnés cessent d’étudier après leur ordination. Et pourtant, s’il existe un temps à partir duquel il faut étudier plus que jamais, c’est bien après la graduation et les diplômes obtenus.
Et les gens ordinaires? N’avons-nous pas le devoir d’étudier toute notre vie afin de pouvoir instruire les autres et nous protéger et les protéger contre les mythes et autres faussetés transmises par les média de masse qui nous manipulent. Il n’y a aucun moyen de s’en tirer autrement.
La capacité du cerveau humain d’accumuler des connaissances est telle que même si nous parvenions à acquérir tout le savoir du monde, ce qui sera toujours impossible, ce savoir ne remplira pas même un coin dans le cerveau.
Cessons de nous laisser mystifier à propos des Juifs et chercher à en faire les boucs émissaires de tout ce qui va mal dans le monde. C’est aussi ridicule que se laisser mystifier par la franc-maçonnerie et les conférences Bilderberg, qui ne peuvent agir autrement que par des appréciations rigoureuses des contextes et des situations qui se présentent. C’est ce qui compte.
Il est temps de commencer d’étudier à fond les travaux de René Girard sur le mimétisme du désir et l’univers du sacrificiel. Lui passe 80 ans et étudie toujours.
JRMS