Oui, il faut un mât!

Oui, il faut un mât. Je pense que je l’ai trouvé. Il se nomme espoir retrouvé. Il parle la langue du silence et de l’intériorité, la quête d’une parole où chantent l’harmonie et la fraternité.

Tribune libre 2011

Les Québécois ont un drapeau, mais ils n’ont pas de mât pour monter leur
emblème et le faire flotter. Il leur faudrait bien un mât pour faire
claquer leur drapeau blanc et bleu dans leur ciel ensoleillé, leur nuit
étoilée. Il leur faudrait un mât, mais personne ne veut prendre le risque
de le planter. De l’organiser, de le nommer, de lui donner des allures de
liberté.
Un drapeau sans mât, c’est comme un bateau à quai. Un drapeau sans mât,
c’est comme un vêtement remisé. Un drapeau sans mât, c’est comme une
boussole inutilisée.
Il faudrait bien un mât aux Québécois. Mais quel mât? Un mât de merisier ou
de bouleau blanc? Un mât d’érable argenté ou d’épinette écorcée? Un mât
pris de nos forêts pillées ou un mât venu d’un rang esseulé, où sapins et
épinettes chantent en toute liberté? Un mât d’arbre feuillu ou d’arbre
résineux? Un mât de fer vendu à prix de rabais aux étrangers ou un mât fait
de bauxite transformée en aluminium exporté ?
Oui, il faut un mât. Un mât qui pointe là-haut, tellement haut, que tous
les regards prennent le goût de le regarder. De le trouver bien juste où il
est planté. Avec le goût d’y tourner son regard, de trouver normal de s’y
attacher, de s’y enrouler, comme un vêtement qui sert à réchauffer, à
emmitoufler, à souder tous ceux qui ont pris la peine de l’aimer, de
l’admirer, de le scruter, de reconnaître sa mission, celle qui fait tourner
les pages d’histoire, qui la fait s’accomplir, qui la fait se réaliser.
Mais peu importe ce qu’on peut dire et ce qu’on peut faire avec cette pièce
au symbolisme marqué, il faudrait bien un mât au drapeau fleurdelisé. Un
mât pour porter la croix blanche de nos aînés et la langue bleue de nos
ancêtres oubliés.
Il faudrait un mât pour rassembler. Un mât pour regrouper. Un mât pour
cimenter. Un mât pour se dire qu’on peut s’aimer, qu’on peut cesser de se
juger, qu’on peut cesser de se défaire, de se briser, de se culpabiliser,
de dire du mal de l’autre qu’on ne peut pas vérifier. Un mât pour attacher
au lieu de couper; un mat pour ranimer au lieu d’éteindre; un mât pour
arrimer au lieu de briser les amarres accrochées.
Oui, il faut un mât. Je pense que je l’ai trouvé. Il se nomme espoir
retrouvé. Il parle la langue du silence et de l’intériorité, la quête d’une
parole où chantent l’harmonie et la fraternité. Il a les yeux du cœur, le
penchant pour du donné, de la joie qui atteint les matelots en quête du
havre recherché.
Il faut un mât. Je pense qu’il est là. Tout prêt. Il n’a pas encore la
plaque indiquée, de point de repère pour orienter. Il se peut bien que
chacun puisse le planter sans qu’aucun ne lui dise que c’est là que ça doit
se passer.
Je vous le dis : le mât, c’est l’histoire apprise, retrouvée, expliquée,
partagée par le poète qui a les mots pour le dire, les accents pour
expliquer, les ritournelles pour faire jaser. Il reste au poète qui a
l’histoire bien ancrée de le dire sans cesse et de ne pas cesser de le
chanter.
Il faut un poète pour délivrer. Le Québec a le sien, attablé à la sagesse
des âges et au temps longuement mesuré. Il ne lui reste qu’à l’écouter. Et
faire monter le drapeau que l’histoire lui a donné.
Nestor Turcotte - Matane
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6 commentaires

  • Nestor Turcotte Répondre

    2 novembre 2011

    Comme on ne peut pas tout dire dans un texte, je me permets une précision.
    J'ai toujours admiré René Lévesque. Ils nous faisaient vibrer lorsqu'il parlait. Ce n'est plus le cas de nos politiciens drabes qui aspirent à nous gouverner ou qui essaient de le faire.
    Pour le reste, j'ai toujours été en désaccord avec la position constitutionnelle de Lévesque. J'ai déjà mentionné ailleurs pourquoi. Il croyait à une CONFÉDÉRATION canadienne et non à l'indépendance nationale.
    Parlant de l'indépendance nationale, Marois a osé prononcer ces mots, hier, 1 novembre, devant la statue de René Lévesque. Ce dernier a sans doute bien ri dans son bronze novembre.
    NT

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2011

    On a un maudit problème.
    On a un drapeau et pas de de mât.
    Pire encore, ceux qui se réclament du drapeau voudraient être, une fois le mât planté, celui ou celle qui va le hisser.
    L'humilité, c'est rare. Quelques cas dans l'histoire.
    J'ai déjà écrit que je souhaitais un Vaclav Havel pour la révolution bleue. Qui installe le mât, hisse le drapeau et disparaisse.
    Chacun travaille à inscrire son nom sur la pierre fondatrice. René Lévesque avait cette humilité que je cherche toujours.
    La retrouvera-t-on, éventuellement, dans une personne que je ne vois pas encore dans notre paysage politique !
    NT

  • Micheline Dubois Répondre

    2 novembre 2011

    Je me souviens d'un temps ou les gens revendiquaient leur Pays , y croyaient. Et savez-vous ce qui les guidait? Les artistes qui n'avaient pas peur de parler , de s'afficher , de dénoncer et de croire que c'était possible. Que ce soit avec P. Marois ou n'importe quel politicien(ne) il sera difficille d'avoir notre Liberté si le peuple ne se réveille pas et les meilleurs messagers du peuple sont les artistes. Qu'ils chantent , racontent, jouent ou fassent de l'humour , ils sont un des principaux moteurs dans les décisions et sont des représentants du peuple mieux placés que bien des politiciens . Il y a encore des Grands qui continuent de le dire tout haut et d'en parler de notre Pays. Je leur dit merci de continuer d'alimenter un si grand espoir.
    Micheline Dubois

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2011

    Le Parti Indépendantiste, qui n’a pas de politiciens magouilleurs, est le seul Parti qui peut amener les Québécois à enfin voir érigé le mât de leur drapeau, y flottant haut et fier.
    [Réjean Pelletier]

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2011

    Voyez comment ils ont perverti l'idée même de l'indépendance du Québec tous ces manipulateurs de peuples, eux qui contrôlent aujourd'hui la politique et les politiciens en NOTRE sol national, le Québec.
    Ils ont perverti les notions d'Indépendance, de Nation, de Pays et de Souveraineté. Pour parvenir à leurs fins financières, ils Nous ont imposé une immigration anglophile dont Nous n'avons pas besoin, pour ensuite Nous dire que Nous sommes xénophobes et de droite si Nous Nous y opposont. Alors que Nous ne faisons qu'afficher notre opposition à notre propre ethnocide planifié qu'on Nous impose et qui, en conséquence, s'apparente à un génocide.
    Mais dans les faits, ce sont des financiers qui ont appauvri le peuple québécois, pas les nationalistes dont je suis, Nous qui, bien au contraire, ne voulons que la prospérité et l'émancipation des québécois dans le respect de NOTRE culture, pas dans le chaos et l'irrespect total actuel.
    Québécois, un autre mot perverti par ces magouilleurs de la politique. Nous savons très bien que l'Indépendance du Québec est réclamée par Nous les canadiens-Français, qui Nous sommes Nous-même qualifié de Québécois avant que n'arrive l'immigration massive imposée, comme on Nous a imposé le fédéralisme des «canadians».
    Oui, nos artistes et nos poètes nationaux doivent à présent Nous le rappeler plus que jamais. Nous rappeler notre Histoire, notre langue française et notre but commun. Ils doivent s'imposer dans ce nouveau Québec envahi par l'anglais, cette langue de colonisés et de soumis. Nous du peuple devons aussi forcer les médias à les publier et à les faire entendre, car déjà le cota minimal de chansons francophones exigé est bafoué au profit de l'anglais.
    Le mât que Nous devons ériger, ne le sera certes pas par les politiciens magouilleurs à la langue de bois, mais bien par de courageux nationalistes qui vont défier l'autorité.
    Sinon,
    Qui a intérêt à faire du Québec un Pays?
    À qui et à quoi sert notre drapeau bleu et blanc?
    Je conserve cet Espoir de le voir s'ériger avant qu'il ne soit trop tard.
    [Réjean Pelletier]

  • Christian Montmarquette Répondre

    1 novembre 2011

    «Il faudrait un mât pour rassembler. Un mât pour regrouper. Un mât pour cimenter. Un mât pour se dire qu’on peut s’aimer..» - Nestor Turcotte
    Bien si nous avons besoin d'un mât pour nous regrouper, nous rassembler, ne pas nous juger et pour nous aimer...
    Je ne vois pas comment se mât pourrait s'ériger sans d'abord éradiquer la pauvreté et l'exclusion sociale.
    Si les souveraineux recherchent véritablement l'unité de leurs forces, ils devraient commencer par se rentrer ça dans la tête et mettre ça dans leurs programmes pour commencer à concevoir ce qu'est une véritable république.
    Parce que jusqu'ici....
    Sans l'apport crucial de Québec Solidaire...
    Le mât en question ressemble plutôt à un poteau de téléphone déconnecté.
    Cette critique ne s'adresse évidemment pas à vous Monsieur Turcotte, qui semblez être de toutes évidences un homme de cœur. Mais, à tous ces nationaleux de droite qui n'ont aucune considération pour les plus déshérités du Québec, et qui plus souvent qu'autrement, cultivent même leur mépris.
    «On ne bâti pas un pays en laissant ses plus pauvres crever sur le bord de la route, en prétextant que ça pourrait nuire à la cause, et qu'il s'agit de la couleur de la casquette du capitaine.» - CM
    Christian Montmarquette
    Québec Solidaire
    Montréal
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