Quand la bullshit a un prix…

On peut maintenant chiffrer la bullshit avec précision: 300,000$

Tribune libre

J’ai encore les muscles de la bouche qui me font mal tellement j’ai ri depuis trois jours. Depuis que j’ai entendu la nouvelle selon laquelle l’auto-proclamé gourou du marketing inconscient Clotaire Rapaille a rendu un diagnostic aux résidents de la Ville de Québec en les qualifiant de sado-masos et autres noms d’oiseaux aussi savoureux qu’insignifiants. Au prix qu’ils vont payer pour se faire dire de telles âneries, ils vont de rendre compte qu’ils sont, en réalité, uniquement masos à enrichir un tel clown à leurs dépens!
Et là où j’en ris encore, c’est quand des journalistes ont rapporté qu’ils s’étaient prêtés, sérieusement, lors de la conférence de presse, à un exercice qu’ils avaient l’air de trouver génial et qui consistait à s’étendre sur le sol et à répondre à trois questions, entre autres: leur plus lointain souvenir de Québec, leur souvenir le plus heureux et leur souvenir le plus récent, en plus d’écrire leurs émotions sur papier (ça pouvait paraître plus sérieux et donner à une farce un air de crédibilité, à l’instar d’un astrologue donnant sa consultation…). Et Clotaire de prétendre pouvoir interpréter leur inconscient collectif!
Eh bien, pas besoin d’être psychiatre (ou même posséder un quelconque diplôme, ne serait-ce qu’en pata-psychologie) et d’extorquer 300,000$ à des gogos pour faire un tel exercice. J’ai suivi des cours à la faculté de Communication de l’UQAM, il y a de cela plusieurs années (environ 30 ans) et on y faisait EXACTEMENT LE MÊME EXERCICE!!! Lors d’un cours du style relationnel dont le titre m’échappe, on se mettait en groupe de deux, étendus sur le sol, tête près de la tête et on laissait nos souvenirs remonter pour dire à l’autre, à haute voix, notre plus lointain, notre plus heureux et notre plus malheureux souvenir et de les décrire à notre partenaire le plus précisément possible avec détails. Cet exercice avait pour but, entre autres (le prof nous l’avait dit après seulement, pour ne pas fausser les résultats), de développer notre confiance envers un étranger et ainsi ressentir un bien-être en le faisant. Les souvenirs en question étaient purement secondaires car sujets à interprétation, à déformation dû au temps écoulé et à filtrage, d’où leur peu de signification réelle pour ne pas dire quasi-nulle…
Le prof de communication n’avait évidemment aucune formation en psycho ni en psychiatrie mais était sociologue. Et elle n’a certainement pas envoyé une facture de 100,000$ à l’UQAM pour nous faire passer ce test… et c’est ce même exercice dénué de sens que Rapaille leur a fait exécuter! Pour combien de dizaines de milliers de $$$ facturés aux contribuables béats (acronyme: B.A. pour Bien Arnaquées)???
Quant aux journalistes qui commentaient la chose, ils avaient l’air de trouver cela génial! Pas un qui ne se soit posé de questions quant à la validité de la chose! Pas étonnant de la part de gens qui manquent totalement d’esprit critique et qui ne font que noircir du papier (ou du ruban DV) à rapporter sans nuances ce que les autres leur disent. À voir (et à entendre) la nullité des analyses présentes lors des bulletins de nouvelles que l’on nous présente (ce ne sont que des topos sur les chiens écrasés, et ce, c’est quand le spoooort ne fait pas la Une!), à la piètre qualité du français employé lors de leur reportages et à leur manque flagrant d’esprit critique (ce ne sont souvent que des courroies de transmissions pour les conférences de presse des «autorités»), il n’y a pas de quoi s’en étonner. À croire que nous, les pauvres téléspectateurs, sommes trop imbéciles pour comprendre et qu’il suffit de nous régurgiter les dernières larmes de Céline ou de demander son opinion au premier quidam venu (qui n’a évidemment rien vu ni rien entendu mais qui nous en parle pendant une bonne grosse minute…) pour que nous ayons la fausse impression d’être «informés»… Cela coûterait sans doute trop cher d’engager des journalistes (des vrais) ayant une culture et une formation adéquate: on leur préfère des BCBG (Beau Cul Belle Gueule, selon l’expression consacrée) qui passent bien à la TiVi, peu importe leur qualification. Le professionnalisme et un minimum d’objectivité journalistique? Cosséça??? Mais ceci est un autre débat!
Je ne peux que souhaiter aux gens de la Ville de Québec en général et à Régis «Bourre-moi-pour-trois-cent-mille» Labeaume en particulier de ne pas se réveiller trop brutalement (et même de ne pas se réveiller pantoute) quand ils recevront la facture de Clotaire scotchée à son rapport décrivant les tares que ses soi-disant analyses (un bien grand mot, dans ce cas-ci) et ses discours bidons lui auront révélé à la manière d’un Moïse descendant de sa montagne. Quant au slogan qui leur aura coûté une beurrée, je puis vous en donner un, et ce, gratis (que voilà une bonne affaire):
«Vous voulez vous enrichir? Québec! La Ville aux mille clochers et autant de gogos à plumer!!!»
P.S. Une pensée pour un grand qui nous a quitté: Jean Ferrat...


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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    14 mars 2010

    @ Michel Clermont:
    «Je ne peux que souhaiter aux gens de la Ville de Québec en général et à Régis « Bourre-moi-pour-trois-cent-mille » Labeaume en particulier de ne pas se réveiller trop brutalement (et même de ne pas se réveiller pantoute) quand ils recevront la facture de Clotaire...»
    J'habite Québec, et je peux vous assurer que les citoyens de notre ville n'ont absolument rien à voir avec cette demande de «consultation» faite à Clotaire Rapaille.
    Pour ma part, j'ignorais jusqu'à récemment d'où sortait cette espèce de bizzaroïde psychanalyste...
    Je ne comprends pas trop la démarche de ce Clotaire, de plus: il est arrivé, notamment aux États-Unis, qu'on utlise la psychanalyse pour élaborer des publicités qui seraient très efficaces, allant inconsciemment racoler l'acheteur potentiel... Avec monsieur Rapaille, on fait la démarche inverse: on tente de psychanalyser une ville entière (j'ignore ce que Sigmund Freud en dirait), alors que c'est elle qui doit se vendre, pour ainsii dire, aux yeux d'investisseurs potentiels...
    Il faut bien dire que notre actuel maire est un petit bonhomme, tout le temps en train de s'enfarger partout, qui a nous fourni plusieurs indications de sa pensée simpliste, de même que de son désir d'américaniser Québec.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 mars 2010

    Sauf pour les astrologues que vous mêlez à toutes vos observations et qui n’ont absolument rien à y voir (ça doit être une obsession, faudrait demander à Clotaire) vos remarques sur les élucubrations de ce même Clotaire sont justes. Je me demande si nous devons en rire ou en pleurer. Personnellement je ne regarde presque plus les « informations », mot pompeux pour désigner, comme le disait si justement M. Clermont, ce ramassis d’insignifiances et souvent de propagande. J’ai tout de même vu ce passage à TVA où l’on nous parlait de la séance de « thérapie » clotairienne. La première réflexion qui m’est venue à l’esprit est celle-ci : ce qu’on doit se foutre de notre gueule, les gens de Québec en particulier mais aussi tous les québécois. Je n’en reviens tout simplement pas. Ce Labeaume devrait manier la bôme de son voilier et aller naviguer ailleurs pour se faire psychanalyser. La population de Québec serait gagnante. Merci pour vos remarques M. Clermont.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2010

    Il y a un professeur à l'université Laval de Québec qui connaît très bien les théories reptiliennes de Rapaille. Pourquoi Reggy ne l'a-t-il pas engagé pour moins cher ?
    Reggy préfère les jokers -comme lui - qui rient à gorges déployées des petits vieux - comme Clotaire - qui mangent de la poutine sur la rue St-Jean.
    Questions :
    1-Reggy a-t-il les sous nécessaires pour nettoyer, avant l'été, le parc urbain de la promenande Champlain des nombreux déchets canins qui s'y trouvent sous nos pieds, avant que les goélands ne s'en chargent ?
    2- Pour concurrencer "l'internationale Monaco" et Trois-Rivières, la course de chars en circuit fermé autour de l'Assemblée nationale avec patates, hot-dog et kiosque Molson Canadian de Sammy, c'est pour quand ?
    N.B. Sammy : Jean Tremblay peut te concurrencer : comme faire un circuit fermé de courses de chars autour des rues du crucifix de la cathédrale de Saguenay, la "ville culturelle canadienne Canada 2010".