Dossier Rabaska

Québec embarrassé

Rabaska


Le gouvernement du Québec est dans l'embarras à la suite des révélations de Radio-Canada concernant les avis des ministères sur le projet de terminal méthanier Rabaska, à Lévis.
Plusieurs d'entre-eux refusent de rendre publiques les analyses sur l'impact de la construction de ce terminal.
L'ADQ, l'opposition officielle, et le Parti québécois réclament la publication de tous les avis des ministères concernés par ce projet.
La loi du silence
En octobre 2007, après avoir dézoné un vaste territoire agricole, le gouvernement du Québec a autorisé le projet Rabaska.

Pour justifier cette décision, les ministres de l'Environnement et des Ressources naturelles, Line Beauchamp et Claude Béchard, parlaient, entre autres, de l'appui de nombreux ministères.
« Dans tous les cas, aucun de ces ministères ou organismes n'a émis d'avis défavorable au projet », déclarait Mme Beauchamp. « Tous les ministères du gouvernement ont émis des avis favorables », a ajouté M. Béchard.
Tourisme-Québec n'a toutefois pas appuyé Rabaska, inquiet de l'impact visuel sur l'île d'Orléans, un arrondissement historique.
Des 10 ministères consultés, ceux de la Culture et de l'Agriculture n'ont rien dit, même si ce projet les interpelle directement.
Quatre autres ministères refusent de rendre leur avis public, même celui des Ressources naturelles de Claude Béchard.
Malgré les demandes d'accès à l'information de Radio-Canada, Santé-Québec a aussi refusé de rendre ses avis publics pour des raisons politiques et administratives. Jusqu'à l'acceptation du projet, ce ministère s'est vivement opposé à Rabaska pour, ensuite, faire volte-face.
Le ministère de la Sécurité publique a aussi refusé de parler. Pourtant, ce ministère s'inquiétait du transport de gaz naturel liquéfié sur le Saint-Laurent, au moment où Jacques Chagnon le dirigeait en 2005.
Le ministère de la Justice ne s'est pas prononcé sur le projet. Malgré des contestations juridiques potentielles, il a été écarté du processus de consultation. Quelques mois plus tard, Rabaska a été contesté devant les tribunaux.
L'opposition veut de la transparence
Selon le député adéquiste de Lévis, Christian Lévesque, qui a vigoureusement défendu le projet, ce silence des ministères est injustifiable.
« Le gouvernement libéral, actuellement, a une façon de toujours marcher sur la pointe des pieds, a toujours peur d'aller soit à gauche, soit à droite. Si on est pour aller dans une direction, n'ayons pas peur de dire pourquoi on a pris une décision. S'il y a des rapports à présenter, présentons-les, mais ayons le courage d'aller jusqu'au bout », dit-il.

En plus de la publication de tous les avis, le Parti québécois, lui, demande que tous les ministères qui se sont tus ou qui ont été écartés du processus de consultation se prononcent sur Rabaska.
Il y a, selon le député péquiste Camil Bouchard, deux cas graves de manque de transparence dans ce cas-ci, et il dit que le gouvernement Charest agit autrement.
« Bien sûr, la loi lui permet [au gouvernement] de tenir des documents confidentiels durant une période de 10 ans, mais quand on est dans un dossier comme celui de Rabaska, où c'est très controversé et que les gens sont inquiets, alors on devrait, me semble-t-il, faire état d'une très grande transparence », afirme M. Bouchard.

Yves Saint-Laurent, de la Coalition Rabat-joie, parle, lui, de mensonge.
« Je suis scandalisé de voir à quel point le gouvernement se cache derrière carrément des mensonges, auxquels on a eu droit lors de l'annonce du décret. Écoutez, ce matin, qu'on soit pour ou contre Rabaska, force est d'admettre que le gouvernement se comporte de façon scandaleuse. Il ne fait passer que les intérêts privés avant les intérêts collectifs », dit-il.
Quant à l'ancien ministre de l'Environnement du Québec, Thomas Mulcair, il juge que la position du gouvernement vise d'autres intérêts que ceux de la population.
« Si on nous dit que tout le monde a été consulté et qu'il y a eu des avis favorables, et qu'on prend la peine de le préciser comme manière de rassurer ou même de vendre un projet, et que le public apprend après que cette information n'est pas valable, là tous les doutes sont permis. Pourquoi on ne nous a pas donné cette information et pourquoi on est en train de la retenir encore? », questionne M. Mulcair.
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