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Les États généraux de la souveraineté - Québec le 6 avril 2013

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Tribune libre

Les États généraux de la souveraineté tenus à Québec le 6 avril dernier ont donné des allures de printemps au mouvement des indépendantistes du Québec.
Un printemps
Nous étions 634 venus de toutes les régions du Québec pour tracer en une journée le programme de la deuxième phase des États généraux tout orientée vers la promotion de la souveraineté par la mobilisation des forces vives du Québec. Des convaincus qui ne lâchent pas, qui ont belle parlure et impressionnante feuille de route. On ne craint plus de parler de la souveraineté à temps et à contretemps. Notre vocabulaire change. Dorénavant on parlera surtout de l’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC.
Les États généraux c’est le printemps de la souveraineté. On a mis de côté le rappel des injustices faites au Québec pour s’attaquer résolument à l’aménagement d’un Québec nation-état indépendant. Un Québec indépendant, c’est plus qu’un rêve, c’est un chantier. On ne vise plus à cueillir des « oui » pour un scrutin référendaire, on enrôle des militants de tous calibres à dessiner le visage du Québec indépendant, à tracer les avenues de son avènement, à cerner les principaux défis posés par une ère nouvelle à un Québec durable et bien à nous. Québec, non plus une province, Québec un pays, notre jardin que l’on cultive avec amour et enthousiasme.
Les chantiers
L’objectif avoué de ces assises est simple et clair. Inviter les souverainistes à la convergence de leurs visées et les mobiliser à la réalisation d’un Québec indépendant.
Trois chantiers sont ouverts et programmés :
- La préparation de la constituante qui signera la constitution du Québec indépendant;
- L’étude, des principaux dossiers politiques chauds (culture, emploi et formation de la main-d’œuvre, fiscalité, relations internationales…) en vue de mieux cerner les choix à faire et les défis à relever par un Québec indépendant.
- Un programme de mobilisation en région des pionniers de toutes sources qui voudront bien s’engager dans ces chantiers.
Les États généraux, une organisation mobile, compétente et efficace
On a fait tout ce déblayage en une seule journée. Une organisation rodée au quart de tour, un travail en atelier bien préparé, des interventions musclées et des résolutions adoptées à très forte majorité.
Chapeau bas à M. Gilbert Paquette et à ses sept commissaires et à ses dix experts d’atelier à qui l’on doit le lancement très réussi de cette deuxième phase des États généraux. Cette journée marquera sûrement une étape importante dans la marche du Québec vers son indépendance.
Les convergences
Les représentants des partis politiques souverainistes étaient de la partie : M. Jean-Martin Aussant pour Option nationale, M. André Frappier pour Québec solidaire, M. Alexandre Cloutier, ministre délégué à la gouvernance souverainiste. Ils nous ont tous répété avec détermination leur volonté de travailler ensemble à la promotion de la cause de l’indépendance du Québec.
Le même engouement a été manifesté par les représentants de la CSN, de la FTQ, de la Société St-Jean Baptiste, de Convergence nationale et de plusieurs autres groupements qui ont participé aux chantiers et à la plénière. Un fulgurant démenti à tous ceux qui ont déjà classé la souveraineté sur la voie d’extinction.
La toile sociale du Québec
Une petite sourdine cependant. C’est surtout la dimension politique qui a retenu l’attention des animateurs et des participants. Comme si un pays n’était que politique.
Pourtant un pays c’est plus que son organisation et ses visées politiques. On peut même dire que la teneur de la toile sociale du Québec, comme la matière noire des galaxies responsable à 83 % de leurs allures, sera déterminante dans l’accession à l’indépendance et dans la qualité du pays que nous nous donnerons. C’est une composante à ne pas négliger.
Quelles sont les forces et les faiblesses de cette toile? On n’a guère abordé cette question samedi dernier. Pourtant on ne peut prétendre poursuivre efficacement l’indépendance si on ne parvient pas à mobiliser autour de ce projet les divers groupes ethniques et les principales ONG qui composent le Québec.
Et il en est de même pour tous les regroupements de bénévoles d’ordre culturel, caritatif ou d’affaires qui émaillent la toile du Québec de leurs réalisations souvent apolitiques et qui font la fierté et la force du Québec. Ces forces vives il nous faut les connaître, les mobiliser à la tâche de monter le Québec, de lui façonner un visage et une allure adaptés à notre temps. Il ne suffit pas de flirter avec elles pour solliciter un oui à la ligne d’arrivée référendaire. Il nous faut harnacher ces forces, elles seront les maîtres d’oeuvre du Québec indépendant qui fera notre fierté.
Les grands dossiers politiques qui feront l’objet de sérieux débats ou qui bénéficieront de l’apport de nombreux experts risquent de ne pas dépasser le stade de vœux pieux s’ils ne sont pas supportés par un consensus et un soutien ténu et efficace de toute la société.
La loi 101, si peaufinée soit-elle, ne pourra pas opposer longtemps une grande résistance à l’assimilation anglophone si elle n’est pas épaulée par une complicité attentive des médias, des éducateurs et d’une fierté contagieuse pour notre langue.
Il en est de même de la lutte à la pauvreté. Les décrets et les lois, même votées à l’unanimité,
ne mijotent aucune soupe pour les « sous-le-seuil-de-la-pauvreté » et n’ouvrent aucune porte aux itinérants.
Connaît-on le réseau et l’impact des nombreuses organisations de bénévoles au Québec? Quelle part leur réservera-ton dans l’édification d’un Québec indépendant?
Et il en est de même pour beaucoup d’autres dossiers déterminants pour la vitalité du Québec indépendant : l’accueil aux immigrants, la réhabilitation des contrevenants jeunes et endurcis, la lutte à la collusion de tout calibre, la formation de la main-d’œuvre et de l’emploi, la réduction des effets de serre, le tissage d’une économie durable…
Les commissaires des États généraux ont l’intention de refaire la tournée des régions du Québec. Il serait bon qu’ils ajoutent à leur agenda des visites aux groupes ethniques et aux principaux organismes qui composent la toile de fond du Québec.
Un rêve qui prend forme
J’aime le Québec! Participer à l’émergence de son indépendance me fascine. C’est dans l’esprit de la corvée que je voudrais que ce défi soit relevé.
La corvée c’est plus qu’un discours pour un oui, c’est un enrôlement de pionniers. Une atmosphère de famille. Une fierté collective, un temps de célébration en lieu et place des discussions souvent stériles, des nids de chicane partisane. Un temps déterminément tourné vers l’avenir.
« I have a dream », je rêve d’un pays jeune et fort, capable d’affronter les défis des temps nouveaux, un pays où la diversité qui fait sa richesse est couplée avec un respect mutuel de toutes les Québécoises et tous les Québécois qui vivent sur le sol du Québec. Un pays où la tolérance prime sur la méfiance et l’intransigeance, un pays dynamique, renommé pour ses œuvres de paix plus que pour ses trophées de guerre.
Je suis fier d’être pionnier de ce pays en gestation. Je suis certain qu’il vaut mieux laisser en héritage à nos enfants un pays à édifier qu’une province à la providence épuisée, vouée à une inéluctable dissolution dans une mer anonyme et autre.
Le printemps c’est la fin du rêve et le jour des semailles. Riches de cet héritage, nos enfants sauront préparer une récolte dorée, une nation fière et indépendante, un Québec riche et en plein contrôle de son destin. Il nous faut déjà mettre la main à la pâte. Tous en convergence.


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2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    13 avril 2013

    Monsieur Jutras, vous concluez lyriquement : « …nos enfants sauront préparer une récolte dorée, une nation fière et indépendante, un Québec riche et en plein contrôle de son destin. Il nous faut déjà mettre la main à la pâte. Tous en convergence. »
    Envolée digne de « La Laurentie de Lionel Groulx »? Ou bien, ouverture oratoire à la Justin Trudeau? En tout cas, conclusion moins emballante que la promesse de votre exposé. Mais d’abord… on avait longtemps retenu l’anagramme ÉGIQ (États Généraux sur l’Indépendance du Québec). Gilbert Paquette, le Père de « Cap sur l’Indépendance », a-t-il dû avaler la nouvelle appellation États Généraux sur la Souveraineté, (ÉGS)?
    « Les chantiers » parlent de projets lucides et nourris de labeur militant.
    « Les convergences » : Les représentants des partis politiques souverainistes étaient de la partie : M. Jean-Martin Aussant pour Option nationale, M. André Frappier pour Québec solidaire, M. Alexandre Cloutier, ministre délégué à la gouvernance souverainiste. Ils nous ont tous répété avec détermination leur volonté de travailler ensemble à la promotion de la cause de l’indépendance du Québec. (vœu?) Vous le craignez :
    « Les grands dossiers politiques qui feront l’objet de sérieux débats ou qui bénéficieront de l’apport de nombreux experts risquent de ne pas dépasser le stade de vœux pieux s’ils ne sont pas supportés par un consensus et un soutien ténu et efficace de toute la société. »
    « La toile sociale »… Les commissaires des États généraux ont l’intention de refaire la tournée des régions du Québec. Il serait bon qu’ils ajoutent à leur agenda des visites aux groupes ethniques et aux principaux organismes qui composent la toile de fond du Québec.
    …voilà un os : les groupes ethniques, gagnés d’avance à l’unité canadienne, ne peuvent être rejoints que par le réseau de l’éducation : faire aimer notre différence, fierté de nos origines! Sinon, ils se transforment facilement en « espions » pour les racistes du West-Island. Ceci rejoint l’idée de Gilles Laporte, qui constate la nécessité de plus de discrétion dans l’élaboration du projet… loin des grands médias… anglophiles…
    « Je suis fier d’être pionnier de ce pays en gestation. Je suis certain qu’il vaut mieux laisser en héritage à nos enfants un pays à édifier … »
    …comment les États Généraux parviendront-ils à ouvrir les yeux de ces « enfants » qui voient dans leurs activités culturelles le français comme « une langue de losers »? …qui voient notre histoire comme un nic’à chicanes… qui aiment un Montréal balingue, dans une « paix linguistique » où il est devenu ringard de revendiquer l’affichage en français? Il faudrait leur payer quelques mois en Louisiane… si c’est leur idéal.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 avril 2013

    On peut toujours penser comme nos enfants, mais on ne peut forcer nos enfants à penser comme nous!