Lettre au ministre Bernard Drainville

Qui trop embrasse mal étreint

Lacher du lest

Tribune libre

MONSIEUR LE MINISTRE,
J’ai à plusieurs reprises pu constater l’ardeur que vous avez déployée à doter le Québec d’une organisation et d’un cadre de vie qui rassemblent ses citoyens et les équipent pour vivre dans l’harmonie l’ère nouvelle de la civilisation informatique.
La charte des valeurs québécoise repose sur trois socles qui en assurent la solidité et l’équilibre :
La laïcité de l’État, sa neutralité en matière religieuse et l’égalité des hommes et des femmes, citoyennes et citoyens du Québec.
Ces fondements ne sont pas négociables et vous faites bien de l’affirmer. De plus ils sont rassembleurs, une forte majorité des partis politiques, des regroupements sociaux et des citoyens du Québec le reconnaissent d’emblée.
L’interdiction d’afficher des signes ou des symboles religieux à tous les employés de l’État est aussi un moyen cohérent et probablement efficace d’assurer sa neutralité en matière religieuse et le respect des croyances de chacun.
Cependant, une laïcité mur-à-mur est-ce bien ce dont le Québec a besoin et ce qu’il peut endosser dans l’harmonie et la sérénité par les temps qui courent ?
« Qui trop embrasse mal étreint »
N’est-il pas le temps de lâcher du lest avant que cette intention de cohésion ne devienne une pomme de discorde qui divise encore davantage notre nouvelle société en voie de formation ?
La référence à la loi 101, qui a connu à ses origines beaucoup d’opposition, ne tient pas ici. La langue française en milieu nord-américain est toujours menacée alors que la laïcité a le vent dans les voiles et se fera de toute façon. Ce ne sont pas quelques petits signes religieux portés par des individus en minorité qui peuvent en enrayer la marche.
De plus la radicalisation en ce domaine ne peut que favoriser la formation de ghettos et l’expression de partisanneries néfastes à toute cohésion sociale.
Je suis souverainiste et indépendantiste depuis longtemps. Je ne me reconnais plus dans le parti ni dans l’équipe des souverainistes qui afficherait une telle intransigeance en ce qui a trait au port de symboles religieux. Il faut passer ici en mode de solution plutôt que de se lier et de s’enfarger de principes, de droits et de devoirs.
Scinder le projet de la charte des valeurs en reportant à plus tard et à l’ordre des mesures incitatives tout le chapitre de l’affichage des symboles religieux ne peut que favoriser ce que vous souhaitez le plus, l’adoption d’un projet rassembleur qui obtienne dans l’harmonie et la paix l’adhésion d’une forte majorité de Québécoises et de Québécois de toute origine, fières et fiers du Québec, leur nation en gestation d’un pays.
Et il faut faire vite avant que les camps ne se durcissent et qu’ils ne soient plus audibles ni « parlables » de l’un à l’autre.


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