Source : Wikipédia
Née à Caracas le 7 octobre 1967, María Corina Machado est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Son père, Henrique Machado Zuloaga, est un homme d’affaires, héritier d’une famille ayant fondé la compagnie d’électricité Electricidad de Caracas. Sa mère, Corina Parisca, est psychologue. María Corina Machado fréquente une école catholique d'élite pour filles à Caracas et un pensionnat à Wellesley, dans le Massachusetts.
Diplômée de l'université catholique Andres-Bello en ingénierie et d'un master en finance de l'Institut d’études supérieures d’administration, María Corina Machado commence sa carrière au sein de l'entreprise familiale avant de travailler avec sa mère dans un foyer pour enfants abandonnés.
Carrière politique
Elle devient militante politique en 2002, en contribuant à la création d'un groupe de défense des droits des électeurs, Sumate, qui mène au coup d’État de 2002 – tentative avortée de destituer le président Hugo Chavez. María Corina Machado est présente au palais présidentiel lors de l'investiture du « président par intérim », Pedro Carmona, à la suite du coup d'État. Elle est signataire du « décret Carmona », qui dissout l'Assemblée nationale et destitue les responsables politiques élus.
En 2004, elle réunit trois millions de signatures demandant le départ d'Hugo Chávez, ce qui lui vaut une interdiction de sortie du territoire. En 2005, elle est accusée avec d'autres représentants de l'association Súmate de trahison pour avoir reçu des fonds de la part du National Endowment for Democracy, une organisation américaine promouvant la démocratie libérale. Ces fonds (31 150 dollars américains) étaient destinés à favoriser la destitution du président Hugo Chavez lors du référendum de 2004. Des menaces de mort sont proférées à l'encontre de sa famille, aussi envoie-t-elle ses enfants encore très jeunes chez sa mère qui vit aux États-Unis.
En février 2010, elle quitte son poste à Súmate et annonce sa candidature à l'Assemblée nationale du Venezuela. Elle est élue députée en 2010 dans la deuxième circonscription de l'État de Miranda. Le 13 janvier 2012, à l'Assemblée nationale et en direct à la télévision nationale, María Corina Machado lance une Rendición contre Chávez et le traite directement de voleur, affirmant que « exproprier, c’est voler ». Lors des primaires de l’opposition de 2012, elle remporte 3,81 % des voix contre 64,33 % pour son adversaire Henrique Capriles. En 2012, son suppléant se retire de la Table de l’unité démocratique, coalition de partis d'opposition à Chávez, déplorant l'autoritarisme qui prévaut dans son fonctionnement interne et sa « déconnexion sociale ».
En mars 2014, elle est destituée de son mandat pour avoir figuré dans la délégation d'un autre État, le Panama, devant l'Organisation des États américains, ce qui était interdit par la constitution vénézuélienne aux élus parlementaires. Elle est interdite d'entrée à l'Assemblée nationale le 1er avril 2014, ses partisans sont dispersés par les autorités à coups de bombes lacrymogènes tandis que sa destitution est confirmée par la Cour suprême : pour elle, cela constitue « une preuve qu'il y a une dictature au Venezuela, c'est un coup brutal porté à la Constitution ».
Elle lance en 2014, avec Leopoldo Lopez, le mouvement « La Salida » pour promouvoir des manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro, successeur d'Hugo Chávez, dont elle ne reconnaît pas l'élection.
Elle milite pour le boycott de l'élection présidentielle vénézuélienne de 2018, estimant que la participation aux élections tendait à légitimer un pouvoir autoritaire, et qualifie de « répugnante et indigne » la démarche de conciliation du candidat de l'opposition Henri Falcon. À partir de 2019, elle soutient activement Juan Guaido pour son accession à la présidence du Venezuela.
Le 22 octobre 2023, elle remporte avec 93,13 % des voix, les primaires organisées par l'opposition en vue de l'élection présidentielle de 2024, renforçant par ce vote sa notoriété. Cependant, le contrôleur général de la République, organe de surveillance des comptes publics, avait interdit en juin 2023 à Machado d’exercer toute fonction publique jusqu'en 2030, l'accusant de fraude fiscale et de soutenir les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis au Venezuela. Le 27 janvier 2024, le Tribunal suprême de justice interdit sa candidature et la rend inéligible. Le 24 mars 2024, Maria Corina Machado annonce qu’elle est représentée par Corina Yoris à la présidentielle du 28 juillet, mais celle-ci est également interdite de se présenter. Finalement, Edmundo Gonzales Urrutia représente la Plateforme unitaire à cette élection, Maria Corina Machado lui apporte son soutien. Dans un sondage de l’institut Datincorp, réalisé en avril 2024, il obtient 50 % des intentions de vote, contre 18 % pour l'actuel président Nicolas Maduro. Menacée dans son pays, Maria Corina Machado décide toutefois d'y rester mais d'y vivre dans une semi-clandestinité, habitant un lieu tenu secret tout en continuant ses tournées dans le pays pour propager son message contre le pouvoir.
Le Conseil de l’Europe lui décerne le 30 septembre 2024 le prix Vaclav-Havel récompensant des défenseurs des droits de l’homme. Le 24 octobre 2024, le prix Sakarov pour la liberté de l’esprit lui est attribué par le Parlement européen, en même temps qu'à Edmundo Gonzales Urrutia, « pour leur lutte courageuse en faveur du rétablissement de la liberté et de la démocratie au Venezuela ».
María Corina Machado reçoit le prix Nobel de la paix le 10 octobre 2025, pour ses efforts « en faveur d’une transition juste et pacifique de la dictature à la démocratie ». Elle dédie ce prix à Donald Trump, le président américain, pour « son soutien décisif ». La Maison-Blanche a pour sa part affirmé dans un communiqué que le comité du Nobel de paix avait fait passer la « politique avant la paix » en attribuant la récompense à Maria Corina Machado plutôt qu’à Donald Trump, qui convoitait ouvertement ce prix. Le choix a en revanche été applaudi par nombre de chefs d’État, qui saluent le courage de la lauréate et voient dans cette distinction « un coup dur pour Nicolas Maduro ». Au Venezuela, sur les réseaux sociaux, les défenseurs du président ont attaqué le prix Nobel, « instrument de l’impérialisme occidental », tandis que les opposants sont divisés sur ce choix.
Idéologie et prises de position
Elle se définit comme « centriste » lors des primaires de 2023 de l'opposition vénézuélienne, mais son programme économique libéral et son projet de privatiser la compagnie pétrolière PDVSA la situe sur l'aile droite de l’opposition selon Le Monde.
Tenante d'une ligne dure face au gouvernement vénézuélien, elle soutient les sanctions économiques prises par Washington contre le pays et plaide pour une intervention de l’armée américaine pour renverser le président Nicolás Maduro, ce que critiquent d'autres dirigeants de l'opposition. Selon un sondage de Datanalisis réalisé en 2025, seuls 3 % des Vénézuéliens soutiennent une éventuelle intervention militaire des États-Unis.
Elle apporte son soutien à Ivan Duque lors de l'élection présidentielle colombienne de 2018, que celui-ci remporte. Elle est intervenue à ses côtés lors de meetings de campagne, affirmant que l'élection du candidat de gauche, Gustavo Petro, ferait prendre à la Colombie le même chemin que le Venezuela et Cuba.
Elle est signataire de la charte de Madrid lancée en 2020 par le parti espagnol Vox afin de rassembler la droite radicale d'Espagne et d’Amérique latine contre le « narco-communisme, la gauche et le crime organisé ».
Elle félicite Javier Milei pour sa victoire à la présidentielle argentine de novembre 2023, la qualifiant de triomphe de la lutte pour le « changement » et la « liberté » en Amérique latine.
Elle soutient l'annexion par le Venezuela de l'Essequibo, une région du Guyana, mais pas par la force militaire. Elle accuse l'ancien président vénézuélien Hugo Chávez d'avoir « abandonné de manière irresponsable la récupération active de l'Essequibo pour des raisons purement politiques ».
Elle soutient le « droit d’Israël à se défendre » lors de la guerre de Gaza (2023-2025) et affirme que le terrorisme doit être vaincu quel qu'en soit le prix. Elle a des liens étroits avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, tandis que son parti, Vente Venezuela, a signé en 2020 un accord d'association avec le Likoud.
Prix et distinctions
2018 : listée parmi les 100 Women par la BBC.
2024 : prix Vaclav Havel.
2024 : prix Sakharov avec Edmundo Gonzales Urrutial.
2025 : Prix Nobel de la paix.
Henri Marineau, Québec










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