Que pensez-vous du Honduras?
Vous ne savez pas trop. Vous avez que ça brasse, mais bon, vous ne savez pas trop.
Que pensez-vous de Manuel Zelaya, le président «déchu»?
Ah! Là, ça se précise. Zelaya, quant à lui… vous savez déjà mieux. Vous avez entendu à maintes reprises, depuis quatre mois, des analyses à Radio Canada comme celle-ci faites par Monsieur François Brousseau à l'émission de Michel Désautels du 30 octobre 2009 à 17h50 [1]
Voici la transcription d'un extrait.
M. Brousseau dit:
« Le référendum que Zelaya voulait organiser en novembre [si le OUI l'emportait le 28 juin dernier], aurait eu lieu, «selon ce plan» «avorté», au même moment que la présidentielle, je ne sais pas si vous me suivez… et non pas avant. La présidentielle à laquelle Zelaya ne pouvait pas se présenter.
CELA DIT, oui on peut "imaginer" que «DANS SA… DANS SA TITE TÊTE» que l'affrontement qui aurait suivi un "oui" «hypothétique» en juin aurait peut-être poussé Zelaya À SE HISSER COMME «HOMME PROVIDENTIEL» et là à jouer le le… un p'tit peu l'affrontement!? Peut-être qu'il avait ça DERRIÈRE LA TÊTE!? Mais c'est pas ça qui était écrit sur la feuille et SES PARTISANS ONT BEAU JEU AUJOURD'HUI DE « NIER » que c'était ça son intention. »
Quelle est donc votre conclusion après avoir entendu M. Brousseau?
Radio Canada, AFP, Cyberpresse, bref tous les médias de masse dont vous avez accès disent en gros la même chose: Zelaya DANS SA TITE TÊTE…
Ses partisans « NIENT » ses intentions croches qu'il a dans sa «TITE TÊTE»!
Bref, on vous dit que Zelaya est un hypocrite et que ses partisans sont des menteurs.
Quel est donc le résultat de la «Tite TÊTE» de Monsieur Brousseau et de cette déclaration disant que ses partisans [à Zelaya] «NIENT»?
Quel est donc votre sentiment résultant de cette chronique "éditoriale"?
Eh oui! Zelaya est un crosseur. Monsieur Brousseau vous le dit, Monsieur Brousseau vous le dit depuis 4 mois, au diable les niaiseries associées à la démocratie… Zelaya, dans le fond de la TITE TÊTE à Monsieur Brousseau (pour reprendre ses propres mots), est un crosseur, un menteur, bref un Chávez… vous savez Chávez… Oui, lui aussi vous savez, on vous l’a expliqué à maintes et maintes reprises. Il est une «bête noire» autant que Zelaya est déchu.
D'ailleurs un peu plus tôt dans la même analyse de M. Brousseau, l'animateur Michel Labrèque et Monsieur Brousseau s'entendent (vers 17h48) pour dire que Zelaya est comme ce Chávez de malheur:
François Brousseau: «… il y a beaucoup beaucoup de gens là-bas qui haïssent Manuel Zelaya, ils le voient comme un traitre qui s'était fait élire à droite il y a 4 ans avant de virer capot et de passer à gauche à mi-mandat, avec de nouveaux alliés comme le fameux Hugo Chávezzz, le Vénézuélien. Cette crise a agi comme révélateur pour nous faire voir un pays, un pays pauvre [2] politiquement très polarisé, un pays coupé en 2. »
L'animateur: «Oui, ce qui rappelle le Venezuela d'Hugo Chavezzz, euh… d'ailleurs, François il faut dire que Manuel Zelaya a aussi ses partisans, «ces gens-là » ont les a vus manifester…»
Cet extrait n'est qu'un petit, très petit exemple de l'aiguillage que votre opinion subit.
Très peu de gens parlent espagnol, encore moins écoute les discours en entier des Présidents latino-américains. JAMAIS on ne vous les fait entendre, sauf en de rares occasions où l'on peut dénicher une envolée du genre «Yanky de mierda» ou encore «Ça sent le souffre ici». Des propos éclatants pris comme des cris incompréhensibles et presque maladifs lorsqu'on les isole hors du contexte les ayant provoqués.
Dans le cas du Honduras, à l'instar de tous les médias d'idéologie néolibérale, RADIO CANADA EST CONTRE MANUEL ZELAYA.
Il ne s'agit plus d'information, mais d'une sorte de propagande douce qui vous aiguille vers le jugement que vous avez. Un jugement radical: Zelaya n'est pas très catholique dans sa «TITE TÊTE» (pour employer les mots de François Brousseau).
Pour Radio Canada, toute cette mouvance de la gauche en Amérique latine est un mouvement d'une nocivité semblable à celle que l'on décrivait dans les années 70 (les méchants communistes comme cet Allende, le Chávezzz du temps). On semble encore faire une maladie contre tout ce qui peut être favorable aux plus démunis et qui enlève du même coup, une partie des privilèges et des profits aux intérêts étranges.
Étrangement, même après tant d'années, même après tant d'analyses des atrocités des dictatures, de l'oppression et de l'exploitation systématique des richesses des pays au profit de quelques familles, nos journalistes (si moraux contre les dérives iraniennes, russes, chinoises, ou birmanes) voient comme un mouvement à combattre cette marche vers la démocratie participative.
On met constamment en doute la bonne foi des dirigeants progressistes et on bénit les agissements suspects des dirigeants pro-libre-échange.
La réalité a beau être criante, comme celle de la dictature en place depuis 4 longs mois au Honduras, on persiste à la colorer selon une vision qu'on impose sans gène et sans retenue.
Combien de fois avez-vous entendu le qualificatif de «déchu» pour décrire le Président ÉLU, légal, constitutionnel et légitime du Honduras, Manuel Zelaya?
Sans exagérer, des milliers de fois. Des dizaines de fois par jour, parfois des dizaines de fois dans un seul article ou un seul reportage.
«DÉCHU».
Bien que ce terme soit foncièrement exact, c'est-à-dire que le Président du Honduras a bel et bien été "déchu", il n'en demeure pas moins que l'impact psychologique sur l'imaginaire collectif fait en sorte qu'on fini par considéré le Président renversé, illégalement éjecté du pouvoir comme ayant été «déchu» avec raison. On en vient à être convaincu qu'il est «déchu» et que s'il est «déchu», c'est qu'il le mérite.
Il y avait pourtant bien d'autres qualificatifs tout aussi adéquats pour qualifier le Président Zelaya.
On aurait pu parler du Président «RENVERSÉ», «ÉVINCÉ», «ÉJECTÉ», «EXPULSÉ». À tous ces qualificatifs pour être vraiment conforme à la réalité, on aurait pu ajouter «ILLÉGALEMENT». On aurait pu dire le Président «EXPULSÉ ILLÉGALEMENT».
Pour ce qui est du régime "de facto".
On aurait pu dire «LA DICTATURE», non pas le président "de facto", mais bien le dictateur Micheletti. Ou encore le président illégal du Honduras. On aurait pu parler de régime du Honduras, après tout pendant combien d'années n'a-t-on pas qualifié le gouvernement démocratique et élu du Venezuela, de régime?
Il est clair que l'idéologie a envahi nos médias. Il est clair que cette idéologie véhiculée sans gène et sans retenue aiguille considérablement l'opinion publique.
Juste une déclaration «TITE TÊTE» d'un bonze médiatique comme Monsieur François Brousseau de Radio Canada (aussi chroniqueur du Devoir) peut faire oublier des décennies d'injustices, tout en favorisant la poursuite de ces mêmes injustices.
Incroyable l'acharnement médiatique qui peut être déployé pour contrecarrer les réformes sociales ayant pour but d'améliorer les conditions de vie des plus démunis.
Le Honduras, le pays le plus contrôlé par les intérêts étranges du Nord, un des pays le plus pauvres d'Amérique latine. Il est clair que cette pauvreté est le résultat des entreprises comme la United Fruit (chiquita) ainsi que de multiples entreprises de textiles exploitant la main-d'œuvre bon marché.
Les soldats médiatiques du néolibéralisme nous parlent de la pauvreté au Honduras comme si cette pauvreté était le résultat des politiques de Manuel Zelaya. Quelle malhonnêteté que cette négation des siècles d'exploitation et quelle malhonnêteté de parler de pauvreté alors qu'un gouvernement pour la première fois dans l'Histoire de ce pauvre pays, tente de mettre en place des lois permettant aux plus démunis de prendre leur destinée en main.
Le bonze, Monsieur Brousseau, dit: «il y a beaucoup beaucoup de gens là-bas qui haïssent Manuel Zelaya».
Quel paradoxe!
S'il y avait tant de gens qui «haïssent» Manuel Zelaya, croyez-vous qu'on l'aurait renversé par les armes?
Qui donc serait assez imbécile pour ne pas laisser parler les urnes?
Manuel Zelaya est appuyé par une majorité de la population hondurienne. Le renversement par les armes est une démonstration claire de ce qu'aurait pu être le résultat de la consultation du 28 juin dernier, c'est-à-dire, un OUI SANS ÉQUIVOQUE pour qu'une QUATRIÈME URNE soit mise en place le 29 novembre prochain.
Nos médias font preuve de malhonnêteté intellectuelle et journalistique flagrante.
J'ai d'ailleurs envoyé une plainte officielle à l'Ombudsman de Radio Canada.
Mais, cet Ombudsman est à la foi juge et parti. Tout ce à quoi l'on peut s'attendre d'une de ses enquêtes est qu'il justifie les agissements déplorables de ces journalistes atteints d'une maladie idéologique les empêchant de faire un travail honnête.
Pour approfondir ce dossier, je vous invite à lire :
3 juillet 2009
« Lettre ouverte à Radio Canada »
12 juillet 2009
« L’information et l’idéologie »
14 juillet 2009
« Honduras : L’idéologie au service du Putsch »
24 juillet 2009
« [[Honduras : désinformation et silence complice]] »
25 juillet 2009
« Pendant que Zelaya risque sa vie, Radio Canada met la priorité sur Barbie »
30 juillet 2009
« [[Radio Canada pratique de plus en plus la censure]] »
6 août 2009
« Le bataillon médiatique oublie une importante conférence de presse »
http://www.vigile.net/Le-bataillon-mediatique-oublie-une
15 septembre 2009
« Radio Canada dépêche un reporter à Tegucigalpa »
16 septembre 2009
« Honduras : Des questions pouvant servir à Monsieur Leprince »
21 septembre 2009
« Radio Canada - Un glissement vers la radio poubelle ou une dérive idéologique ? »
26 septembre 2009
« Où est Radio-Canada ? Le Président légitime et ÉLU du Honduras va possiblement être éliminé »
Ceci n'inclut pas mes courriers personnels faits aux journalistes et aux émissions de Radio Canada les invitant à, s'il vous plaît, corriger la situation.
Ceci n'inclut pas mes nombreux commentaires sur le site de Radio Canada. Commentaires où j'ai rappelé maintes et maintes fois ce qu'était la QUATRIÈME URNE dont parle finalement [sans la nommer] aujourd'hui M. Brousseau (après avoir reçu ma plainte dénonçant la désinformation, envoyée à plus de 200 personnes, ainsi qu'à toutes les émissions de Radio Canada).
Nous subissons une manipulation de notre opinion. Il faut en être conscient.
Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazi, avait bien fait comprendre à Hitler qu'un mensonge plusieurs fois répété vient à s'imposer comme étant une vérité.
Hitler dans son Mein Kampf (Ma lutte) dit:
« Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois, il devient une vérité. »
Radio Canada et tous nos médias en lutte contre un monde plus juste, le savent bien et nous le démontrent de façon renversante.
Combien d'entre vous pensez que Manuel Zelaya avait dans sa «TITE TÊTE» comme dit Monsieur François Brousseau, l'idée de poursuivre son mandat (presque sans élection, bien entendu???) ?
Beaucoup, beaucoup trop.
Soyez conscient qu'on vous fait juger sans vous informer.
Le quatrième pouvoir (les médias "officiels") n'est définitivement plus du côté de la population.
Nous devons utiliser le cinquième pouvoir (le pouvoir citoyen) pour obtenir une information exempte d'idéologie pour ainsi sauvegarder la vigueur de ce qui nous reste de démocratie.
Après avoir bien étudié le dossier que je vous expose, je vous invite, si vous jugez que cette cause en vaut la peine, à m'écrire pour me dire si vous considérez qu'une pétition devrait être lancée afin de dénoncer Radio Canada pour désinformation et manipulation idéologique.
Serge Charbonneau
Québec
veliserdi oK7 hotmail.com
[1] http://www.radio-canada.ca/audio-video/#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2009/CBF/Desautels200910301732.asx&pos=0
[2] On voit toujours la pauvreté lorsqu'un gouvernement progressiste tente de la combattre. Les pays ayant des doctrines néolibérales, même si les gens meurent de faim, n'ont pas de soin de santé et sont analphabètes, demeurent des pays sans problèmes où la pauvreté n'est jamais révélée.
L'idéologie dans l'information
Radio Canada CONTRE Manuel Zelaya
Tribune libre
Serge Charbonneau214 articles
Artisan de l’information depuis 1978. Voyageur reporter retraité pour raisons de santé et financière.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 novembre 2009Bonjour
J’endosse le professionnalisme de votre démarche pour dénoncer le regard partial posé par radio-canada sur le Honduras et le Vénézuela.
Radio-Canada a certainement les yeux crevés et les tympans défoncés pour ne pas s’apercevoir que c’est le peuple Vénézuelien qui a sorti Chavez de prison au début des années 2000 et que pour éviter que pareil chose se reproduise au Honduras, on a a extradé Zélaya pour éviter pareil rassemblement.
Lorsqu’on est rendu à appuyer des putsch militaires pour supposément sauver la démocratie ainsi qu’à dénoncer l’usage de référendum pour tenter de modifier une constitution conçu pour tuer dans l’œuf tout ce qui pourrait amener une possibilité de changement dans ce pays pauvre débordant de richesses parmi les plus pauvres il faut dire tout haut que RC ne nous a pas habitué à ce genre de contorsionisme dans l’exercice de notre jugement surtout lorsque René Mailhot nous informait des enjeux géopolitiques des forces en présence. C’est très-très gros, voir même dangereux comme tentative de dissimulation idéologique sous le tapis dans un escalier, Attention à Lamarche Mr Le prince, ce n’est pas comme ça que l’on se fabrique une solide réputation de professionnalisme. En agissant ainsi,RC méprise son auditoire. Il est temps que RC se dissocie de l’idéologie de l’OTAN aux ordres du Pentagone
Marcel Haché Répondre
1 novembre 2009J’apprécie vos textes. Radio Canada est moins intéressé par la démocratie qu’on pourrait le croire.
Les systèmes de domination s’appuient toujours sur une pensée totalitaire, fermée. Les Sganarelle y foisonnent.
Mais les Sganarelle, ils sont de tous les régimes…