Alec Castonguay - Les militants du Parti québécois peuvent débattre de la pertinence d'accélérer le pas vers un référendum sur la souveraineté, mais la population du Québec n'est pas aussi pressée, selon un nouveau sondage Léger Marketing-Le Devoir.
Ainsi, 64 % des Québécois souhaitent que le PQ de Pauline Marois ne tienne pas de référendum au cours d'un premier mandat suivant une élection. Ils sont 26 % à souhaiter un référendum rapide et 10 % ont répondu ne pas savoir.
Dans ce coup de sonde, on constate que même chez les électeurs qui disent vouloir voter pour le PQ, il y a une division, alors que plusieurs ne sont pas pressés. Ainsi, plus d'un péquiste sur trois (38 %) ne souhaite pas de référendum si le PQ est élu aux prochaines élections, alors que 8 % disent ne pas savoir.
En revanche, 54 % des électeurs péquistes souhaitent que leur parti tienne un référendum dans un premier mandat suivant les élections.
Depuis deux semaines, plusieurs militants du Parti québécois demandent publiquement à Pauline Marois de donner plus de mordant à l'article 1 du parti. Selon la version actuelle de la «proposition principale», brouillon de programme qui doit être adopté à la mi-avril 2011 lors du congrès du PQ, un gouvernement péquiste adopterait la gouvernance souverainiste et tiendrait un référendum uniquement au moment jugé opportun.
Il s'agit d'un adoucissement important par rapport à la formule en vigueur, adoptée lors du congrès de 2005, qui parle de la tenue d'un référendum «le plus rapidement possible au cours du prochain mandat».
Il serait d'ailleurs risqué pour le PQ de promettre un référendum rapide lors de la prochaine campagne électorale, révèle ce sondage. Car avec cette formule, le PQ perdrait son avance dans les intentions de vote et se retrouverait à égalité avec le Parti libéral. Chez les francophones, le PQ passe de 44 % à 35 % s'il fait cette promesse. Toutes les questions et les résultats sont disponibles sur notre site Internet.
Selon Christian Bourque, vice-président de Léger Marketing, les militants du PQ et leur chef, Pauline Marois, devront faire attention à l'orientation qu'ils donneront au parti sur cet enjeu. «Ça pourrait devenir un risque électoral, puisque l'avance du PQ disparaît lorsqu'on demande aux gens s'ils voteraient pour le PQ advenant une promesse de référendum rapide.»
Même chez les militants péquistes, cette majorité de 54 % qui souhaite aller rapidement vers un référendum n'est pas énorme, prévient M. Bourque. «C'est quand même la raison d'être du PQ que de faire la souveraineté! Ça veut dire que beaucoup de péquistes souhaitent être stratégiques. Ils estiment que ce n'est pas le bon moment», dit-il.
Intentions de vote
Lorsqu'on met ce débat de côté, on constate que le PQ maintient son avance dans les intentions de vote, avec 37 %. Le Parti libéral du Québec (PLQ) obtient 33 %, l'ADQ 11 %, Québec solidaire 8 % et le Parti vert, 6 %. Par contre, en regardant la tendance depuis le mois de juin dernier, on constate que le PQ a chuté de quatre points, alors que le PLQ a grimpé de trois points. Ce volet du sondage a été réalisé en partenariat avec The Gazette.
L'avance du PQ chez les francophones aurait toutefois permis à Pauline Marois d'obtenir facilement un gouvernement majoritaire si des élections avaient eu lieu la semaine dernière. Le PQ récolte 44 % des intentions de vote francophones, contre 25 % pour le PLQ.
Le taux d'insatisfaction envers le gouvernement Charest est plus élevé que jamais, à 78 %. À peine 18 % des Québécois se disent «satisfaits». «C'est un nouveau record, mais on bat record par-dessus record depuis un an», dit M. Bourque. Le mois dernier, l'insatisfaction était à 77 %.
Meilleur premier ministre
Les Québécois placent Pauline Marois comme «meilleur premier ministre», à 22 %. Jean Charest récolte 16 %, Amir Khadir 9 %, Gérard Deltell 8 % et Guy Rainville, 2 %. Chez les francophones, Marois recueille 27 %, contre 12 % pour Jean Charest, 11 % pour Amir Khadir et 9 % pour Gérard Deltell.
Encore une fois, 43 % des Québécois ont refusé de répondre à cette question ou ont dit ne pas savoir, ce qui démontre le peu d'enthousiasme envers les chefs actuels. «La réponse "aucun de ces chefs" demeure la plus populaire depuis des mois. Aucun leader n'est plus populaire que son parti», dit Christian Bourque.
Le sondage a été mené en ligne du 8 au 11 novembre, auprès de 1001 personnes représentatives de la population et selon une méthode fiable et éprouvée. Un échantillon probabiliste de la même taille présenterait une marge d'erreur de 3,1 %, 19 fois sur 20.
Sondage Léger Marketing-Le Devoir
Référendum: les Québécois ne sont pas pressés
38% des péquistes ne souhaitent pas que le prochain gouvernement du PQ tienne une consultation
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