Religion et indépendance

Il ne faut pas dire n'importe quoi

Tribune libre

Monsieur Pierre Cloutier nous présente Michel Onfray, ‘’un immense philosophe’’ dit-il. Qui nous parle, entre autres choses, de la religion et de l’indépendance.
Je ne sais pas si Michel Onfray parle sensément de l’indépendance; je sais que Monsieur Cloutier en parle régulièrement et sensément. Son dernier entretien avec John- Jean Ofrias en témoigne. Il pose les bonnes questions qui amènent de bonnes réponses.
Mais quand Messieurs Onfray et Cloutier parlent de religion, les deux en arrivent à des affirmations abracadabrantes et ubuesques. Les deux se disent athées; ce n’est pas une raison suffisante pour dire n’importe quoi sur un sujet qu’ils se glorifient d’ignorer.
Du Traité d’athéologie de Michel Onfray, Monsieur Cloutier nous donne cet extrait qu’il trouve ‘’particulièrement significatif’’, au sens d’admirable, je crois:

"Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partage une série de mépris identique : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin, haine des corps, des désirs, des pulsions. En lieu et place de tout cela, judaïsme, christianisme et islam défendent : la foi et la croyance, l’obéissance et la soumission, la goût de la mort et la passion de l’au-delà, l’ange asexué et la chasteté, la virginité et la fidélité monogamique, l’épouse et la mère l’âme et l’esprit. Autant dire, la vie crucifiée et le néant célébré ».
Autant dire que c’est autant d’affirmations tirant hors cible.

Ce n’est pas ici le lieu pour discuter de théologie et d’athéologie. Je me contenterai de relever deux articles de ce credo athée pour en souligner le non-sens.

1. Le christianisme aurait la ‘’haine de la raison et de l’intelligence.’’ - Autant dire que saint Thomas d’Aquin, Pascal, Péguy, saint Bernard, Marie de l’Incarnation, Catherine de Sienne, Saint Paul et Jésus de Nazareth étaient des sous- doués qui détestaient la raison et l’intelligence! Ce n’est pas avoir la haine de la raison de croire que bien des choses, et particulièrement les principales, dépassent la raison. La raison n’est jamais plus raisonnable que lorsqu’elle admet cette évidence: bien des choses la dépassent, en particulier les choses les plus importantes, par exemple l’amour, la poésie, la musique, la joie, l'intelligence... Quand elle ne se donne pas le pouvoir proprement divin de nier que Dieu puisse exister. Pour faire de cette fanfaronnade l’article fondateur de son credo athée.

2. ‘’Haine de la vie’’. - Il faut faire violence à la raison pour croire que François d’Assise, Jeanne d’Arc, Marguerite Bourgeois, et Jésus de Nazareth avaient la haine de la vie. ‘’Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance’’, disait celui qui se disait la VIE. L’athée peut-il en dire autant, lui qui considère qu’il n’y a pas d’autre forme de vie que celle promise au Néant éternel?

Il est facile de dresser la liste des erreurs et même des crimes des chrétiens, du christianisme, et d’en conclure, triomphant, qu’il n’est que cela. Additionner avec joie les défauts, en s'interdisant de voir les qualités. C’est comme croire que tout homme n’est que la somme de ses erreurs et de ses faiblesses. On ne ferait pas preuve de bon sens si on voulait supprimer l’intelligence, sous prétexte que vous et moi et tous les autres commettons nombre d’erreurs, de fautes contre l’intelligence.

Quant à mettre toues les religions sur le même pied, dans la même poubelle, c’est comme dire que tout est du pareil au même, y compris tous les partis politiques, l’indépendance et la dépendance, le vin et le <>, Al Capone et Isaïe, les Médecins sans frontières et Power Desmarais Corporation. Il faut choisir. Pour ne pas prendre le pire.

Squared

Viateur Beaupré32 articles

  • 33 932

Professeur à la retraite. Écrivain. Horticulteur, pêcheur et chasseur. Se bat depuis quarante ans pour défendre le français et l’indépendance du Québec.

Sept-Ïles





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    21 septembre 2014

    En toute honnêteté, je n’ai aucun plaisir intellectuel à polémiquer sur la question de savoir si le dogme chrétien da Trinité est ou non du véritable monothéisme ou encore, à me chamailler avec des catholiques sur l’efficacité du chapelet pour résoudre les problèmes.
    En tant qu’indépendantiste, cependant, il m’apparait important de constater et de prendre acte du rôle idéologique, social et politique pernicieux attribué par la Couronne britannique à l’Église catholique romaine du Canada- en tant qu’institution - depuis la cession de la Nouvelle-France et plus particulièrement depuis l’Acte de Québec (1774).
    Depuis cette époque reculée à nos jours, l’Église catholique du Canada a sans cesse persisté dans sa politique fondamentale d’asservissement des esprits et de sabotage des intérêts nationaux des canadiens-français puis des Québécois par sa servile collaboration avec la Couronne britannique puis canadienne.
    L’Église catholique canadienne a été et demeure une institution irréductiblement rétrograde en matière sociale et opiniâtrement fédéraliste en matière politique. Je doute que les indépendantistes québécois puissent jamais la rallier à leur combat national.

  • François A. Lachapelle Répondre

    13 septembre 2014

    Effectivement, la charge de Pierre Cloutier contre les trois monothéismes ne fait pas dans la nuance de la sagesse humaine. Je crois que le Dalai-Lama a dit que la meilleure religion personnelle est celle qui conduit à la vérité. Je crois que Pierre Cloutier accorde beaucoup d'importance à la vérité.
    Rappelons que la recherche de la vérité est une sublime démarche de tout l'être humain. Même l'enfant avant de parler fait la différence entre la vérité du mensonge. Cela se comprend dans ses yeux qui vous regardent.
    Durant toute notre vie, la recherche de la vérité peut être un combat constant sauf lorsqu'on abandonne par découragement (manque de persévérance), lorsqu'on prend le mensonge pour la vérité par excès de confiance en celui qui triche, qui nous triche.
    Parlant mensonges (au pluriel) et tricheries, on a actuellement un lourd bilan de la société québécoise dans les témoignages déballés devant la Commission Charbonneau. Pourquoi autant de relâchement moral chez nous ?
    Par expérience personnelle, je suis toujours à la recherche de la vérité que je regroupe en deux grands groupes: il existe des vérités plus grandes, plus immuables qui traversent des siècles. Il existe toutes les autres vérités au quotidien qui sont comme les pierres blanches du petit poucet pour trouver et retrouver notre chemin. Toutes les tricheries inventées par nos semblables, dans les grandes et les petites vérités, sont des coups d'assommoir qui font dévier les humains de leur recherche de la vérité en tout temps.
    Trop souvent, l'humain occupé à gagner sa vie peut démissionner dans sa recherche. L'abandon de la vérité emporte avec elle d'autres grandes qualités comme l'honnêteté et le courage.
    L'emploi et l'économie sans la vérité (paradis fiscaux), l'honnêteté (évitements fiscaux et abattements fiscaux discrétionnaires) et le courage (accomplir son travail au meilleur de ses talents et compétences) ne répondent qu'aux impératifs du capital international. Le citoyen est réduit à être un vecteur de consommation pour encombrer les dépotoirs de mauvais produits. L'humain et le Québécois doivent sortir de ses dérives qui sont entretenues par un abus de publicité. À suivre.