Dans son dernier article, Boris Karpov envisage une possible intervention directe de l’Otan en Ukraine. Un passage de la guerre par procuration menée actuellement sur le dos des Ukrainiens, à un engagement total de l’Alliance contre la Russie, avec les conséquences que l’on imagine.
On comprend parfaitement que les Russes s’interrogent sur cette lente escalade dans les livraisons d’armements de plus en plus sophistiqués accordés à Kiev, mais entre les rumeurs provenant de diverses sources annonçant le pire, et la prise de décision finale, il y a un abîme qu’il n’est pas si simple de franchir. Personnellement, je n’y crois pas.
D’ailleurs, Boris Karpov analyse lui-même tous les obstacles qui s’opposent à un affrontement direct entre l’Otan et la Russie, l’Alliance et les opinions occidentales n’étant pas du tout prêtes à une guerre de haute intensité.
Une confrontation avec la Russie qui n’a JAMAIS agressé l’Otan, rappelons-le, c’est l’assurance d’une guerre atomique, avec zéro vainqueur, mais des millions de morts et un Occident dévasté pour toujours.
Quel intérêt ? Avec 6 200 têtes nucléaires et ses missiles hypersoniques, Poutine a les moyens de mettre tout le monde d’accord et les rares survivants pourront pleurer sur le champ de ruines totalement irradié. Ce ne sera pas Hiroshima mais mille fois pire. Qui serait assez fou pour jouer avec le feu nucléaire ?
Je ne suis pas devin, mais pour moi, ces rumeurs sont de l’intox. Mais remontons aux origines du conflit.
Tout d’abord, dans cette guerre, ce n’est pas la Russie l’agresseur mais l’Otan
Après la chute du Mur en 1989, Gorbatchev a accepté la réunification allemande sous réserve qu’il n’y ait aucun élargissement de l’Otan vers l’Est. Mais les Américains n’ont rien trouvé de mieux que de porter l’Alliance de 16 membres en 1990 à 32 aujourd’hui. Ce qui fait dire à Poutine que la parole de l’Occident ne vaut rien.
Ensuite, en 2014, la CIA a renversé le régime prorusse en place à Kiev, pour y installer un valet de l’Amérique. Dès lors, ce fut l’enfer pour les populations russophones du Donbass. Les accords de Minsk, censés accorder l’autonomie à ces régions prorusses, n’ont jamais été appliqués. Paris et Berlin, cosignataires de ces accords, ont donc laissé délibérément Kiev mener une guerre contre le Donbass, qui a fait 15 000 morts en huit ans. Angela Merkel a reconnu que ces accords n’étaient qu’un leurre, destiné à gagner du temps pour renforcer l’armée ukrainienne.
Des preuves accablantes des crimes de guerre ukrainiens commis dans le Donbass ont été mises sous le tapis. Alors que les Ukrainiens maquillent des scènes de crime de guerre pour culpabiliser l’armée russe et diaboliser Poutine.
Pendant huit ans, Poutine a réclamé l’application des accords de Minsk et demandé des garanties de sécurité pour la Russie et le Donbass. Demandes éminemment légitimes, mais toutes traitées par le mépris par les Américains, dont l’arrogance n’est plus à démontrer.
Une attaque ukrainienne sur le Donbass étant prévue pour mars 2022, Poutine n’a eu d’autre choix que de lancer son offensive dès février, pour protéger les populations du Donbass. On le voit, l’Opération spéciale n’est que de la légitime défense. Ne renversons pas les responsabilités.
Ce rappel étant fait, où en est la situation ?
Tous les analystes les plus lucides et surtout honnêtes, savent que l’armée ukrainienne est exsangue, avec largement plus de 100 000 morts et sans doute 300 000 soldats hors de combat. L’offensive d’hiver que prépare le général Sourovikine va être d’une puissance telle, que les débris de l’armée de Zelensky vont être désintégrés.
A Bakhmut, c’est déjà le « hachoir à viande », « le chaudron de la mort », où les troupes de Wagner sont sur le point d’en finir avec cette bataille des plus sanglantes. Kiev n’a plus les moyens de remplacer les troupes décimées.
Autant dire que Washington, après la débâcle monumentale de Kaboul, voudrait bien éviter un deuxième désastre otanien en moins de deux ans. D’où, sans doute, les interrogations sur la possibilité d’une intervention directe pour éviter une défaite humiliante. Ce qui expliquerait les rumeurs évoquées par Boris Karpov, mais dont je n’ai eu aucun écho.
Mais pourquoi envoyer les légions de Biden aujourd’hui, alors que les faucons du Pentagone ont eu peur de les envoyer au début des opérations ?
Ce ne serait pas logique. Washington sait très bien que l’armée US est en position d’infériorité face à l’armée russe. Sans parler du nucléaire, Moscou a dix ou quinze ans d’avance sur les armes hypersoniques imparables et les drones sous-marins à propulsion nucléaire miniaturisée. Un seul missile hypersonique et il n’y a plus de porte-avions géant Gérald Ford, le fleuron de la marine américaine. La simple énergie cinétique, à plus de mach 5, couperait le monstre en deux sans besoin d’explosif.
Et ce n’est pas maintenant que les stocks d’armes et de munitions sont vides dans les arsenaux occidentaux, qu’il faut jouer les gros bras et sauter dans l’arène. Les armées occidentales sont paupérisées comme jamais. Ce sont des armées du temps de paix, incapables de faire la guerre. Il faudra des années pour reconstituer leurs stocks, déjà bien maigres avant l’offensive russe. On nous dit que les usines d’armement tournent à plein régime aux Etats-Unis, mais celles de Sibérie aussi…
Biden va-t-il sacrifier l’Europe pour sauver l’Ukraine ?
C’est la vraie question. Une guerre totale mènerait à la destruction de l’Europe. Deux missiles hypersoniques sur la BCE et sur le Parlement européen, calmeraient assez vite les ardeurs belliqueuses. On n’est plus dans une Opex contre des traîne-savates armés de Kalachnikov, mais contre l’armée russe qui a largement démontré ses capacités au cours de l’histoire. Face à Napoléon, les Cosaques ont fini à Paris et face à Hitler, cela s’est terminé à Berlin.
Alors que les Américains ont perdu toutes leurs guerres depuis 1945… A méditer.
Sans les Russes, qui ont détruit l’armée allemande au prix de 26 millions de morts, dont 10 millions de soldats, aucun débarquement allié n’aurait pu avoir lieu. C’est pourquoi faire aujourd’hui la guerre à la Russie, en bon vassal de Washington, est une ignominie sans nom. Jamais de Gaulle n’aurait accepté de se déshonorer en engageant la France dans cette guerre qui ne concerne que les Américains, qui ont la haine des Russes et n’ont jamais accepté la fin de la guerre froide.
L’Ukraine n’étant ni dans l’Otan, ni dans l’UE, cette guerre n’est pas la nôtre. L’Ukraine est un pays pauvre, mafieux et corrompu, coupable de crimes de guerre dans le Donbass. Les armes livrées par l’Otan sont détournées et revendues sur le Darknet. Les milliards donnés à Kiev sur le dos du contribuable occidental, sont également détournés vers des paradis fiscaux, sans le moindre contrôle des pays donateurs.
Un tel pays vaut-il une guerre nucléaire, dans le seul but d’éviter une nouvelle humiliation à l’Oncle Sam ? Non !
Ni les armées européennes, ni les peuples d’Europe ne sont prêts pour une guerre totale
En attisant les braises, l’Otan jongle avec des flacons de nitroglycérine mais les opinions publiques ne suivent pas. Un récent sondage effectué par le site « Place d’Armes » donne les chiffres suivants :
- 92 % des Français jugent que l’Otan ne recherche pas la paix
- 88 % estiment que les décisions prises peuvent nous entrainer vers une guerre directe avec la Russie
- 97 % refusent l’entrée de troupes françaises en Ukraine
- 98 % jugent qu’une telle option ne pourrait s’envisager sans consulter au préalable le Parlement ou le peuple par référendum
- 92 % veulent un arrêt des sanctions.
On le voit, la politique menée par les leaders européens aux ordres de Biden, va à l’encontre de la volonté des peuples. Cette guerre par procuration décidée sans consulter les peuples est donc un crime contre la démocratie.
Et quand les coupures de courant et les faillites vont se succéder en 2023, les peuples exigeront la fin des hostilités.
L’armée française passe pour être la première d’Europe. Mais il suffit de voir comment se sont passées ses dernières interventions majeures pour mesurer l’état véritable de nos forces. Au cours de la première guerre du Golfe, nos Jaguar ont rapidement manqué de munitions. En Afghanistan, le manque de matériels modernes et d’équipements individuels efficaces a été flagrant.
Au Sahel, avec seulement 5 000 soldats engagés, notre armée s’est vite retrouvée « à l’os », comme le dit le général de Villiers. Manque de munitions, manque de pièces de rechange, un avion en panne servant de magasin de pièces détachées pour en faire voler un autre. Insuffisance du renseignement. Et manque cruel d’effectifs sur la durée.
A force de retirer les « dividendes de la paix » suite à la chute de l’URSS, nous avons sacrifié nos armées, divisé les effectifs par plus de deux et limité les équipements au strict minimum, afin de sauver notre industrie de l’armement, ce qui n’est pas suffisant pour mener une véritable guerre. Pendant les vingt dernières années, alors que notre budget Défense diminuait régulièrement, Poutine a reconstruit l’armée russe pour en faire un outil de combat que j’estime invincible à l’heure actuelle.
En France, à part quelques illuminés méconnaissant les capacités de notre armée, la plupart des militaires savent qu’une intervention contre la Russie serait suicidaire. Une simple attaque cybernétique des Russes paralyserait le pays. D’ailleurs, un pays qui dépense 800 milliards de social mais n’accorde que 40 milliards à sa Défense, n’a ni les capacités opérationnelles, ni la force morale nécessaires pour mener une guerre de haute intensité. Où sont donc passés les Poilus de 14-18 ?
Et en ce qui concerne les opinions en Europe, on voit davantage de manifestations pour un arrêt des sanctions que pour un engagement dans le conflit. Les peuples européens se reposent sur des armées de métier et n’ont aucunement l’intention d’aller remplacer les Ukrainiens comme chair à canon. On les comprend, puisque Moscou n’est pas notre ennemi. C’est un problème américain que Washington entend « otaniser », sachant que l’Europe n’est qu’un ramassis de valets dociles.
Le seul qui a un intérêt majeur dans une guerre totale est Zelensky
En effet, son avenir s’annonce plutôt sombre. Après avoir saigné son peuple et son armée, en leur promettant la victoire, il aura intérêt à fuir rapidement en Angleterre quand Poutine aura détruit l’État ukrainien.
Voilà dix mois que Zelensky a joué les pleureuses auprès de tous les pays et instances internationales, pour apitoyer les opinions et réclamer un soutien total. Mais gouvernements et peuples se lassent. On sait que lui et son entourage sont corrompus. On sait aussi que malgré les milliards et les armes déversés en Ukraine, c’est toujours Poutine qui mène le bal et que le pire pour Zelensky est devant lui. Il devra raser les murs pour profiter de sa fortune. Même sous haute protection en Occident, il aura à mon avis une petite santé.
L’Ukraine sera vaincue et dépecée. Réalité que le saltimbanque devra expliquer au peuple et à laquelle les Américains devront se plier de gré ou de force. La Russie ne peut pas perdre. Elle a la force militaire et la volonté nécessaires pour gagner.
Et que ferait la Chine ?
Si les intentions de l’Otan de s’engager sur le terrain se confirmaient, Pékin ne resterait pas les bras croisés et pourrait en profiter pour reprendre Taïwan, sa 26e province. Et rien ne dit que les Chinois ne s’allieraient pas aux Russes pour devenir ensuite les nouveaux maîtres du monde.
Mais tout cela relève de la fiction.
Washington n’a d’autre choix que d’accepter la défaite pour éviter la guerre nucléaire. Certes, l’Otan avalera une couleuvre de plus, mais en cas de fuite en avant, il n’y aura plus d’Occident ni de Russie. Voilà pourquoi je ne crois pas à une guerre totale.
D’ailleurs Poutine vient de dire qu’en cas d’attaque de la Russie par des missiles américains, la riposte serait immédiate, avec une centaine de missiles lancés sur les Etats-Unis et l’Europe, signant ainsi le grand suicide collectif du monde blanc et chrétien.
J’ai déjà vu plus réjouissant comme programme !
C’est pourquoi je rejoins Boris Karpov en citant la fin de son article :
« Une autre hypothèse est que tout ceci relève d’une intoxication de l’OTAN visant à faire annuler la prochaine offensive générale des forces russes qui semble déjà « terroriser » les forces de l’OTAN.
Dans tous les cas, ceci est un très mauvais calcul puisqu’il est clair que la Russie ira jusqu’au bout de la mission assignée par Vladimir Poutine. Compter que nos forces reculeront face à quelques régiments de l’OTAN dont la Russie connaît les problèmes d’armement est un calcul ridicule… et qui s’avérera très vite extrêmement meurtrier. »
Oui, pour moi, tout ceci relève d’une intox de l’Otan. Zelensky est aux abois et Washington n’a plus aucun moyen de lui éviter la débâcle. Il y aura sans doute encore une escalade dans les livraisons d’armes à Kiev. Mais cela n’évitera pas la défaite et la partition de l’Ukraine.
Le général Sourovikine sera le grand vainqueur de cette confrontation, laquelle n’aurait jamais dû avoir lieu si Washington n’avait pas acculé l’Ours russe, en lui refusant les mêmes garanties de sécurité élémentaires que Kennedy avait exigées de Khrouchtchev en 1962, pour qu’il retire ses fusées de Cuba.
La diplomatie américaine, fondée sur la loi du plus fort, est le terreau de toutes les guerres depuis 1945… et de toutes les défaites de l’Otan.
Je ne crois pas à une troisième guerre mondiale, mais je crois plus que jamais à une victoire russe, que je juge légitime. En revanche, j’estime que le fait d’avoir sacrifié le peuple ukrainien pour les seuls intérêts américains, comme l’ont fait les Européens par soumission à Washington, est un crime impardonnable. Nous n’aurions jamais dû nous associer à cette tragédie. Des centaines de milliers de victimes militaires et civiles, ont été sacrifiées sur l’autel du roi dollar et de l’hégémonie américaine.
L’annexion du Donbass par Moscou, selon la volonté des populations russophones, aurait dû se passer en douceur, comme celle de la Crimée en 2014.
Il est encore temps de négocier pour mettre fin à l’hécatombe. Car de toutes façons, la paix ne se fera pas aux conditions de Biden ou de Zelensky, mais à celles de Poutine. C’est écrit ainsi depuis le 24 février 2022.
Les Américains se sont trompés sur l’état de l’armée russe, moquée par les médias occidentaux dès mars 2022. Mais au bout de dix mois de guerre, l’armée russe, qui se bat contre 40 nations qui aident et arment l’Ukraine, contrôle toujours 100 000 km2 du territoire ukrainien, en n’ayant utilisé que 20 % de ses capacités. Nous n’avons encore rien vu a prévenu Poutine.
Le problème des Américains, qui se sont fourvoyés une fois de plus, en nous entrainant dans cette folie meurtrière, est donc davantage de trouver une sortie honorable du conflit, plutôt que de se lancer dans une guerre Otan/Russie qui sera catastrophique pour toute l’humanité.