Sam Hamad : un départ, mais toujours autant de doutes

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Les Québécois en ont assez d'avoir des doutes sur la probité de leurs élus

En un peu plus de 24 heures, les révélations de nos collègues de l'émission Enquête sur les liens entre le ministre Sam Hamad et son ami Marc-Yvan Côté sont passées du stade de « pétard mouillé » à « nécessitant une enquête du Commissaire à l'éthique » à « assez sérieuses pour justifier le retrait de M. Hamad du Conseil des ministres ».
Mais ce qui est le plus remarquable dans ce crescendo, c'est qu'il n'a apporté aucun crédit au premier ministre et à son gouvernement et que, bien au contraire, il semble donner raison aux Québécois d'avoir des doutes sur l'intégrité de leur gouvernement.
Pour tout dire, la faute en incombe carrément à la gestion de crise tout à fait déficiente du cabinet du premier ministre et, donc, du premier ministre Philippe Couillard lui-même.
D'abord, difficile de comprendre le silence radio du premier ministre entre jeudi soir et samedi après-midi. Les allégations d'Enquête sont sérieuses et graves, elles sont appuyées par des documents. Si elles étaient prouvées devant un tribunal, elles pourraient entraîner des condamnations de M. Hamad pour trafic d'influence.
D'emblée, il était évident que le premier ministre devait faire quelque chose. En lieu et place, il a choisi d'attendre pour voir comment l'opinion publique allait réagir. Comme si, après l'arrestation de Marc-Yvan Côté par l'Unité permanente anti-corruption, il pourrait y avoir un dossier l'impliquant qui ne sentirait pas le soufre.
La gradation des réponses du gouvernement montre qu'on espérait quand même pouvoir s'en tirer à bon compte. Comme si la patience des citoyens sur les questions d'éthique était absolument sans limites.
Puis, le premier ministre Couillard annonce le retrait temporaire de son ministre de la pire des façons : au lieu de répéter que son gouvernement ne saurait tolérer les manquements à l'éthique, il affirme d'entrée de jeu que M. Hamad conserve toute sa confiance.
Il le félicite même de s'être auto-exclu du Conseil des ministres - tout en gardant le titre, le salaire et la limousine. Pis encore, M. Couillard compare cela aux congés de maladie qu'ont pu devoir prendre certains de ses ministres au cours des derniers mois. Le tout sur le perron de la Cathédrale après les funérailles nationales de la première femme ministre de l'histoire du Québec - ce qui manquait singulièrement de décorum.
Une autre manière
Il y avait pourtant une façon d'annoncer exactement le même résultat d'une manière qui aurait rassuré les Québécois sur le jugement du premier ministre en matière d'éthique.
Dès vendredi, M. Couillard aurait tout simplement pu prendre les devants. Dire que, tout en respectant la présomption d'innocence, les allégations contre M. Hamad étaient suffisamment sérieuses pour qu'il soit exclu du Conseil des ministres, au moins pour le temps de l'enquête.
Dans le contexte actuel, il était important que cette décision soit celle du premier ministre, pas celle de M. Hamad qui, sentant que la soupe est devenue trop chaude, conclut qu'il est mieux pour lui de ne plus siéger au Conseil des ministres.
Cela aurait rassuré quelque peu les citoyens sur le fait que M. Couillard était sérieux sur les questions d'éthique. Après tout n'est-ce pas lui qui a promis « un gouvernement moralement et éthiquement irréprochable »?
En lieu et place, M. Couillard a choisi une manière de gérer la crise qui laisse toujours planer des doutes sur l'engagement de son gouvernement sur les questions éthiques. De la même manière qu'il était, plus tôt cette semaine, du plus mauvais effet de ne confirmer le mandat du patron de l'UPAC, Robert Lafrenièrre, que de façon temporaire. Comme si on n'était pas certain que, depuis les arrestations récentes de libéraux éminents, il soit encore l'homme de la situation.
Après la Commission Charbonneau et les enquêtes de l'UPAC, les Québécois en ont assez d'avoir des doutes sur la probité de leurs élus. Ils ont grand besoin d'un premier ministre qui démontre qu'il ne va pas tolérer le moindre écart en matière d'éthique. Malheureusement, par ses actions, M. Couillard leur envoie un tout autre message.


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