Kosovo

Scouts, toujours prêts! La naïveté va loin...

DUI - Référendum - Kosovo (17 février 2008), Soudan (janvier 2011)

À consulter les sites et les blogs indépendantistes, on découvre avec
stupeur que beaucoup de leurs contributeurs interprètent les événements
politiques internationaux en fonction des opinions et analyses lues dans
les journaux des groupes commerciaux ou entendues à la télé et la radio des
grandes chaînes. Comme les opinions des éditorialistes et des analystes
sont le plus souvent un remâchage des voix usaméricaines, britanniques ou
françaises, et que l'UE est pour l'essentiel à la remorque des intérêts
usaméricains parce qu'elle ne s'est donné ni défense ni diplomatie
communes, on n'est pas étonné de ce que croient les lecteurs. Ce fut
particulièrement le cas lors de la proclamation de l'"indépendance" du
Kosovo. Ce qui a en revanche scandalisé fut de constater que les
porte-parole du PQ, du BQ et du PI sont au même diapason. Se peut-il que
nos états-majors, dont l'une des premières préoccupations exige qu'ils
connaissent le jeu politique, diplomatique et militaire des grandes
puissances, en soient encore, eux qui se méfient pourtant des USA, à gober
leur version pour tout ce qui se trouve à l'extérieur de l'Amérique du
Nord?
La naïveté va loin. Sur le blogue du PQ, où j'ai eu l'effronterie de
critiquer l'attitude de ce parti dans l'affaire du Kosovo, on m'a classé
parmi ceux qui, ce faisant, travaillaient contre l'indépendance du
Québec... Après m'en être beaucoup amusé, je m'inquiète tout de même:
peut-on à ce point ignorer notre intérêt en croyant le défendre et miner
notre rapport de force par ignorance géopolitique?
Ce sera quoi si jamais l'un de ces partis, après avoir été élu, veut
réaliser l'indépendance et, se mettant en frais de chercher des appuis dans
la communauté internationale, ne sait même pas à qui il a affaire? On ne
semble même plus se douter que le jeu politique et diplomatique ne suit pas
la règle de la morale scoute. Vite! qu'on se dépêche de sortir de
l'enfance politique dans laquelle nous sommes retombés depuis le départ de
Jacques Parizeau.
Raymond Poulin
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


Laissez un commentaire



6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2008

    Permettez que j'ajoute un "autre grain de sel", sous la forme d'une réponse à la contribution de madame Claude Herdhuin (Le Kosovo: une mise à mort planifiée) sur cette Tribune Libre si opportune:
    D’un Claude à l’autre :
    Histoire d’en rajouter sur la vilenie de l’U.E. et des pays-collabos dans ce dossier, voici qui révèle "de belle manière" le fond géopolitique et historique
    du problème :
    http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2008/02/20/communique-kossovo.html
    Comme tant d’autres états commandités par une certaine puissance, et aujourd’hui par sa complice servile, le nouveau "pays" sera une plaque tournante pour les intérêts mafieux de toute une classe de profiteurs, qu’ils soient au niveau des très grosses sociétés énergétiques, ou de l’exploitation directe de la misère humaine : drogues, traite des blanches, armements, etc.
    Honte au PeeQwiou et au BeeQwiou de s’être avilis - un peu plus - en appuyant cette pseudo-indépendance programmée.
    Claude Jodoin Ing., Boca Raton É.-U.

  • Raymond Poulin Répondre

    19 février 2008

    Monsieur Lapointe,
    Il y a toujours une assise ethnique à l'origine d'une nation. Avec le temps et les apports extérieurs, le socle originel se transforme en fondement culturel, social et linguistique, même si cet "agglomérat", puisque vivant sur un même territoire, a également développé d'autres intérêts collectifs, notamment économiques. Il devient alors complètement décalé et dangereux de se réclamer d'un point de vue ethnique, d'autant plus que c'est justement cet argument qui peut justifier une partition territoriale.
    En revanche, le concept de nation civique équivaut à réduire l'appartenance à un patriotisme purement juridique, ce qui produit une collectivité sans âme dont l'unité est partielle, variable et aléatoire. Une nation ne peut être seulement une association contractuelle reposant sur des intérêts limités; c'est là une vision purement fonctionnaliste de l'État.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2008

    La partition
    Je partage vos inquiétudes M. Poulin,
    Et si le Canada reconnaissait la déclaration d'indépendance du Kosovo en l'interprétant comme étant la partition d'une ancienne entité de la Yougoslavie !
    Il en ferait alors un précédent pour la partition du Québec advenant une éventuelle séparation de celui-ci. Cela serait cohérent avec la reconnaissance antérieure de la nation québécoise par le gouvernement Harper dont le caractère ethnique est toujours demeuré ambigu au sein du Bloc Québécois et du mouvement souverainiste à cause d’une division entre les tenants d’une nation civique et ceux d’une nation ethnique. On voit maintenant le danger que constitue la position de nombreux nationalistes québécois, dont l’idéologue Mathieu Bock-Côté, à l’effet que la nation québécoise est avant tout ethnique et non pas civique.
    Suivant cette nouvelle théorie de la partition ethnique, s’appuyant sur le précédent du Kosovo à laquelle se rangerait probablement Stéphane Dion, il existerait au Québec deux nations ethniques, celle formée par les Québécois de souche et celle des Canadiens d’appartenance, comme il y avait en Serbie des Albanais et des Serbes. Dans cette perspective, la situation du Québec se comparerait à celle de la Serbie et celle du sud-ouest du Québec, au Kosovo.
    Pour les défenseurs de cette nouvelle théorie, il y aura maintenant un précédent pour défendre à l'échelle internationale l’idée que si on peut se séparer d’une ancienne République de l’ex-Yougoslavie, on peut également se séparer d’une ancienne province du Canada. Il ne faut surtout pas oublier que la fédération canadienne est perçue à l’échelle mondiale comme étant un modèle de décentralisation. Ce n’est un secret pour personne, le Québec est déjà considéré à plusieurs égards comme étant un État autonome au sein d’une confédération très décentralisée.
    Advenant une demande de renvoi au sujet d’une hypothétique partition du sud-ouest du Québec dans l’éventualité d’une séparation du Québec, nul doute que la Cour Suprême du Canada pourrait rendre un jugement plus nuancé qu’elle ne l’aurait fait auparavant, en s’inspirant du précédent du Kosovo.
    Ce ne serait pas la première fois qu'on subdiviserait le territoire québécois en contexte de droit international et constitutionnel. Si on a pu céder auparavant le Labrador à Terre-Neuve à l'occasion de son entrée dans la fédération canadienne, qu'est-ce qui empêcherait la Cour Suprême d'accorder la succession de la province du Québec au sud-ouest du Québec partitionné?
    Il ne serait donc plus uniquement question de partition, mais plutôt de succession d'une province déjà existante sur un territoire partitionné. Suivant cette dernière hypothèse, le sud-ouest du Québec demeurerait la dixième province du Québec, la partition du reste du Québec étant une condition suspensive à l’éventualité d’une déclaration d'indépendance.
    Ce serait donc les indépendantistes québécois qui enclencheraient le mécanisme de partition en déclarant l’indépendance sans que cela affecte pour autant la survie de la dixième province canadienne circonscrite au sud-ouest du Québec et majoritairement occupée par d’anciens Québécois d’appartenance canadienne. Il y aurait deux Québec, comme il y a plusieurs Congo, et il y aurait une nation ethnique québécoise habitant un de ces territoires comme le défend avec tant de ferveur Mathieu Bock-Côté.
    Ce ne serait pas la première fois que la Cour Suprême inventerait une nouvelle théorie constitutionnelle défavorisant le Québec. D’ailleurs, c’est une tendance lourde depuis l’abolition de tout recours au Conseil privé de Londres.
    Louis Lapointe
    Brossard

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2008

    C'est la volonté d'un peuple que d'être indépendant, pas celle imposée par les États-Unis.
    http://mathieudemers.blogspot.com/2008/02/vive-le-kosovo-libre.html
    En bout de ligne, ils pourront eux-mêmes décider s'ils veulent ou non de projets économiques venant d'entreprises étrangères tout comme ici. Ils auront les pouvoirs pour faire ce choix.
    Pourquoi s'opposer à l'indépendance du Kosovo alors que l'on veut la nôtre ici ?
    Comment vous sentiriez-vous si des biens-pensants indépendantistes ou gauchistes venaient à dire, dans le cas d'un Québec souverain, que les Québécois ne méritent pas d'être indépendants puisqu'ils seraient automatiquement manipulés par des forces externes ?
    Il faut savoir faire confiance en les individus qui composent les peuples. Ceux-ci ont une tête, tout comme vous, et ils savent ce qui est bon ou non pour eux, tout comme vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2008

    Messieurs Poulin et Dion,
    Vos interventions sont d'une justesse qui manque, justement, aux "politicos"
    qui prétendent nous 'diriger'. Voici la mienne, de contribution:
    http://vladimir-poutine.activblog.com/
    Allez aux articles intitulés: "La boîte de Pandore des frontières balkaniques",
    et "Kosovo: l'indépendance, et après?"
    Mon opinion sur Vladimir Poutine? Simple: Un Patriote, un vrai!!
    Claude Jodoin, Ing., Boca Raton, É.-U.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2008

    Monsieur Poulin, vous mettez le doigt sur un problème bien réel qui afflige une grande partie de nos dirigeants souverainistes : la faiblesse de leurs connaissances en géopolitique et en mécanismes de domination.
    Voici ce que j'écrivais samedi dernier à M. Gilles Rhéaume en réponse au communiqué plusieurs ont sans doute reçu où il se réjouissait de l'indépendance du Kossovo (oui, 2 s en français), avant même qu'elle soit proclamée.
    --------------------
    Cher Monsieur Rhéaume,
    Avant d'envoyer trop de fleurs au Kossovo, il serait bon de bien se documenter sur les dessous de cette « indépendance ». Il semble bien que ce sera probablement une indépendance de pacotille sous occupation étrangère, et pour longtemps vu l'état de délabrement du territoire et de l'économie. La précipitation n'est pas toujours rentable...
    Quand on commence à découvrir les faits, particulièrement les raisons de l'appui des É.U.A., on se rend compte qu'il y a pas mal de magouille très intéressée, en rapport avec le pétrole encore une fois.
    Personnellement, comme indépendantiste de longue date, je ne voudrais sûrement pas de ce genre d'«indépendance»...
    Voici quelques faits dont j'ignorais quelques éléments importants jusqu'à ce matin ! Surtout le premier...
    Sincèrement,
    J.L. Dion
    ---------------------
    Camp Bond-steel in Kosovo
    Camp Bondsteel and America's plans to control Caspian oil
    By Paul Stuart
    29 April 2002
    Is this another Guantanamo in the pristine mountains of Kosovo? What's the 21st Century term for "gunboat diplomacy?"
    Camp Bondsteel, the biggest "from scratch" foreign US military base since the Vietnam War is near completion in the Yugoslav province of Kosovo. It is located close to vital oil pipelines and energy corridors presently under construction, such as the US sponsored Trans-Balkan oil pipeline. As a result defence contractors "in particular Halliburton Oil subsidiary Brown & Root Services" are making a fortune.
    VOIR : l'article complet et des photos :
    - http://hannah.smith-family.com/archive/000959.html
    aussi :
    - http://www.globalsecurity.org/military/facility/camp-bondsteel.htm
    Et cette analyse politique de F William Engdahl dans l' Asian Times :
    Caspian pipeline opens a Pandora's box
    In this situation, it is worth looking at the overall significance of the May opening of the Baku to Ceyhan, Turkey, oil pipeline. This 1,762 kilometer long oil pipeline was completed some months ahead of plan.» (...)
    A clear strategy
    A geopolitical pattern has become clear over the past months. One-by-one, with documented overt and covert Washington backing and financing, new US-friendly regimes have been put in place in former Soviet states which are in a strategic relation to possible pipeline routes from the Caspian Sea.» (...)
    « A close look at the map of Eurasia begins to suggest what is so vital here for China, and therefore for Washington's future domination of Eurasia. The goal is not only strategic encirclement of Russia through a series of NATO bases ranging from Camp Bond Steel in Kosovo to Poland, to Georgia, possibly Ukraine and White Russia, which would enable NATO to control energy ties between Russia and the EU.
    « Washington policy now encompasses a series of "democratic" or soft coup projects which would strategically cut China off from access to the vital oil and gas reserves of the Caspian, including Kazakhstan. The earlier Asian Great Silk Road trade routes went through Tashkent in Uzbekistan and Almaty in Kazakhstan for geographically obvious reasons, in a region surrounded by major mountain ranges.»
    SOURCE : CLIC
    * * * * * * *