Sheila Copps affirme qu'elle a personnellement demandé des comptes à Claude Dauphin sur des irrégularités concernant Option Canada alors qu'elle était ministre du Patrimoine.
En entrevue à La Presse, Mme Copps révèle qu'elle avait même averti M. Dauphin qu'elle aviserait le vérificateur général s'il ne retrouvait pas la trace d'une somme de 300 000 $, une menace qu'elle a mise à exécution.
Mme Copps dit avoir découvert des irrégularités dans le programme d'Option Canada en 1997. Nouvellement arrivée à son poste de ministre du Patrimoine, elle est alors chargée de vérifier si les sommes allouées par son ministère avaient été bien utilisées.
« C'est là que j'ai observé des problèmes dans le dossier d'Option Canada. Sur un budget de 4,8 millions de dollars, il y avait 300 000 $ pour lesquels nous n'avions aucun reçu. »
Mme Copps dit qu'elle a tenté d'obtenir des explications d'Option Canada et de l'organisme qui l'a créé, le Conseil de l'unité canadienne. « Chacun nous disait d'appeler l'autre. On faisait des allers-retours. »
« C'est pour ça que j'ai personnellement téléphoné au président d'Option Canada, Claude Dauphin, continue Mme Copps. Il disait: Il n'y a pas de document. Et moi je disais: Je ne peux pas accepter qu'il n'y ait pas de document pour 300 000 $. C'est une lacune très grave. Si vous ne faites pas les vérifications, je vais envoyer ça au vérificateur général. Et c'est ce que j'ai fait. »
L'ancienne ministre du Patrimoine s'est dite très surprise de voir ressurgir cette histoire dans les journaux cette semaine. « Comme je n'en ai plus entendu parler par la suite, je croyais que le vérificateur général avait retrouvé les documents et que c'était réglé. »
Pas plus de réponse aujourd'hui
Si Sheila Copps n'a pu obtenir de réponses à ses questions en 1997, il est bien difficile, aujourd'hui, d'aller au fond de l'histoire. Option Canada a été démantelé après le référendum de 1995. Quant au Conseil de l'unité canadienne, l'organisme qui a créé Option Canada, il se dissocie complètement de l'affaire.
« Ce sont des gens d'ici qui ont mis Option Canada sur pied, mais en tant qu'organisme indépendant. Les gens qui l'ont créé se sont aussitôt retirés, et d'autres gens sont arrivés pour en prendre la responsabilité », explique Peter Cowan, porte-parole du Conseil de l'unité canadienne.
En fait, selon M. Cowan, il ne reste au Conseil de l'unité canadienne qu'un seul employé qui a travaillé à Option Canada: René Lemaire, gestionnaire du programme. Hier, à ses bureaux de l'avenue McGill, à Montréal, il brillait par son absence. Joint à son domicile de Markham, en Ontario, Len Woolsey, qui administrait le programme d'Option Canada, a quant à lui refusé de répondre aux questions de La Presse.
Un livre à l'origine du scandale?
C'est pourtant le Conseil de l'unité canadienne qui a déclenché ce nouveau scandale qui s'abat sur le Parti libéral en pleine campagne électorale. C'est lui qui a transmis des renseignements au ministère du Patrimoine du Canada, qui a ensuite communiqué avec la GRC. Mais Patrimoine Canada refuse de dévoiler la nature de ces informations.
Le Conseil de l'unité canadienne confirme qu'il a pris contact avec Patrimoine Canada en novembre dernier. Raison invoquée: l'informer que le journaliste Normand Lester enquêtait sur le dossier d'Option Canada. « Au moins de novembre, j'ai reçu un appel de M. Lester comme quoi il avait des documents sur Option Canada qu'il allait divulguer éventuellement. J'ai prévenu mes supérieurs, qui ont prévenu nos partenaires, dont le ministère du Patrimoine », explique le porte-parole Peter Cowan.
Michel Brûlé, des Éditions des Intouchables, a d'ailleurs annoncé hier que le livre en question- Les secrets d'Option Canada, rédigé par Normand Lester et Robin Philpot- sera lancé lundi prochain, trois jours plus tôt que prévu. « Enfin, on sait où est passé tout l'argent, à la cent près, et ça va être dans le livre », a dit Normand Lester lors d'une chronique à la station CKAC.
Dans son communiqué, Les Éditions des Intouchables affirme que l'affaire met en cause 5,2 millions de dollars.
Une autre tuile qui pourrait faire mal au Parti libéral
Jean-Herman Guay, professeur de sciences politiques à l'Université de Sherbrooke, croit que, après le scandale des commandites et l'affaire Goodale, la nouvelle tuile qui s'abat sur le Parti libéral pourrait lui nuire considérablement. « Cela vient renforcer le sentiment des électeurs que le Parti libéral fait mal les choses. Je ne crois pas que les électeurs vont porter un regard extrêmement attentif sur le détail de cette histoire-là. Mais c'est le sentiment que, encore, il y a un scandale, et qu'il affecte, encore, les libéraux. À mon avis, ils ont franchi la barre du trop. »
Gerstion douteuse à Option Canada
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