Sony: la Corée du Nord propose une enquête conjointe aux États-Unis

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La Corée du Nord a proposé samedi aux États-Unis une enquête conjointe sur la cyberattaque massive dont a été victime fin novembre le groupe Sony Pictures et a nié en être responsable, au lendemain de menaces de rétorsion du président Obama contre Pyongyang.
«Puisque les États-Unis répandent des allégations sans fondement et nous diffament, nous leur proposons une enquête conjointe», a indiqué le ministère nord-coréen des Affaires étrangères.
«Sans aller jusqu'à recourir à la torture comme l'a fait la CIA américaine, nous avons les moyens de prouver que nous n'avons rien à voir avec cet incident», a ajouté le ministère, cité par l'agence de presse officielle KCNA.
«Nous ne tolérerons jamais que qui ce soit insulte notre plus haute autorité», a ajouté le ministère, en référence au film «l'interview qui tue», une comédie satirique sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-un.
Sony a finalement renoncé à sortir en salles cette comédie après la cyberattaque d'envergure revendiquée par le groupe de pirates informatiques GOP («Guardians of Peace»), au cours de laquelle d'innombrables informations ont été dérobées et certaines mises en ligne.
Sony a aussi reçu des menaces évoquant les attentats du 11-Septembre pour les salles qui diffuseraient la comédie.
«Au cas où nous aurions à exercer des représailles, nous ne mènerions pas d'attentats terroristes contre des spectateurs innocents dans des cinémas mais des attaques frontales contre ceux qui se livrent à des activités hostiles» contre la Corée du Nord, poursuit le ministère nord-coréen.
Les États-Unis s'exposent à «de graves conséquences s'ils refusent notre proposition (d'enquête conjointe) et continuent de se répandre sur des supposées représailles contre nous», conclut le ministère.
Vendredi, le président Barack Obama avait promis que les États-Unis «répondraient» à la Corée du Nord, désignée comme l'auteur de la plus grave cyberattaque jamais menée dans le pays.
Parlant à la presse après que le FBI eut imputé la responsabilité de l'attaque à Pyongyang, M. Obama a affirmé que Washington ne céderait jamais devant «quel que dictateur que ce soit».
«Nous pouvons confirmer que la Corée du Nord s'est engagée dans cette attaque», a-t-il dit.
«Nous répondrons de manière proportionnée et nous répondrons à un moment, à un endroit et d'une manière que nous choisirons», a prévenu le président américain lors d'une conférence de presse, excluant qu'un autre pays ait agi avec Pyongyang.
La Corée du Sud accuse le Nord
Samedi, la Corée du Sud a accusé son voisin du Nord d'avoir mené les cyberattaques contre le groupe Sony Pictures.
Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères a en effet relevé «des similitudes entre les attaques contre Sony Pictures et celles menées contre des banques sud-coréennes et d'autres (entités) en mars l'an dernier».
Une enquête officielle avait rendu responsable l'agence nord-coréenne du renseignement de ces attaques qui avaient entraîné la fermeture complète des réseaux des télévisions KBS, MBC et YTN, et paralysé les opérations de trois banques sud-coréennes.
Séoul a indiqué être prêt à partager avec les États-Unis les informations «liées à la cyberattaque contre Sony» et à renforcer la coopération internationale pour faire face à de nouvelles menaces informatiques.
Le Japon a envoyé le même message. Un porte-parole du premier ministre Shinzo Abe a déclaré à l'AFP que «le gouvernement japonais communique étroitement avec les États-Unis et soutient leur approche sur cette question».
Barack Obama avait estimé vendredi que Sony Pictures Entertainment (SPE) avait commis «une erreur» en annulant la sortie en salles de «L'interview qui tue».
«Nous ne pouvons pas avoir une société dans laquelle un dictateur quelque part peut commencer à imposer une censure ici aux États-Unis», avait insisté le président américain.
Le patron de Sony Pictures, Michael Lynton, avait quant à lui vigoureusement défendu son groupe.
«Le président, la presse et l'opinion se trompent sur ce qui s'est réellement passé», a-t-il assuré, affirmant avoir été forcé de renoncer à sortir «L'interview qui tue!» pour Noël car les chaînes de cinéma avaient «appelé une par une» pour dire qu'elles ne le projetteraient pas, face aux menaces proférées par les pirates informatiques.
Outre le vol de données sensibles concernant SPE et la vie privée de ses employés, le piratage a «détruit» le système informatique du groupe en «rendant inopérables plusieurs milliers d'ordinateurs», a expliqué le FBI vendredi.
Il pourrait en coûter un demi-milliard de dollars au studio, selon des experts.
Pyongyang dénonce la résolution de l'ONU
La Corée du Nord a indiqué samedi qu'elle renforcerait ses capacités nucléaires, dénonçant une résolution de l'ONU appelant à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de crimes contre l'humanité commis par son régime.
Jeudi, l'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution appelant à saisir la CPI de crimes contre l'humanité commis par Pyongyang et demandant au Conseil de Sécurité d'envisager des sanctions ciblées contre ses dirigeants pour la répression menée dans le pays.
La Corée du Nord va intensifier «les efforts pour renforcer de toutes les manières possibles ses capacités d'autodéfense, y compris sa puissance nucléaire», a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué retransmis par l'agence centrale de presse nord-coréenne.
Dans ce communiqué, le ministère des Affaires étrangères a qualifié la résolution de l'ONU de «point culminant de la lamentable politique américaine d'hostilités» menée à l'encontre de la Corée du Nord, affirmant que «la dénucléarisation de la péninsule coréenne avait perdu toute pertinence».
Le mois dernier, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté une résolution demandant au Conseil de saisir la CPI au sujet d'exactions reprochées au régime nord-coréen.
La résolution, non contraignante, est largement fondée sur un rapport de l'ONU publié en février, qui concluait après une longue enquête à des exactions «sans égal dans le monde contemporain».
La Corée du Nord avait réagi en brandissant la menace d'un nouvel essai nucléaire.
Pyongyang a conduit trois essais nucléaires depuis 2006, le plus récent, en février 2013.
Lundi, le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra sa première réunion entièrement consacrée à la situation des droits de l'homme en Corée du Nord, à la demande de dix de ses 15 pays membres.
Un veto chinois à une saisine de la CPI est largement attendu.


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