Pauline Marois, qui a prononcé hier le discours d'ouverture du congrès national du Parti québecois, devrait recevoir un appui très confortable de la part des délégués ce week-end à l'occasion du vote de confiance.
Photo: Olivier PontBriand, collaboration spéciale
Denis Lessard La Presse (Québec) Le cimetière des étiquettes déborde littéralement.
De «l'étapisme» à «l'enclenchisme», en passant par «l'affirmation nationale», la «souveraineté association», avec ou sans trait d'union, le «beau risque», «l'offre de partenariat». En plus de 40 ans, l'article 1 du programme péquiste a oscillé constamment entre le plan de match quasi-militaire et le flou artistique.
Dépendant du contexte, de la personnalité du chef ou de l'humeur des militants, le parti de René Lévesque a pressé le pas, ou reporté l'objectif.
Aujourd'hui et demain, les délégués péquistes réunis pour le 16 ème congrès de leur parti, devront se prononcer sur la dernière mouture; la «gouvernance souverainiste», la stratégie de Pauline Marois. Elu le PQ tiendra un référendum «au moment jugé approprié par le gouvernement». L'étiquette est nouvelle, mais conserve des airs de déjà vu pour les vétérans souverainistes. On est proche du «moment jugé opportun» de 1989. Pauline Marois demande une marge de manoeuvre qu'avant elle, qu'avaient tenu à conserver René Lévesque, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard.
La chef péquiste est sous surveillance. «Il y a toujours eu une méfiance des militants à l'endroit de l'exécutif et du chef. Il y a toujours eu un noyau de militants très engagés, et l'exécutif du parti a toujours été plus pragmatique. Le seul chef qui n'a pas eu ces difficultés avec le parti c'est Jacques Parizeau» résumait cette semaine Martine Tremblay, proche conseillère de Lévesque, longtemps dans l'orbite des gouvernements péquistes.
«J'ai toujours connu une tension entre le parti et la direction du parti. M. Lévesque acceptait cette tension, même si cela le faisait bouillir souvent. Diriger tout en gardant ses troupes c'est pas facile. Il disait que le gouvernement n'était pas redevable au parti mais au peuple, aux électeurs», se souvient Louis Bernard.
De 1969 à 1973, les programmes du PQ restent bien vagues sur la démarche d'accession à la souveraineté. On promet une entrée «pacifique» dans la souveraineté avec un traité d'association avec le reste du Canada. «La question du «comment» n'était pas abordée à l'époque» observe Louis Bernard, autre vétéran chez les mandarins du PQ.
La confiance
En 1970, le PQ obtient 7 sièges avec 24% des voix. Lévesque est battu dans son comté toutefois.
Déjà à l'époque, après une défaite les militants péquistes veulent tester leur chef. Au congrès de février 1971, Lévesque obtiendra 80% des suffrages contre André Larocque dans la course à la présidence du PQ.
Les votes formels sur la «confiance» pour les chefs péquistes apparaîtront bien plus tard -le premier à monter sur la balance, Jacques Parizeau aura 92% en novembre 1991. En novembre 1996, fier de sa popularité Lucien Bouchard obtint un humiliant 76,7%. Impétueux il menace de quitter. Au congrès suivant, en mai 2000, il obtient 91% et démissionne... quelques mois plus tard.
Le dernier congrès péquiste remonte à juin 2005. Avec 76,2% d'appui Bernard Landry passa le relais; «ma route s'arrête ici».
Mais ce soir vers 19 heures, il n'y aura pas autant d'électricité au Palais des congrès. Pauline Marois est assurée d'avoir un appui très confortable des délégués.
La «plomberie» apparait
En 1973, a l'approche de l'élection, le PQ opte pour plus de précision. Elu le PQ s'engage à «réaliser la souveraineté par les voies démocratiques et à proposer au Canada une association économique mutuellement avantageuse». On prévoyait alors un référendum, après l'indépendance pour adopter une constitution québécoise. Le gouvernement pouvait «mettre immédiatement en branle le processus d'accession à la souveraineté» on parlait de «quelques mois» pour «la passation des pouvoirs».
Durant la campagne très difficile, les stratèges tentent un brusque changement de cap, bien mal acceuilli. «En plein milieu de la campagne on avait diffusé un document qui disait; Votons pour un gouvernement, on fera l'indépendance après. Tout le monde se rendait compte alors qu'on s'en allait dans le mur si on liait l'élection à la souveraineté» se souvient Mme Tremblay.
Après la déconfiture des élections de 73 (le PQ passe de sept à six députés même si son score grimpe à 30% des suffrages), l'influent Claude Morin, un mandarin des gouvernements Lesage et Johnson propose que l'accession à la souveraineté passe obligatoirement par un référendum.
Au congrès de 1974, le PQ s'engage à procéder par étape; élection puis référendum. C'est «l'étapisme», selon l'expression inventée par le journaliste émérite, Michel Roy.
«Morin a convaincu tout le monde Lévesque avait acheté l'idée, et dès ce moment il n'en a pas dérogé» se souvient Louis Bernard. «On ne pouvait faire quelque chose d'important comme la souveraineté avec une simple majorité de sièges, avec 40% des votes» se souvient Claude Morin. «Les anciens rinistes ont crié à la trahison, mais des sondages ont montré que 80% des Québécois étaient favorables à un référendum, se souvient Morin. L'idée fut adoptée aux deux tiers au congrès des membres.
«La plomberie apparait avec l'étapisme, on précisait une séquence d'actions. Il y avait eu un débat musclé au congrès, les militants de Montréal-centre voyaient Claude Morin comme un révisionniste» rappelle Martine Tremblay.
Le «mandat de négocier»
Les éditions du programme péquiste de 1974 et 1975 reproduisent les engagements de 1973. Au niveau politique toutefois l'affaire est entendue, et à la campagne électorale de 1976, René Lévesque s'engagera à tenir un référendum sur l'avenir politique du Québec durant son premier mandat si le PQ est porté au pouvoir.
Ce référendum aura finalement lieu le 20 mai 1980.
Mais pour les militants il comportera une surprise; les Québécois auront à se prononcer sur un «mandat de négocier» avec Ottawa l'entente Québec-Canada, un livre blanc qui avait été rendu public à l'automne 1979.
Pas de longues discussions enfiévrées devant les micros des congrès, l'affaire avait été vite entendue se souvient Morin.
En demandant aux Québécois de se prononcer plus tard sur le résultat d'une «négociation» en promettant un second référendum, «avec le mandat de négocier, le Oui prenait dix points de plus, Lévesque avait été impressionné», se souvient Claude Morin.
A cette époque, un courant de pensée s'installe, «le calendrier en granit» déplore Morin. «Ca n'a pas de sens de dire trois ans d'avance quand on tiendra un référendum, on en fait quand on estime qu'on a de bonnes chances de l'emporter».
Pour lui-même sans référendum à préparer, un gouvernement du PQ aurait «bien des choses à faire. C'est un mythe entretenu au parti qu'on ne peut rien faire à l'intérieur de la fédération. La Révolution tranquille s'est faite dans la fédération !» rappelle Morin.
Parizeau pour le «flou»
Le référendum sur «le mandat de négocier» était contraire au programme péquiste. L'édition de 1978 précise la démarche de 1976. «Un gouvernement du Parti québécois s'engage à s'assurer par la voie de référendum et au moment qu'il le juge opportun, à l'intérieur d'un premier mandat, de l'appui des Québécois sur la souveraineté du Québec».
Fait surprenant, Jacques Parizeau était alors opposé à ce que le PQ précise autant son plan de match, et s'engage «dans le premier mandat». «Il disait toujours: on ne sait pas comment les choses vont se présenter» de souvient Jean Royer, l'incontournable lieutenant de l'ancien premier ministre. L'actualité lui donnera raison. En 1979, «le PQ aurait pu facilement déclencher des élections sur un différend avec Ottawa sur la taxe de vente, la satisfaction était élevée. Il serait revenu avec un mandat plus fort, en meilleure position pour déclencher rapidement son référendum», résume Royer.
L'association
En 1980, apparaît formellement «l'association», inspirée de la «nouvelle entente» proposée dans un livre blanc à l'automne 1979. Si le Oui l'emporte, le gouvernement s'engage à «exiger (...) le rapatriement au Québec de tous les pouvoirs inhérents à un état souverain et proposer au Canada de réaliser avec lui une association d'Etats souverains».
Mais le PQ doit composer avec un adversaire inattendu; Pierre Trudeau, qui avait démissionné après sa défaite aux mains de Joe Clark, est reporté au pouvoir au tout début de l'année référendaire.
Après la sévère défaite du Oui au référendum de mai 1980, rien ne va plus. Avec l'élection incontournable, le PQ s'engage, dans un «conseil général élargi» à ne pas tenir de référendum s'il est réélu. Cette fois encore Parizeau est contre, il juge imprudent pour le Québec de s'imposer un tel carcan, de se ligoter volontairement devant le gouvernement Trudeau.
Pour sa réélection d'avril 1981, le PQ s'engage noir sur blanc dans sa plate-forme électorale à «ne pas tenir de référendum sur la souveraineté-association au cours d'un deuxième mandat». C'est l'ère du «bon gouvernement».
Pierre Trudeau avait depuis longtemps le projet de rapatrier la constitution canadienne. Il veut laisser sa marque, ajouter une Charte des droits. Le Québec fait partie d'une coalition de provinces qui s'opposent au plan fédéral, mais rapidement la fronde, «la bande des huit», se désagrège. Lévesque est «isolé et trahi, blessé», rappelle Bernard. Il revient furieux d'Ottawa, en novembre 1981. La constitution est rapatriée et la Charte des droits adoptée au printemps 1982, sans l'adhésion du Québec.
Le «Renérendum»
Piqués au vif les souverainistes décident de hausser le ton. Le congrès de décembre 1981 servira à évacuer cette rage, qu'a alimenté Lévesque par bien des déclarations. Mais la machine s'emballe. Lévesque pète les plombs quand, les militants font sauter le «trait-d'union», la souveraineté ne serait plus «conditionnelle» à une entente avec le reste du Canada. On invite l'ex-felquiste Jacques Rose à s'adresser aux délégués, il est ovationné. Jacques Parizeau se trompe de micro et parait flirter avec les radicaux. Lévesque fulmine, et prévient qu'il n'acceptera pas le verdict, le dimanche soir, publiquement, il se demande s'il restera président du PQ.
Deux mois plus tard il en appelle directement aux militants, pour «défaire le congrès» résume Bernard, c'est le «Renérendum», il obtient l'appui de 95 % des militants consultés par la poste, un taux de participation de 48% des 296,000 membres.
Le programme du PQ de février 1982 témoigne de cette partie de bras de fer: «les prochaines élections portent principalement sur la souveraineté du Québec». S'il est réélu, le PQ, «mettra en marche le processus politique et juridique devant permettre l'accession du Québec à la souveraineté», il offrira en même temps une association au Canada, «sans qu'il y ait un lien nécessaire entre les deux opérations».
Le beau risque
Ce second mandat péquiste sera pour Lévesque une descente aux enfers. En 1983, Brian Mulroney devient chef conservateur. Son ami de longue date est Lucien Bouchard, un camarade de l'Université Laval qui avait été négociateur pour le gouvernement Lévesque avec le secteur public.
Le rapprochement se fait vite, Mulroney promet de ramener le Québec dans le giron constitutionnel «dans l'honneur et l'enthousiasme». Séduit par Mulroney, un gars de Baie-Comeau, Lévesque laisse tomber l'option. La fédération canadienne «ce n'est pas l'enfer» dit-il. Surtout, les Québécois ont voté conservateur, choisi de rester dans la fédération canadienne, «c'est un risque, mais un beau risque» dira Lévesque.
En reniant ouvertement l'article 1 du PQ, Lévesque fait basculer son gouvernement. La moitié de son conseil des ministres démissionne. Les joueurs les plus importants: Jacques Parizeau, Camille Laurin, Jacques-Yvan Morin, Jacques Léonard, claquent la porte.
Le programme adopté au congrès de juin 1984 relègue la démarche souverainiste au «flou artistique». Le référendum viendra: «en prenant le temps nécessaire et en attendant le moment propice». Redevenu simple militant Parizeau est ovationné par les délégués. Quand on soumet le «beau risque» au vote, le tiers des militants quittent subitement le congrès. Lévesque, fatigué, quittera en juin 1985. Pierre Marc Johnson prend la relève.
L'affirmation nationale
Sa plate forme électorale pour le scrutin du 2 décembre rappelle assure que le PQ va «participer démocratiquement à la démarche du peuple québécois vers son avenir politique». On y rappelle la défaite référendaire de 1980, et que le PQ a «pris ses responsabilités et résolut de ne pas faire de la souveraineté l'enjeu des prochaines élections». Johnson propose plutôt le «projet d'accord constitutionnel» qu'il avait publié comme ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes le printemps précédent. C'est la semence de «l'affirmation nationale» que fait adopter le nouveau chef, Pierre Marc Johnson au congrès de juin 1987.
La souveraineté est à «l'horizon», mais n'est plus un passage obligé. L'émancipation du Québec passe par «une démarche d'affirmation nationale ferme, comme instrument de progrès et de développement du peuple québécois». On parle encore de souveraineté, mais sans calendrier.
«On voulait mettre l'énergie du PQ sur les éléments de transformation de la société québécoise. On disait dans le fonds la prochaine élection ne portera pas sur la souveraineté, il n'y aurait pas de référendum. Il valait mieux travailler sur des questions fondamentales, comme l'éducation. On commençait à s'interroger sur le rôle de l'état» résumait cette semaine Pierre Marc Johnson. «On disait que l'on peut gouverner le Québec sans prétendre qu'on va réformer les institutions dans l'immédiat» résume-t-il.
C'est à ce congrès qu'on décide au PQ que les chefs battus aux élections devront, dans l'avenir, subir un vote de confiance. Pour l'heure M. Johnson obtient une adhésion claire -il récolte 80% des votes sur son programme constitutionnel.
Mais ce résultat est lourdement trompeur, «ceux qui s'opposaient à mon programme ne s'étaient pas présentés au congrès, le débat que je souhaitais n'a pas eu lieu» déplore Johnson, «ils ont décidé d'intriguer par la suite».
Et après le décès de René Lévesque en novembre 1987, cette aile plus radicale lui montrera la porte. «Il avait remis en cause trop profondément l'article 1 du parti» résume Hubert Thibault, un conseiller de premier rang à l'époque. Mais pour le reste, constate Thibault, bien des éléments du programme de 1987, demeureront pendant quelques années dans le programme péquiste. Des propositions de Johnson, sur la nomination de trois juges québécois à la Cour suprême, seront même recyclées par Robert Bourassa et se retrouveront dans Meech.
Avec Jacques Parizeau, les souverainistes relèguent leur méfiance au vestiaire. L'ancien ministre des Finances a toujours été vu comme un partisan de la ligne dure, souverainiste «avant, pendant et après les élections». Mais Robert Bourassa vient de signer l'entente du Lac Meech -l'échec ne sera évident que trois ans plus tard. Même Jacques Parizeau choisit de rester vague ne veut pas définir de calendrier.
«Enclencher» les référendums «sectoriels»
Le programme péquiste version 1989 dit que dès son élection le gouvernement péquiste «aura la responsabilité d'enclencher le processus devant mener à la souveraineté». Mais on passera «d'abord par la voie de la négociation avec le gouvernement fédéral», on proposait aussi d'autres avenues, des «consultations populaires portant sur des pouvoirs spécifiques». Ce sont les référendums «sectoriels», Jacques Parizeau soutenait qu'il pourrait s'en tenir trois ou quatre, le dernier, portant sur une constitution québécoise «l'acte de naissance d'un Québec souverain».
La plate forme électorale de 1989 parle d'une constitution québécoise qui sera soumise à la population, sans échéance toutefois.
Éric Bédard, le fils de l'ancien ministre Marc-André, est à la tête d'une fronde qui réclame des «élections référendaires», élu le PQ aurait le mandat de réaliser la souveraineté. Parizeau s'oppose, le principe du référendum est définitivement inscrit dans la perception de la population, plaide-t-il.
Le programme de 1991, après que l'échec de Meech soit consommé, devient soudainement plus pressé. Le PQ élu fera adopter une déclaration solennelle «affirmant la volonté du Québec d'accéder à sa pleine souveraineté». On préparera une Constitution du Québec et le gouvernement devra établir après discussion avec Ottawa » l'échéancier et les modalités de transferts des pouvoirs».
Surtout, «dans les meilleurs délais le gouvernement demandera à la population de se prononcer par voie de référendum sur la souveraineté du Québec» c'est le résultat de cette consultation qui sera «l'acte de naissance du Québec souverain».
La souveraineté-partenariat
Après deux mandats, usé, le gouvernement libéral est une proie facile. Aussi, la plate-forme électorale du PQ pour les élections de septembre 1994 est encore plus précise. «Le Parti québécois a toujours la conviction qu'un référendum sur la souveraineté pourra être tenu dans les meilleurs délais après l'élection». Surtout le document précise son échéancier «dans un délai qui pourrait être, par exemple, de huit à dix mois». Le référendum se tiendra 13 mois après les élections.
Après la défaite au référendum, Parizeau quitte, Lucien Bouchard arrive. Comme chef du Bloc il avait pesé lourdement pour que l'on intègre l'idée d'une offre de «partenariat» avec le reste du Canada. Il fait entrer cette formule dans le programme péquiste en novembre 1996, une fois élu le PQ «soumettra à la population le projet de créer un pays souverain et de présenter au Canada une offre de partenariat». Il refuse d'imposer la loi 101 aux CEGEPS, les militants sont de mauvaise humeur, il obtient un humiliant 76% au vote de confiance.
Les conditions gagnantes
Rapidement une nouvelle expression fait recette. On la retrouve dans le discours, pas dans les textes. Lucien Bouchard prévient que le prochain référendum devra obligatoirement être «un référendum gagnant». «C'était sa formule, il l'a décliné rapidement, c'est devenu les «conditions gagnantes». Bouchard veut avant tout assainir les finances publiques et fait l'économie d'un long débat avec les militants. «Au printemps 1998, Jean Charest arrive avec 20 points d'avance... c'était ça l'enjeu, le rattraper. La souveraineté n'était pas au centre de la réflexion» résume Jean François Lisée, conseiller de Bouchard à l'époque.
A quelques mois de son départ, Bouchard il revient à la charge dans le programme de mai 2000. Signe des temps, aux lendemains de la Loi fédérale sur la clarté, le programme souligne qu'on applique «le seuil démocratique universellement reconnu de 50% plus 1» pour déterminer le vainqueur. Mais avec la souveraineté le gouvernement du Québec sera «tenu d'offrir au Canada un nouveau partenariat économique et politique» inspiré notamment de l'Union européenne.
Bernard Landry lui succède au printemps 2001. Il n'y a pas de mouvement en faveur de la souveraineté -elle piétinera jusqu'à l'éclatement du scandale des commandites trois ans plus tard. Plusieurs idées flottent, des jeunes péquistes proposent que le prochain référendum se tienne au moment où la population se mobilisera, sollicité par «l'initiative populaire».
D'autres péquistes jonglent avec l'idée de référendum sur le rapatriement de points d'impôts, une question référendaire posée en même temps qu'une élection générale, «à la californienne». Même Jacques Parizeau bénit «l'idée adorable», se souvient le député François Rebello, alors militant à la commission politique du PQ. Un référendum pourrait se tenir sur autre chose que la souveraineté... comme en 1988.
Landry encourage ses troupes en promettant la souveraineté «dans 1000 jours». Toutes ces avenues sont autant de ballons d'essai, aucune de ces formules n'apparaitra dans le programme du PQ.
Retourné à l'Opposition Bernard Landry doit rebrasser les cartes, s'imposer comme chef surtout depuis qu'il a laissé entrevoir son départ, «j'ai fait mon temps» avait-il dit après sa défaite de 2003. François Legault dans l'opposition est «le plus pressé, il voulait qu'on s'engage à un référendum dans les six premiers mois d'un nouveau mandat» se souvient aujourd'hui Landry, amer.
C'est la «saison des idées», qui accouche d'une formule qui parait limpide pour la tenue d'un référendum. «Le plus tôt possible, dans le mandat», l'idée est simple, l'interprétation beaucoup moins.
Encore la semaine dernière, Bernard Landry y voyait une porte entrouverte pour ne pas tenir de référendum, «possible! C'est un mot fort en français... on n'en fait pas si c'est pas possible!» explique-t-il en entrevue.
André Boisclair son successeur se sait sous haute surveillance par l'aile dure du PQ. Sans marge de manoeuvre, il n'osera pas toucher à la formule de son prédécesseur.
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