Les soldats de Valcartier à la partie des Alouettes

Sport, guerre et commandites

NON à l'aventure afghane



Aujourd'hui, près de 2000 soldats de la base de Valcartier -- qui seront déployés en Afghanistan plus tard cet été -- seront présents au stade Percival-Molson lors d'un match pré-saison qui opposera les Alouettes aux Argonauts de Toronto.
Pour Claude Rochon, vice-président aux communications et au marketing des Alouettes, il ne faut voir là qu'une entente commerciale, l'armée étant un commanditaire et un produit à annoncer comme beaucoup d'autres. Mais qu'il s'agisse de commercialisme aveugle ou d'un appui officiel de l'organisation des Alouettes à la guerre en Afghanistan, le résultat est le même, car à travers l'association de plus en plus fréquente des Forces canadiennes (FC) aux grands événements sportifs et sociaux, les buts visés sont précisément de susciter des appuis à la guerre en Afghanistan, à l'accroissement énorme des dépenses militaires et à la plus vaste campagne de recrutement des FC depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Une présence... envahissante
Au cours des prochaines semaines, l'armée s'adonnera à une offensive de relations publiques dans au moins une dizaine de villes au Québec, notamment par des cérémonies locales où le drapeau de la municipalité et celui de la mission à Kandahar seront échangés.
Ces activités se situent dans le prolongement d'une vaste campagne de visibilité de l'armée canadienne, qui l'a amenée à s'associer à plusieurs activités grand public à Montréal: le Grand Prix Champ Car en août 2006, le Marathon international de Montréal en septembre 2006, la Fête des neiges à l'hiver 2007, sans compter la visite-surprise de la coupe Stanley à Kandahar au mois de mai, accompagnée d'une vingtaine d'anciens joueurs de la LNH, dont Réjean Houle et Yvon Lambert, du Canadien de Montréal.
La présence des soldats de Valcartier à la partie des Alouettes n'est pas sans évoquer la participation intensive des FC à la semaine d'activités de la coupe Grey, à Winnipeg, en novembre dernier: transport des joueurs en véhicules militaires de l'aéroport à leur hôtel, transport de la coupe Grey à la cérémonie d'ouverture en hélicoptère militaire, acrobaties aériennes des Snowbirds et démonstration des parachutistes SkyHawks pendant le match, etc.
Faire aimer la guerre et le militarisme
Pour se gagner «les coeurs et les esprits» de la population québécoise et canadienne, l'armée joue sur plusieurs tableaux à la fois. Pour les gens que les démonstrations de force et de haute technologie impressionnent particulièrement, il y a des stands où chars de combat et autres véhicules militaires imposants peuvent être admirés et visités. Cela peut même devenir grotesque, par exemple lors d'un tirage charitable à Winnipeg dont le gagnant recevait le privilège de monter à bord d'un char Leopard pour y participer à l'écrasement d'une automobile, le tout au profit de la Fondation de l'Hôpital pour enfants de Winnipeg...
Pour les gens que le service intéresse davantage que la puissance, cadets et soldats distribuent des bouteilles d'eau aux coureurs de marathon, font l'emballage de votre épicerie dans les supermarchés d'alimentation ou vous initient aux promenades en raquettes militaires lors de la Fête des neiges.
Tout ce racolage n'apporte aucune lumière sur les véritables enjeux de l'intervention militaire canadienne en Afghanistan, qu'on cherche à nous faire avaler par simple association, en détournant le capital de sympathie dont jouissent les vedettes sportives et la convivialité des activités pour toute la famille. Le public est ainsi pris en otage, se retrouvant de facto associé à un scénario d'appui à la guerre.
Il est particulièrement inquiétant, du point de vue de la démocratie, que l'armée fasse elle-même campagne pour soutenir la politique guerrière du gouvernement et jouisse d'autant de moyens pour le faire alors que le changement du rôle international des FC vers des opérations guerrières en partenariat avec l'armée états-unienne s'est effectué sans débat public et à l'insu de la population. Nous nous retrouvons ainsi, au Québec, à payer à même nos impôts des campagnes de marketing qui ont pour but de nous imposer un point de vue contraire à celui que nous partageons majoritairement.
La guerre et l'armée partout: non merci!
C'est seulement par la mobilisation citoyenne la plus large que pourra être renversé le virage militariste de la politique étrangère du Canada et son corollaire, les campagnes envahissantes de visibilité et de recrutement de l'armée canadienne dans notre vie quotidienne. Alors que la ministre du Patrimoine canadien, Bev Oda, tarde à dépenser l'argent du nouveau programme d'appui aux festivals canadiens, les Forces canadiennes regorgent d'argent à dépenser immédiatement en commandites et font la tournée des activités et organismes en quête de ressources qui représenteraient les meilleures occasions de se mettre en valeur. Un autre exemple récent, à imiter celui-là: celui de Vélo-Québec, qui a refusé d'associer son Tour de l'île, à Montréal, à la montée du militarisme.
De la même façon, les amateurs de sport professionnel et les simples participants aux activités publiques où l'armée vient faire valoir ses missions guerrières doivent protester auprès des organisateurs et refuser qu'on tienne ainsi leur soutien pour acquis. Et les citoyens devraient faire de même auprès de la dizaine de municipalités qui ont déjà accepté en leur nom de se prêter à la cérémonie d'échange de drapeaux avec les troupes de Valcartier en partance pour Kandahar.
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Raymond Legault, Collectif Échec à la guerre*
Coalition Guerre à la guerre

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Raymond Legault1 article

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Collectif Échec à la guerre*

La position du collectif Échec à la guerre est développée dans une brochure de 44 pages intitulée Le Canada dans la guerre d'occupation en Afghanistan.





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