50 000 postes dans les technologies de l’information et des communications (TIC) seront à pourvoir d’ici l’an prochain, selon l’Association québécoise des technologies. C’est la manchette qu’on pouvait lire dans les pages économiques du Journal ce week-end.
Les pénuries de main-d’œuvre font désormais partie du paysage économique du Québec. Plusieurs reportages comme celui-ci sont venus mettre la loupe sur ce secteur névralgique où le manque d’employés commence à être critique.
Tous les métiers sont importants, mais les pénuries de main-d’œuvre ne sont pas d’égale gravité pour la santé de notre économie. Nous avons vu du manque de personnel forcer des réductions d’heures d’ouverture dans la restauration rapide. C’est bien plate, si le Tim Hortons du coin est fermé à une certaine heure, il faudra faire un coin de rue de plus pour avoir un café. Mais ce n’est pas une réelle crise.
Virage numérique
Par contre si les grandes entreprises du Québec ratent le virage numérique ou ratent le défi de l’intelligence artificielle, cela pourrait conduire à des catastrophes. Si Couche-Tard rate le virage numérique faute d’avoir les bonnes ressources disponibles en TIC, comment notre géant pourra-t-il faire face à un super géant comme Amazon ?
L’intelligence artificielle et le virage numérique ne sont plus seulement l’affaire des compagnies de technologie. Toutes les grandes entreprises doivent y voir. Les grands du commerce de détail, les banques, le Mouvement Desjardins, Industrielle Alliance, les manufacturiers sont engagés dans la même course.
Non seulement la croissance de ces entreprises pourrait être freinée par l’incapacité à trouver les ressources technologiques, mais leur position concurrentielle risque aussi d’être fragilisée. C’est le plus grave. Rater un virage technologique peut être fatal, parlez-en à Sears.
Et tous ces joueurs sont confrontés à la même problématique. Le manque de programmeurs et d’informaticiens capables de mener à bien les projets. Malgré les efforts du gouvernement pour appuyer le virage numérique, une solution miracle au problème de la main-d’œuvre ne point pas à l’horizon.
Se tirer dans le pied
C’est dans ce nouveau contexte qu’il faut maintenant analyser les crédits d’impôt très généreux offerts à l’industrie des jeux vidéo. Les contribuables québécois versent des millions à des entreprises étrangères pour prendre nos talents.
Dans un univers de chômage élevé, on pourrait toujours dire qu’on fait travailler ces jeunes-là. Cependant, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, nous détournons des gens très recherchés vers des entreprises dont tous les profits sont dégagés à l’étranger pendant que nos joueurs locaux souffrent du manque des mêmes talents.
Les subventions dans ce secteur sont généreuses. Prenons l’exemple d’un salaire de 100 000 $ versé à un employé d’Ubisoft, le gouvernement du Québec verse un crédit remboursable de 37 500 $. Pas mal.
Ces subventions ont permis de créer beaucoup d’emplois au Québec... des emplois subventionnés. Des réussites québécoises ? Assez peu. Le secteur est basé sur des entreprises étrangères qui collectent nos subventions.
Nous sommes peut-être devant un de ces exemples où le gouvernement réussit l’exploit de se mettre un doigt dans l’œil, malgré qu’il ait les deux mains dans nos poches.