Sur la bonne voie...

La recherche économique et l'expérience internationale ont toutes deux montré que la prestation privée et concurrentielle de services médicaux produit des soins de meilleure qualité que l'actuel système monopolistique de prestation publique, tout en étant plus rentable.

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Commission Castonguay

Le rapport de la commission Castonguay contient à la fois de bonnes et de mauvaises idées, proposant des mesures qui ont fait leurs preuves dans certains pays, comme la Suède, mais faisant erreur en préconisant d'augmenter les impôts pour financer les soins de santé. Ce dont notre régime de santé a besoin, ce n'est pas un surcroît de financement, mais une véritable réforme.

Sur l'échelle du coût des régimes d'assurance-maladie universels (une fois pris en compte les groupes d'âge de la population), celui du Canada se classe au troisième rang de l'ensemble des pays développés. Or, même à ce prix, l'accès aux soins de santé y est insuffisant. Et s'il semble meilleur au Québec que dans certaines autres provinces, il reste inférieur à celui de la majorité des pays de l'OCDE malgré un coût plus élevé que dans la plupart d'entre eux.
Heureusement, le ministre de la Santé, Philippe Couillard, a rejeté deux des principales recommandations visant le financement du réseau - soit une hausse de la taxe de vente et l'imposition d'une franchise annuelle aux citoyens.
Cependant, le ministre s'est montré peu enthousiaste envers plusieurs recommandations qui méritent d'être davantage explorées, telles que la gestion et la propriété privées et indépendantes d'hôpitaux fournissant des soins publics. La recherche économique et l'expérience internationale ont toutes deux montré que la prestation privée et concurrentielle de services médicaux produit des soins de meilleure qualité que l'actuel système monopolistique de prestation publique, tout en étant plus rentable.
Accès universel
En autorisant parallèlement le financement privé des soins de santé, on ne contrevient d'ailleurs aucunement au principe d'accès universel sans égard à la capacité de payer. Un régime privé parallèle offre tout simplement un autre choix aux citoyens dont les besoins ne sont pas satisfaits par le régime public. Il permet aussi de libérer certaines ressources du régime public et de créer, en matière de financement, une concurrence qui profite autant à ceux qui préfèrent payer pour des services privés qu'à l'ensemble des citoyens.
Et en permettant aux citoyens de préfinancer leurs soins de santé en versant des cotisations à long terme, l'assurance privée offre aux groupes à faible revenu la possibilité d'accéder à des soins privés. Elle permet aussi à ceux qui le désirent d'acquitter sur la durée une cotisation préétablie plutôt que de payer un prix plus élevé et moins prévisible lorsqu'ils ont besoin de soins.
Pour ce qui est des allégations selon lesquelles les médecins réduiraient leur prestation de services publics, elles sont trompeuses, car elles supposent que les médecins québécois ne peuvent fournir davantage de services que dans le cadre du régime actuel. Or, malgré la relative pénurie de médecins au Québec, beaucoup d'entre eux ont difficilement accès aux salles d'opération ou ne peuvent soigner certains patients en raison des limites et quotas provinciaux.
Autre bonne idée de la commission: le partage des coûts sous forme de frais accessoires (c'est-à-dire de frais applicables à chaque visite chez le médecin). Selon quantité d'études et de données internationales, les patients directement responsables d'une partie du coût des soins prennent en effet des décisions plus éclairées quand vient le temps de recourir au régime de santé. Cette mesure favorise l'accès des autres patients tout en permettant des économies dans d'autres secteurs. Surtout, elle n'a aucune incidence sur la santé de la population si les groupes à faible revenu en sont exemptés.
En suivant certaines recommandations indiquées par la commission Castonguay, les Québécois pourraient bénéficier un jour d'un régime d'assurance-maladie universel leur offrant un accès rapide à des soins de santé de grande qualité. Certes, la commission aurait pu aller plus loin en s'inspirant des politiques de santé de certains pays comme la Suisse, où il n'existe aucune liste d'attente pour accéder à des soins de tout premier ordre, mais son rapport constitue à n'en pas douter un pas dans la bonne voie.
(Photo La Presse)
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Nadeem Esmail
L'auteur est directeur des études sur la performance des systèmes de santé à l'Institut Fraser.
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Directeur des études sur la performance des systèmes de santé à l’Institut Fraser.





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