Notre sémillant Président a de grandes ambitions : dénouer les crises internationales, apaiser les tensions, discuter avec toutes et tous, bref, se rendre indispensable parmi les grands de ce monde.
Pour son G7 de Biarritz, il a tenté un grand coup : inviter le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif. Celui-ci s’est, en effet, présenté dans les coulisses du G7, dimanche après-midi, où il a pu rencontrer son homologue français Jean-Yves Le Drian et, plus brièvement, Emmanuel Macron. Les diplomates français ont rapporté que les discussions avaient été « positives » et devraient se poursuivre. Ça ou rien…
La présidence française a fait savoir que tous les dirigeants du G7 avaient été informés au préalable, à commencer par Donald Trump. La Maison-Blanche a démenti dans un premier temps mais, finalement, Trump a déclaré, lundi matin : « J’ai été au courant de tout ce qu’il faisait et j’ai approuvé », ajoutant « Je lui ai dit : allez-y ».
L’opération Iran sera donc le coup spectaculaire de ce G7 lénifiant, mais malgré l’accord verbal de Trump, cela ne servira évidemment à rien.
Trump campera d’autant plus sur ses positions qu’il est déjà en campagne électorale pour préparer sa réélection (pas si improbable qu’espéré par les autres dirigeants). L’Iran est un bon objectif sur lequel il y a un vaste consensus aux États-Unis et la dénonciation de l’accord nucléaire signé par Obama était dans le programme de Trump. Cette volonté de tenir ses promesses de campagne, si inhabituelle chez nous, décontenance d’ailleurs notre bon Président : « C’est très simple, avec Donald Trump. Quand c’est un engagement de campagne qu’il a pris, vous ne pouvez pas le faire revenir en arrière », a-t-il déclaré peu avant le sommet, selon Le Figaro. Où allons-nous, en effet, si, une fois élu, il faut faire ce qu’on a dit ?
En dehors de ce coup médiatique, la caractéristique principale de ce sommet, c’est qu’il n’intéressait personne. Pas les peuples, bien sûr, mais ni les dirigeants présents non plus, car ils ont des sujets beaucoup plus importants en tête. Car outre Trump et sa réélection, Boris Johnson doit organiser son Brexit, Trudeau le Canadien a une difficile élection en vue à l’automne, l’Italie est en pleine crise institutionnelle, Merkel est en fin de règne et politiquement paralysée et le Japon est dans une situation économique plus que délicate. Alors, le G7…
Il faut tout de même reconnaître à Emmanuel Macron le mérite de vouloir faire bouger certaines lignes, non seulement sur l’Iran mais aussi sur la Russie. Il a ainsi évoqué – Trump l’avait, d’ailleurs, fait avant – la possibilité d’un retour de celle-ci dans le G7, qui redeviendrait ainsi le G8 d’antan. Il s’est naturellement heurté, mais il devait le savoir, à une levée de boucliers, en particulier du Canadien Trudeau. Ce dernier est confronté à un scandale important dans son pays qui a entraîné plusieurs démissions dans son entourage le plus proche, mais cela ne l’empêche pas de donner des leçons de morale. Quant à Donald Tusk, le président polonais (mais ultra-fédéraliste) du Conseil de l’Europe, il propose que l’Ukraine remplace la Russie… Pourquoi pas le Monténégro ?
La vérité, c’est ce que ce G7 ne correspond plus à grand-chose aujourd’hui. Créé par Valéry Giscard d’Estaing, il est franchement décalé par rapport à la réalité économique actuelle. Il ne pèse pas la moitié du PNB mondial et les quatre pays principaux qui n’en font pas partie pèsent plus que le G7 : la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil.
Un prochain G7 est d’ores et déjà programmé en 2020, à Miami. À défaut de résultats, il y aura la plage.