Le géant suisse des matériaux de construction LafargeHolcim a admis avoir conclu des arrangements «inacceptables» pour assurer la sécurité d'une cimenterie en Syrie, déchirée par la guerre, en 2013 et 2014.
LafargeHolcim reconnaît que sa filiale en Syrie, qui appartenait à l'époque au français Lafarge, «a remis des fonds à des tierces parties afin de trouver des arrangements avec un certain nombre de ces groupes armés, dont des tiers visés par des sanctions». Le groupe n'a pu, cependant, établir les destinataires finaux.
Selon Le Monde, qui avait révélé l'affaire, ces arrangements auraient profité à l'Etat islamique (EI).
Alors que la guerre civile prenait de l'ampleur dans le pays, «la détérioration de la situation politique en Syrie a entraîné des défis très difficiles quant à la sécurité, les activités de l'usine et les employés», souligne LafargeHolcim.
«Cela incluait des menaces pour la sécurité des collaborateurs ainsi que des perturbations dans les approvisionnements nécessaires pour faire fonctionner l'usine et distribuer ses produits. Rétrospectivement, les mesures prises pour poursuivre les activités de l'usine étaient inacceptables», admet le groupe.
«Les responsables des opérations en Syrie semblent avoir agi d'une façon dont ils pensaient qu'elle était dans le meilleur intérêt de l'entreprise et de ses employés. Néanmoins, l'enquête révèle des erreurs de jugement significatives en contradiction avec le code de conduite alors en vigueur», ajoute-t-il.
La cimenterie en cause est située à Jalabiya, à 150 kilomètres au nord-est d'Alep. Elle avait été achetée par le français Lafarge, qui a depuis fusionné avec le Suisse Holcim, en 2007 et mise en route en 2010.
Suite aux révélations du Monde, plusieurs ONG, puis le ministère de l'Economie, ont porté plainte contre le cimentier, l'accusant notamment de financement du terrorisme et d'avoir enfreint les sanctions édictées par l'Union européenne contre le régime de Bachar al-Assad.
Le groupe cimentier est visé par une enquête préliminaire ouverte en octobre, suite à des plaintes d'ONG et de Bercy.
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