Les manifestants en France et partout dans le monde étaient beaux à voir. C’est une émotion unanime qui les porte: l’attaque contre Charlie Hebdo en est une non seulement contre la France, mais contre la civilisation occidentale. Mais derrière l’unanimité de façade, on entend déjà le cri habituel d’une partie de nos élites intellectuelles: Charlie Hebdo est une triste victime, mais nous sommes les vrais coupables.
Ce discours s’exprime ainsi: les jeunes qui se jettent dans les bras de l’islam radical le font par désespoir. Ils voudraient bien réussir leur vie comme tout le monde en Occident. Mais ils seraient victimes d’exclusion sociale, identitaire et économique. Alors ils se tourneraient vers des fanatiques exploitant cyniquement leur détresse. Lorsqu’ils finissent par nous canarder, nous devrions d’abord nous en blâmer, en comprenant les «causes profondes» de la haine.
Ce discours vient quelquefois des gouvernements. En novembre dernier, le gouvernement Couillard se proposait de «prévenir l’exclusion et cibler les propos et les gestes haineux ainsi que les comportements discriminatoires envers les religions pouvant mener à la radicalisation». En un mot, «l’islamophobie» pousserait à l’islamisme. Ce discours, on l’a aussi entendu à la télévision par Haroun Bouazi, président de l’AMAL et leader musulman québécois.
Autoflagellation
Nous avons tellement intériorisé que l’Occident est le grand méchant qu’on ne parvient pas à l’imaginer comme victime d’une agression imméritée. C’est ainsi qu’on expliquera que si les gens de Charlie Hebdo ne méritaient pas leur giclée de balles, on se demandera s’ils n’avaient pas cherché le mauvais sort en caricaturant Mahomet? Dans les écoles françaises, de nombreux enseignants ont entendu des enfants musulmans tenir ce discours effrayant.
Si tous les citoyens sont naturellement égaux devant la loi, l’islam, qu’on le veuille ou non, est de très récente implantation dans les sociétés occidentales. Ceux qui s’en réclament savent dans quel monde ils arrivent. Les Occidentaux devraient-ils redéfinir la liberté d’expression, qui est le sel de leur civilisation, pour ne pas heurter les convictions des musulmans, et surtout, des islamistes qui confisquent publiquement leur parole et prétendent frauduleusement les représenter?
Cette manie de se rougir les genoux, de prendre le blâme, de demander pardon pour des fautes que nous n’avons pas commises, de s’autoflageller publiquement, elle vient d’un mélange de mauvaise conscience et de peur. La première nous amène à donner du crédit à ceux qui nous vomissent. La seconde nous pousse à nous coucher. Comme si on craignait les conséquences de se tenir debout. À moins que nous en soyons incapables?
Mal imaginaire
L’islamophobie est un mal imaginaire. On en accuse pourtant ceux qui questionnent la difficile intégration de l’islam en Occident. On en accuse aussi ceux qui critiquent la religion musulmane. On en accuse même ceux qui critiquent l’islamisme. La réalité est plus brutale: l’islamisme est en guerre contre l’Occident. Lorsqu’il devient radical, dans ses franges extrêmes, il est gagné par une tentation terroriste. Et on ne gagnera pas cette guerre en se bandant les yeux.
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