Dimanche, Pauline Marois déclarait avoir fait campagne pour gagner l'élection partielle d'hier dans Bonaventure, et non pas simplement pour réduire l'écart avec les libéraux.
Il est vrai que le PQ avait une côte abrupte à remonter, mais celle de Mme Marois l'était plus encore. Même si elle s'est investie corps et âme au cours des dernières semaines, la chef péquiste a toujours refusé d'y voir un test pour son leadership. Le problème est que ce n'est pas à elle, mais à ses militants d'en décider, et plusieurs vont conclure qu'elle a échoué.
Il y a un an, elle aurait sans doute pu présenter une progression de 8 points comme une performance méritoire sur une terre ingrate. Au point où en sont ses relations avec son parti, cela risque d'être trop peu et trop tard.
Face à un gouvernement aussi impopulaire, qui a multiplié les scandales, il s'agit d'une véritable gifle, qui est de très mauvais augure pour les prochaines élections générales. En 1998, année des dernières élections générales remportées par le PQ, Marcel Landry avait perdu contre Mme Normandeau avec 46,5 % des voix. À 37,2 %, on est loin du compte.
Ce sera encore bien pire quand la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault sera sur les rangs. Un sondage effectué dans Bonaventure à la fin de novembre indiquait que la CAQ aurait arraché proportionnellement deux fois plus de voix au PQ qu'au PLQ.
Hier soir, Mme Marois a clairement manifesté son intention d'être toujours là aux prochaines élections générales, mais d'autres de ses députés pourraient maintenant en venir à la conclusion qu'à défaut d'un changement de chef, leur avenir passe par un changement d'allégeance.
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Le candidat du Parti vert, Jean Cloutier, en avait surpris plusieurs, à commencer par son chef, Claude Sabourin, en invitant les électeurs souverainistes à voter pour le PQ afin de barrer la route aux libéraux.
En pleine campagne, il était un peu tard pour songer à une coalition, mais les 9 % obtenus par Québec solidaire devraient néanmoins faire réfléchir ceux qui, au PQ, semblent y voir un véritable pacte avec le diable.
Dans une circonscription qui n'a pas la réputation d'être un terreau très fertile pour la gauche, QS a presque triplé son score de 2008. On dit que sa candidate, Patricia Chartier, a mené une bonne campagne, mais elle est clairement allée chercher des voix qui se seraient jadis reportées sur le PQ.
Il fut une époque où les artistes appuyaient massivement le PQ. Cette fois-ci, c'est Mme Chartier qui s'est affichée en compagnie de Richard Desjardins et de Kevin Parent, sans parler d'une trentaine de médecins de la région, tous favorables à la proposition de QS d'accorder aux municipalités un droit de veto sur les projets miniers. Ce qui s'est passé hier dans Bonaventure risque de se reproduire dans des circonscriptions urbaines où les chances du PQ sont en principe meilleures.
Amir Khadir, qu'on dit favorable à des alliances ponctuelles avec le PQ, avait éliminé cette possibilité d'entrée de jeu dans Bonaventure en déclarant que c'était au PQ de laisser le champ libre à son parti. Même si Mme Marois a jadis jonglé avec l'idée d'une coalition, il lui aurait été bien difficile d'affirmer son leadership en s'effaçant.
Une coalition progressiste et souverainiste fait partie des propositions qui ont été transmises à la direction du PQ en prévision du conseil national, qui doit se pencher à la fin de janvier sur la «nouvelle façon de faire de la politique».
À en juger par la vive réaction du caucus péquiste quand deux députés, Stéphane Bergeron (Verchères) et Sylvain Pagé (Labelle), ont accepté de participer à une activité organisée par QS, il est à craindre que le projet soit expédié aux oubliettes avant même que les militants péquistes en soient saisis.
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Le premier ministre Charest a tout lieu d'être satisfait et soulagé. Au cours des dernières semaines, il a effectué le virage plus difficile de ses huit ans de règne en se résignant à la création d'une commission d'enquête sur la corruption dans l'industrie de la construction.
Le dernier rapport du vérificateur général sur l'octroi des places en garderie a également ravivé l'impression d'un gouvernement dont les intérêts partisans priment les règles d'éthique publique les plus élémentaires. Rien de cela n'a semblé indisposer les électeurs de Bonaventure. Il est franchement troublant de penser que l'alternative ait pu leur sembler encore moins séduisante.
Quant à l'ADQ, les électeurs de Bonaventure semblent avoir pris acte à l'avance de sa future disparition. Chose certaine, les maigres 2,2 % recueillis par Georges Painchaud, qu'on a dû parachuter faute de candidat local, ne sont pas de nature à renforcer la position de Gérard Deltell dans ses négociations avec M. Legault.
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