RABASKA

Un deuxième Suroît

Rabaska

L’Association québécoise pour la lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) demande au gouvernement du Québec de décréter un moratoire sur les deux projets de ports méthaniers, en attendant qu’un comité d’experts reconnus se penche sur la question. (Le Soleil, Erick Labbé)


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Pierre-André Normandin - Après avoir reçu le rapport du BAPE comme une gifle en plein visage, les opposants à Rabaska appellent à la rescousse les groupes environnementaux de la province. La Coalition Québec Vert Kyoto, qui en regroupe une soixantaine, s’apprête à lancer une véritable « guerre » aux projets de ports méthaniers inspirée de la lutte menée à la centrale du Suroît en 2004.


« On a chanté et dansé toute la fin de semaine aux (spectacles) Live Earth pour dire que la planète s’en va à la dérive et, là, on dit qu’il n’y a pas de problème (avec le gaz naturel) ! » a dénoncé en conférence de presse Daniel Breton, de Québec Vert Kyoto.
Déçus du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE), les verts n’entendent pas limiter leurs protestations au projet de Lévis. « C’est contre le concept même de port méthanier qu’on est contre. C’est pas Rabaska, non, et Cacouna, oui », a indiqué Daniel Breton.
Les environnementalistes veulent dénoncer l’incohérence du gouvernement québécois qui, d’un côté, se vante de ses engagements envers le protocole de Kyoto, mais de l’autre, favorise une énergie polluante.
« Au moment où le gouvernement du Québec admet que son plan de GES ne lui permettra pas d’atteindre Kyoto, que le gouvernement canadien renie Kyoto, on est obligés de lancer un appel à la mobilisation générale de la société québécoise. Les enjeux sont trop importants et on n’a pas pris le temps de les analyser », a déploré André Bélisle, de l’Association québécoise pour la lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA). Selon ce dernier, l’ajout des projets Rabaska et Gros Cacouna provoquera l’émission annuelle de 24 millions de tonnes de gaz à effet de serre (GES).
À contre-courant

Dans sa Stratégie énergétique du Québec 2006-2015 dévoilée en mai 2006, le gouvernement Charest annonçait son intention de « diversifier les sources d’approvisionnement de gaz naturel par la mise en place de terminaux méthaniers ».
Or, la province se trompe en prenant le virage du gaz naturel pour assurer sa sécurité énergétique, estiment les verts. « Les Américains sont en train d’accroître leur indépendance énergétique en prenant plus de charbon, plus de solaire, plus d’éthanol. Et nous on s’en va dans le sens contraire. C’est complètement fou », s’est indigné M. Breton.
L’instabilité des sources d’approvisionnement en gaz naturel empêche d’assurer toute sécurité énergétique, a-t-il poursuivi. Il rappelle les problèmes de l’Europe qui a fait face à deux pénuries potentielles de gaz naturel ces dernières années. « La Russie avait menacé de fermer les valves s’ils n’acceptaient pas de payer plus cher. Sinon, c’est l’Algérie qui a des problèmes de terrorisme interne. Et nous, on veut diversifier nos sources d’énergie avec ça ? »
Le BAPE reste silencieux
Vertement critiqué hier, le BAPE s’est refusé à tout commentaire. Québec comptant sur le rapport publié jeudi pour justifier sa réponse, les opposants ont continué à attaquer le travail des commissaires. « Pourquoi le gouvernement n’a pas engagé d’experts ? Pourquoi la Régie de l’énergie ne se prononce pas ? Parce que Cacouna aurait été refusé. Parce que Rabaska ne passerait pas. Parce qu’on oublierait à jamais Grande Anse », a lancé le porte-parole de Rabat-joie, Yves Saint-Laurent.
« Le BAPE a perdu énormément de crédibilité en se prêtant à un processus sachant qu’il manquait les données de base », a commenté pour sa part André Bélisle. L’AQLPA demande donc à Québec de créer un « comité d’experts reconnus » pour se pencher sur la nécessité de deux projets de ports méthaniers. En attendant, juge-t-il, Québec devrait décréter un moratoire sur ces projets.


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