Un plan laissé au hasard

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Budget de MJF - mars 2009

La ministre des Finances du Québec, Monique Jérôme-Forget

- La situation économique se dégrade rapidement. D'ailleurs, le budget du Québec 2009-2010 s'appuie sur une croissance du PIB réel de -1,2% alors que les plus récentes prévisions du secteur privé s'alignent maintenant vers une fourchette de -2% à -2,5%. La Réserve fédérale américaine annonçait plus tôt cette semaine qu'elle imprimerait de la monnaie pour relancer l'économie, ce qui donne le signal que plusieurs autorités monétaires et gouvernementales de partout dans le monde en sont arrivées aux solutions de dernier recours.
Il semble que la ministre des Finances fait le pari que les efforts déployés par les autres gouvernements, en particulier le plan Obama et les actions prises par le gouvernement fédéral, se répercuteront positivement sur notre économie. Aucune des mesures annoncées ne parviendra à donner un électrochoc à l'économie du Québec. Le plan de relance énergique, rapide et avec des effets multiplicateurs importants tant espéré n'est pas arrivé. Il est maintenant assez clair que l'économie du Québec va poursuivre son déclin et qu'elle mettra plus de temps à se remettre de la récession.

Il serait malhonnête de dire que rien n'est fait. Il y a certes dans ce budget des actions prises pour soutenir les entreprises et les travailleurs ou pour préparer le Québec pour la relance. Le coût total pour le gouvernement des nouvelles mesures de soutien à l'économie annoncées pour 2009-2010 s'élèvera à 242 millions. On aurait espéré davantage. Le gouvernement soutient, favorise, bonifie, préserve, prolonge différents programmes ou fonds, mais n'agit pas directement.
Il est louable de soutenir les chômeurs et ceux qui ont besoin de formation, mais il serait encore mieux d'éviter qu'ils perdent leur emploi. Il est important que les entreprises puissent avoir accès à du capital et que le gouvernement offre sa capacité d'emprunter pour rendre disponibles des liquidités. Cependant, les conditions économiques actuelles ne sont pas propices aux investissements parce que la demande en biens et services s'effondre.
À notre avis, l'inaction actuelle risque d'être très coûteuse à moyen terme pour le Québec. La province fonctionne sous son potentiel de croissance et une intervention rapide et efficace de l'État aurait eu l'avantage de ramener plus vite l'économie vers son potentiel de production. Les investissements réalisés jusqu'ici par le gouvernement ont permis au Québec de mieux s'en tirer. Ils ont donc prouvé que le gouvernement peut avoir une influence sur l'activité économique par ses actions directes.
La détérioration rapide de la situation financière du Québec a fait disparaître la marge de manoeuvre du gouvernement. Ce dernier abdique devant l'ampleur de la chute de l'économie et s'en remet maintenant aux actions prises par les autres gouvernements pour limiter les dégâts.
On a préféré ne pas augmenter davantage la dette qui retourne déjà à un niveau près du record de la fin des années 90. La conclusion la plus triste de cet exercice budgétaire est que la situation financière du Québec est dans un état si difficile, voire lamentable, que les actions gouvernementales sont paralysées. Les choix futurs en seront d'autant plus douloureux.
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François Dupuis
L'auteur est vice-président et économiste en chef aux Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins.

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Vice-président et économiste en chef aux Études économiques du Mouvement des caisses Desjardins.





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