À quelques jours de la présentation du budget par la ministre des Finances, les 135 hôpitaux, centres de santé et de services sociaux et CHSLD publics du Québec rappellent que la conjoncture économique ne doit pas conduire à une diminution du budget accordé à la santé et aux services sociaux. Réduire ce budget aurait des impacts négatifs sur l'accessibilité aux soins et aux services pour la population.
La crise financière ne réduira pas les besoins des Québécois. Au contraire. Selon l'Organisation mondiale de la santé, la récession aurait des effets importants sur la santé des individus, notamment une augmentation des mauvaises habitudes de vie et des maladies mentales.
Depuis cinq ans, le gouvernement a consenti des efforts appréciables pour financer la santé et les services sociaux. La croissance des dépenses dans ces programmes répond d'abord à une logique de besoins. Par exemple, le vieillissement de la population et la multiplicité des maladies chroniques exercent une pression à la hausse sur la quantité de services et de soins à prodiguer et, donc, sur les dépenses des établissements.
À cela s'ajoutent l'augmentation des coûts des médicaments (+ 8 %), le rattrapage salarial accordé aux médecins (+ 11 %), les augmentations de salaire aux 240 000 employés du réseau (+ 2 %) et les hausses liées à l'indexation. Faire face à ces coûts nécessite une augmentation minimale de 1,14 milliard de dollars du budget de la santé et des services sociaux. Même si ce montant semble énorme, il permet seulement au réseau de maintenir au niveau actuel les services à la population.
Davantage de soins à donner
Les membres de l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) sont conscients que la crise économique que nous traversons influera sur les revenus du gouvernement et, par conséquent, sur sa capacité de payer. Mais il y a des obligations auxquelles il faut faire face, notamment celle de permettre un meilleur accès à un médecin de famille.
En 2009-2010, le réseau de la santé et des services sociaux devra donner davantage de soins à domicile à près de 190 000 personnes en perte d'autonomie. Il faudra aussi ouvrir de nouvelles places d'hébergement pour libérer des lits dans les hôpitaux. Cela aidera à désengorger les urgences.
Pour donner suite aux engagements gouvernementaux, il faudra aussi intervenir auprès de milliers d'enfants, de jeunes et de familles en difficulté et venir en aide aux personnes souffrant de problèmes de dépendance à la drogue, à l'alcool ou au jeu. Nous devrons offrir soutien et services aux personnes vivant avec des problèmes de santé mentale, de déficience intellectuelle ou de troubles du développement. Cela demandera des investissements supplémentaires.
Pour alléger le poids de la santé et des services sociaux dans le budget, les administrateurs et les gestionnaires d'établissements proposent de doter le réseau de nouveaux leviers permettant d'améliorer la performance des établissements, de mieux utiliser les ressources ou d'offrir davantage de services.
La création d'un fonds de soutien à l'amélioration de la performance stimulerait la réalisation de projets générant, à terme, des économies et dont les résultats pourraient être applicables dans plusieurs établissements. Ce fonds devra être administré de manière à rendre rapidement disponible le financement nécessaire pour lancer des projets.
Une autre façon de stimuler la performance et d'améliorer l'accès aux soins et la qualité des services serait de financer l'implantation du Dossier clinique informatisé (DCI) ou «dossier patient informatisé» à même le Plan québécois d'infrastructures. Un tel programme permettrait de créer 8000 emplois dans le secteur des technologies de l'information. Le Québec pourrait d'ailleurs utiliser les fonds consacrés à ce type d'infrastructure dans le dernier budget fédéral.
Le gouvernement a fait de la santé sa priorité et a réitéré cet engagement lors de la dernière campagne électorale. La situation économique actuelle ne doit pas le détourner de ses objectifs de favoriser l'accès aux soins et aux services, notamment en réduisant les listes et les délais d'attente, surtout au moment où la population commence à en récolter les fruits. Il faut garder le cap.
L'AQESSS représente 135 établissements publics, soit l'ensemble des centres hospitaliers, centres hospitaliers universitaires (CHU), centres hospitaliers affiliés (CHA), centres affiliés universitaires (CAU), instituts, centres de santé et de services sociaux (CSSS) et CHSLD.
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Lise Denis, Directrice générale. Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux
Alex G. Potter, Président
Budget du Québec
Ne touchez pas à la santé et aux services sociaux
Budget de MJF - mars 2009
Alex G. Potter2 articles
Président de l'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS*)
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