Les résidences de Jean Charest valent 2 056 800$

Un politicien québécois peut-il se permettre un tel luxe?

résidences de Jean Charest


Il y a bien des rumeurs, des bruits de coulisses et des histoires de toutes sortes qui circulent dans le mouvement indépendantiste à l'égard des résidences de Jean Charest. Certains soutiennent dur comme fer que le « chalet » de Jean Charest qui est situé à North Hatley lui a été « donné » par d'obscurs décideurs fédéralistes en 1998 afin qu'il vienne au Québec briser les reins du gouvernement séparatiste de Lucien Bouchard. Un pont d'or comme on dit dans le jargon.
Patrick Bourgeois, Le Québécois, vol. 6 #4
Cette histoire, j'en avais d'ailleurs fait mention dans mon livre We are Québécois when ça nous arrange (Les Intouchables) en 2005. Des personnalités très crédibles mais désirant conserver l'anonymat m'avaient assuré de la véracité de l'histoire. Je me sentais donc suffisamment en confiance pour la mentionner au passage, alors que je brossais le portrait du pseudo Québécois qu'est John James Charest. Mais sans plus. Depuis quelques mois, je me promettais bien de fouiller ce dossier davantage.
En effectuant de nouvelles recherches, je fus confronté à une première bizarrerie. Du côté de North Hatley, on refusa tout net de me remettre le dossier municipal de la résidence secondaire de Jean Charest. On me dit que cela n'était pas du domaine public. Très bien. La Loi d'accès à l'information n'a pas été inventée pour les chiens. Je m'en servis donc et j'obtins ce que je désirais. Le dossier qui me fut expédié et qu'on me disait être celui de Jean Charest bien que son nom y fut biffé établissait la valeur du « chalet » de cèdre à 746 000$. Le terrain, lui, vaut 386 200$. Au total, la résidence secondaire du premier ministre s'établit à 1 132 800$. On est très loin d'une cache de chasse, c'est le moins que l'on puisse dire. Une autre bizarrerie survint lorsque je constatai que du côté de Westmount, on me fit parvenir toutes les informations dont j'avais besoin sans que j'eus besoin pour cela de recourir à la Loi d'accès à l'information. Et on ne biffa pas les noms de Jean Charest et de son épouse Michèle Dionne dans les documents qu'on me remit gentiment.
J'appris ainsi que la résidence principale du premier ministre vaut moins que son « chalet ». De fait, la résidence de Charest située au 660 Victoria (un nom de rue qui lui était assurément prédestiné!) vaut, selon la toute nouvelle évaluation municipale 494 000$, alors que le terrain sur lequel elle se trouve vaut 430 000$. Une valeur totale de 924 000$ donc. Et de telles estimations ne tiennent pas compte de la pratique de la sous-évaluation qui est pratiquée dans les municipalités afin de maintenir les taxes foncières à un niveau acceptable. Il est donc probable que ces résidences valent encore davantage.
La question qui se pose, c'est est-ce que Jean Charest a les moyens de se payer de telles résidences qui valent plus de deux millions de dollars? Il faut savoir qu'en tant que simple député fédéral, ce qu'il a été de 1984 à 1993, il a gagné un peu plus de 50 000$ par année. En tant que chef du Parti progressiste-conservateur, ce qu'il a été de 1993 à 1998, il gagna un peu plus. Pas loin de 100 000$ par année. Et finalement, depuis qu'il est premier ministre du Québec (2003), Jean Charest gagne environ 125 000$ par année. En considérant tous ses comptes de dépense, ce revenu atteint les 165 000$ par année. De bons revenus certes, mais rien non plus pour qu'on puisse ici parler d'une personne multimillionnaire. Normalement, les gens qui ont des revenus de l'ordre du 100 000$ annuellement, possèdent de belles maisons. Des résidences qui sont peut-être estimées à 3 ou 4 fois un tel salaire annuel, mais très certainement pas 20 fois.
Encore, si M. Charest était originaire d'une famille riche, comme l'étaient Trudeau ou Parizeau, on pourrait se dire qu'il s'est procuré de telles résidences grâce à la fortune familiale, mais tel n'est pas le cas. Comment fait-il alors pour joindre les deux bouts, surtout que sa conjointe n'a pas d'emploi régulier qui lui est connu?
Certains soutiennent qu'il a trouvé l'argent lui permettant de se procurer de si somptueuses résidences en vendant la maison qu'il s'est achetée en 1998 à Ottawa et qui était évaluée à quelques centaines de milliers de dollars. Il aurait alors obtenu cinq ou six fois le prix qu'elle valait. Ce serait le moyen que les fédéralistes auraient choisi afin de convaincre Jean Charest d'accepter de prendre la tête du Parti libéral du Québec. Il est vrai qu'il fallut bien des pressions pour que Charest cesse de tenir des discours via lesquels il affirmait : «Je suis chef du parti (conservateur) et j'ai l'intention de rester. C'est très, très clair, je n'ai pas l'intention de faire autre chose que de finir ce que j'ai commencé.» (Ottawa, le 14 novembre 1997). Ou encore : «Je suis à Ottawa jusqu'aux prochaines élections (fédérales), minimum.» (Ottawa, 22 octobre 1997). Il est vrai que c'était alors la firme de communication Everest, celle-là même dont les propriétaires ont été impliqués dans le scandale des commandites, qui conseillait le politicien. On peut comprendre ainsi que l'argent ait pu avoir un certain attrait sur lui.
Mais il y a une autre bizarrerie dans ce dossier. La municipalité de North Hatley traite le chalet situé à North Hatley et dont la construction a été commandée en 1897 par la riche famille Bassett comme s'il était aujourd'hui la possession unique de Jean Charest. Or, Charest lui-même affirmait durant la campagne électorale de 2003 qu'il louait ce chalet. Tel fut bel et bien le cas de 1984 à 1998. Mais certains affirment que le chalet lui fut concédé alors qu'il prit les rênes du PLQ en 1998, ce que semble confirmer le dossier de ladite résidence tel que constitué par l'administration de North Hatley. Alors, M. Charest est-il propriétaire ou locataire du chalet? On a tenté de répondre à cette énigme en questionnant les employés du comté de Sherbrooke et les conseillers du premier ministre, mais nul n'a daigné infirmer ou confirmer l'information.
Mais même si M. Charest louait toujours le chalet en 2006, la question quant à savoir s'il a les moyens de se payer de tels luxes serait toujours pertinente. Louer à l'année une résidence de plus d'un million n'est très certainement pas à la portée de toutes les bourses. À moins que le chalet ne lui soit loué à prix d'ami. Dans tel cas, il serait encore question de pont d'or.
Et cela nous pousserait à poser d'autres questions, car le chalet fut la propriété de 1984 à 1998 au moins, sinon jusqu'à aujourd'hui, de Sam Pollock. Ce dernier a été directeur du club de hockey le Canadien dans les années 1970. Il a quitté ces fonctions en 1978 pour se mettre au service de Carena Bankcorp Equities Ltd, holding qui est la propriété de la famille Bronfman et qui possédait le Canadien avant de vendre l'équipe à la famille Molson. C'est donc dire que Jean Charest a des années durant loué un chalet à l'un des lieutenants des Bronfman, démontrant encore une fois que les politiciens fédéralistes du Québec couchent trop souvent dans le même lit que le grand capital canadian.
Faudrait maintenant savoir à quelles conditions Jean Charest louait le chalet et à quel prix il lui fut concédé à la fin des années 1990, si tel est le cas bien sûr.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2006

    Adressez vous au bureau de publicité des droits du comté et visitez le registre foncier.
    Vous y trouverez la liste des transactions sur les propriétés et pourrez déterminer quand qui a acquis quoi. Pareil pour la maison en Ontario. Bonne chasse!
    Et les taxes municipales et scolaires de toutes ces propriétés vopus seront aussi disponibles auprès de Commissions scolaires. Le nom des propriétaires y apparait.