Port-Daniel: Le projet de la honte!

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Le Québec n'en est plus, hélas, à une honte près

Les promoteurs du projet de cimenterie à Port-Daniel ont eu gain de cause. Le gouvernement Couillard leur permettra d’échapper à la vigilance d’un Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) pour mener à bien leur projet en Gaspésie.
Ciment McInnis qui est à l’origine du projet qui gonflera de manière dramatique les émissions du Québec en termes de gaz à effet de serre (GES) avait posé la non-tenue d’un BAPE comme condition sine qua non pour la poursuite de son projet de cimenterie. L’argument massue de la compagnie? Ce projet doit respecter les normes environnementales qui étaient en vigueur lors du premier dépôt du projet…il y a 20 ans de cela!
C’est dire si la compagnie est morte de rire ! La souplesse absolue qui lui est accordée dans le dossier environnemental de même qu’un financement de 500 millions$ en fonds publics (à peu près la moitié du coût du projet) lui permettront d’agir à peu près sans stress aucun. Tout ça pour la création d’un maximum de 200 malheureux emplois.
La cimenterie de Port-Daniel, qui émettra deux millions de tonnes de GES par année, aurait eu toutes les misères du monde à se qualifier dans le cadre d’un BAPE. La seule façon de régler le problème était d’éviter le BAPE. Privilège que le gouvernement Couillard lui a accordé de bon coeur.
Comment est-ce que Ciment McInnis s’y est pris pour obtenir une telle concession? Il faudrait avoir un libre accès aux coulisses du pouvoir pour le savoir précisément. Il faudrait pouvoir observer les neuf lobbyistes de la compagnie dans la mission qu’ils mènent auprès du gouvernement pour en avoir une idée plus juste. Même si on se doute bien de la façon dont toutes ces opérations de charme ont été menées. Et cela est encore plus facile à imaginer quand on fait le portrait des personnes impliquées.
Le principal lobbyiste de la compagnie Ciment McInnis est Rémi Bujold. Bujold est un ancien député libéral fédéral. Il était membre de l’équipe Trudeau lors du référendum de 1980 et lors du rapatriement de la constitution canadienne sans l’accord du Québec en 1982. Il fait partie des traîtres à la nation québécoise identifiés alors par la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il a par la suite été chef de cabinet de Robert Bourassa. En 2009, il était l’organisateur en chef de Michael Ignatieff pour le Québec. Pour promouvoir le projet de cimenterie à Port-Daniel, Bujold a reçu un contrat de plus de 100 000$.
Les libéraux et fédéralistes notoires pullulent également sur le bureau de direction de Ciment McInnis. Laurent Beaudoin, ancienne tête dirigeante de Bombardier, est le fondateur de la compagnie. Il la dirige toujours. Beaudoin finance très généreusement le Parti libéral depuis Mathusalem. Lors du référendum de 1995, Beaudoin avait menacé les employés de Bombardier qui songeaient à voter Oui. Une manière fort peu noble de les convaincre de plutôt voter en faveur de la soumission.
Laurent Beaudoin a fait une place à Élaine Beaudoin au coeur même de l’appareil McInnis. Il s’agit bien sûr de sa fille. Elle aussi a financé très généreusement les libéraux par les années passées. En plus de diriger les destinées du projet de cimenterie de Port-Daniel, Élaine Beaudoin siège aussi sur le bureau de direction du groupe Canam qui appartient à Marcel Dutil.
Or Marcel Dutil siège également sur le bureau de direction de Ciment McInnis! Et il s’agit encore une fois d’un autre très généreux donateur du Parti libéral. Organisateur fédéraliste notoire, Dutil a contribué à pilonner le camp du Oui en 1995. Le frère de Marcel Dutil, Robert, est député dans le gouvernement Couillard.
Ancien de McGill, Louis Laporte préside le comité exécutif de Ciment McGinnis. C’est un ancien directeur de Bombardier. Et il s’agit bien sûr d’un autre fidèle donateur du PLQ.
David L. McAusland est un autre ancien de McGill qu’on retrouve sur le bureau de direction de Ciment McInnis. Avocat du cabinet McCarthy Tétreault, véritable firme libérale, McAusland est très impliqué dans les dossiers liés aux ressources naturelles. En plus de défendre le projet de cimenterie de Port-Daniel, il siège sur le bureau de direction de Khan Resources qui construit des mines d’uranium de par le monde, et notamment en Mongolie; il a aussi siégé sur le bureau d’Equinox minerals qui s’intéresse au cuivre. Par le passé, McAusland a conseillé la GRC. Il a reçu la médaille de la reine Élizabeth II en 2002. C’est évidemment un généreux donateur du PLQ.
Partenaire d’affaires de Guy Rousseau, lui qui a découvert le gisement de Port-Daniel il y a 20 ans de cela, Bertin Castonguay siège lui aussi sur le comité exécutif de Ciment McInnis. Et il s’agit d’un autre généreux donateur du PLQ si l’on se fie au registre des donateurs du directeur des élections du Québec.
Sur le comité exécutif de Ciment McInnis, on retrouve aussi Gilles Poulain, propriétaire de la compagnie française Carrières du Boulonnais. Cette compagnie gère la plus grande carrière de calcaire de France. Il s’agit d’un partenaire d’affaires d’Arcelor Mittal qui opère une mine de fer sur la Côte-Nord.
Robert Raven, Suzanne Blanchet, Justin Méthot et Michael Ross dirigent aussi la compagnie de ciment.
À constater la présence d’autant d’amis des libéraux sur le bureau de direction de Ciment McInnis, on comprend mieux toute la sollicitude dont fait preuve le gouvernement Couillard à l’égard du projet de cimenterie de Port-Daniel. Après tout, des chums ça reste des chums!
Ce qui est plus surprenant, c’est que le gouvernement Marois ait été lui aussi fort bien disposé à l’égard de ce projet extrêmement pollueur et défendu par des fédéralistes notoires.
Ah oui, vraiment, il serait très intéressant d’assister à ce qui se passe dans les coulisses du pouvoir…


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