Dès le lendemain de Noël, comme s’ils avaient attendu patiemment leur tour pour lancer les festivités annonçant le début d’une nouvelle année, les « reels » traditionnels du temps des Fêtes envahissent les ondes radiophoniques du Québec. « C'est dans l'temps du jour de l'an, on s'donne la main, on s'embrasse/ C'est l'bon temps d'en profiter, ça arrive rien qu'une fois par année ». En des temps plus chaleureux, comme par un effet magique, la famille reprenait ses droits d’aînesse et se réunissait au centre du salon pour le set carré endiablé animé par la musique à bouche du patriarche de la famille s’accompagnant en tapant gaiement du pied.
Au Québec, malheureusement, les traditions se perdent peu à peu au détriment des gadgets électroniques qui monopolisent souventefois toute l’attention des invités si bien qu’ils en arrivent à oublier le sens de la fête qui les réunit en cette soirée familiale au cours de laquelle la chaleur humaine s’est substituée en douce avec le temps au pitonnage sur le bidule cellulaire.
Or j’ai souvenir encore du « bon vieux temps » où les familles se succédaient à la porte de mon grand-père maternel telle une parade militaire, les parents occupant le devant du peloton suivie de près par la marmaille, les yeux ronds et les timides sourires en coin, ébahie par la foule qui envahissait le salon. J’ai souvenir encore du grincement du vieux « pick up » de ma tante qui veillait à faire tourner les vieilles chansons traditionnelles du temps des fêtes sur lesquelles je dansais avec ma cousine préférée le temps d’une soirée par année. J’ai souvenir encore du copieux repas servi aux convives dans le tintamarre des voix des invités racontant chacun un épisode vécu au cours de l’année qui se terminait.
Les temps ont changé, les aïeux sont allés ad patres et, avec eux, les traditions. Plusieurs familles sont disloquées emportant avec elles la chaleur humaine qu’elles dégageaient dès leur arrivée dans la fête. Les danses folkloriques ont cédé la place aux jasettes souvent oiseuses sur la pluie et le beau temps. Et pourtant, un espoir de chaleur humaine existe toujours, c’est celui d’un sourire gratuit lancé discrètement à une personne isolée parmi les convives. Ça ne coûte rien mais, par contre, c’est tellement bénéfique pour débuter une nouvelle année pour la personne qui le reçoit.
https://www.youtube.com/watch?v=i8KpNqIXIVo
Henri Marineau, Québec
Réminiscences d'antan









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