La victoire du Parti québécois à l’élection complémentaire de Vachon lundi vient confirmer la perte de confiance des Québécois dans le gouvernement de Jean Charest. Les électeurs de Vachon n’ont fait que répéter ce que l’ensemble des Québécois dit depuis des mois à travers les sondages. Dans d’autres circonstances, le Parti libéral aurait pu penser l’emporter, puisqu’il a déjà «chauffé» le PQ lors d’élections générales, mais pas cette fois.
Cette élection, les libéraux l’avaient d’emblée concédée. Après avoir reporté le scrutin le plus tard possible dans l’espoir qu’en ce début de période de vacances estivales l’événement passe inaperçu, ils se sont engagés dans la bataille avec un candidat d’emprunt. Recruté à l’Action démocratique, Simon-Pierre Diamond avait pour mandat de limiter les dégâts en attirant une partie du vote adéquiste. Autrement, la dégelée de lundi soir aurait été bien pire.
La tactique libérale a été dénoncée par les partis d’opposition comme une manifestation de cynisme politique. Difficile de ne pas être d’accord même si rien ne nous garantit que Pauline Marois, confrontée à des circonstances similaires, aurait agi différemment de Jean Charest. Pourquoi un premier ministre, quel qu’il soit, ne serait-il pas tenté de se livrer à des calculs politiques partisans puisque la loi électorale le lui permet?
Parmi les privilèges des premiers ministres, il y a celui de choisir la date de l’affrontement électoral. Ils disposent là d’un avantage certain. Le premier ministre Jean Chrétien s’était fait une spécialité de surprendre ses adversaires. À deux reprises, il a écourté ses mandats pour profiter de la division des partis d’opposition, obtenant chaque fois des gouvernements majoritaires. Dans le cas d’une élection complémentaire, les premiers ministres doivent déclencher un scrutin dans un délai prescrit. Dans le cas du Québec, il est de six mois. Dans Vachon, M. Charest aurait pu attendre encore un peu, mais il ne pouvait pousser l’indécence plus loin.
Ce privilège existe pour donner à un premier ministre la latitude nécessaire pour gouverner. En 1962, le premier ministre Jean Lesage avait ainsi déclenché une élection après seulement deux ans pour avoir le mandat de nationaliser les compagnies d’électricité. Mais il y a eu tant d’abus que l’idée d’élections à dates fixes fait son chemin. Des lois en ce sens ont été adoptées par la Chambre des communes et l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique. À quand au Québec?
Dans le cas des élections complémentaires, il n’y a pas lieu d’attendre six mois pour pourvoir un siège vacant. Rien ne justifie que les électeurs d’un comté soient sans représentation pendant aussi longtemps. Il faut bien sûr donner le temps aux partis politiques de trouver leurs candidats, mais, à moins d’être à la veille d’une élection générale, deux mois seraient bien suffisants. S’il y a une leçon à tirer de cette élection dans Vachon, c’est bien celle-là.
***
bdescoteaux@ledevoir.com
L’élection de Vachon
Un privilège à revoir
Pourquoi un premier ministre, quel qu’il soit, ne serait-il pas tenté de se livrer à des calculs politiques partisans puisque la loi électorale le lui permet?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé