Un républicain cloue vraisemblablement le cercueil du procès Trump

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Aucune surprise : comme prévu, les sénateurs rejettent la destitution


L'accusation au procès en destitution du président Trump avait besoin d'obtenir l'appui de quatre sénateurs républicains pour forcer la convocation de témoins. Moins d'une heure après la fin de la dernière journée de la période de questions des sénateurs, jeudi soir, un des quatre élus susceptibles de s'allier à eux a coupé court à leurs espoirs.




Il n'est pas nécessaire de disposer de plus de preuves pour conclure que le président a gelé l'aide des États-Unis, au moins en partie, pour faire pression sur l'Ukraine afin qu'elle enquête sur les Biden; les responsables de la [mise en accusation de la Chambre des représentants] l'ont prouvé avec ce qu'ils appellent une "montagne de preuves accablantes" écrit dans un communiqué le sénateur du Tennessee Lamar Alexander.


L'élu républicain conclut pourtant que les actes du président ne sont pas passibles de destitution.



Mais la Constitution ne donne pas au Sénat le pouvoir de démettre le président de ses fonctions et de l'exclure du scrutin de cette année simplement pour des actions inappropriées.


Lamar Alexander, sénateur républicain du Tennessee


Laissons le peuple décider, lors de l'élection présidentielle de novembre, conclut-il dans une série de 15 tweets.



Avant lui, sa collègue Susan Collins, une des rares membres du camp républicain que les démocrates pouvaient espérer rallier à leur cause, a pour sa part publié un communiqué annonçant qu'elle voterait en faveur de la motion visant à permettre l'assignation de témoins et la production de documents. Je pense que l'audition de certains témoins donnerait à chaque partie l'occasion de faire valoir ses arguments de manière plus complète et plus équitable, a-t-elle expliqué.


Dimanche, des révélations du New York Times sur l'ex-conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche John Bolton qui, en début d'année, s'est dit prêt à témoigner devant le Sénat, laissaient entrevoir que le vent pourrait tourner. Le quotidien new-yorkais rapportait dimanche que, dans l'ébauche d'un livre à paraître, Donald Trump avait bien instrumentalisé l'aide militaire à l'Ukraine dans le but d'obtenir des enquêtes, notamment sur l'ex-vice-président et candidat à l'investiture démocrate Joe Biden et sur son fils.


À moins d'un revirement de situation, il semble cependant que le Sénat fermera officiellement la porte à l'idée d'admission de nouvelles preuves vendredi, lors du vote prévu en après-midi.


Ironiquement, l'accusation et la défense auront auparavant deux heures chacun pour faire valoir leurs arguments.


Le procès en destitution, troisième de l'histoire des États-Unis à l'endroit d'un président, devrait ensuite se terminer dans la journée, se soldant par le rejet des chefs d'accusation retenus contre Donald Trump, le mois dernier, soit abus de pouvoir et entrave au travail du Congrès.



C'est donc un chef d'État innocenté par le Sénat qui devrait prononcer le discours sur l'état de l'Union devant la Chambre, mardi.


Les républicains ayant jusqu'ici fait bloc derrière le président contre vents et marées, l'issue du procès n'a jamais laissé planer de doutes, puisqu'ils contrôlent le Sénat. Pour aboutir, une procédure de destitution doit recueillir l'aval d'une majorité des deux tiers des 100 sénateurs.


Un vain plaidoyer démocrate


Adam Schiff, la main levée, s'adressant aux sénateurs

Adam Schiff a répondu à la grande majorité des questions des sénateurs adressées à l'équipe de mise en accusation.


Photo : Associated Press / Service de télévision du Sénat




Au deuxième et dernier jour de la période de questions des sénateurs, la stratégie démocrate était claire. Dans une tentative visant à persuader la poignée de républicains susceptibles d'appuyer leur requête, les procureurs ont proposé un compromis et assuré que la procédure ne paralyserait pas indéfiniment les travaux du Sénat.


Ils ont profité de plusieurs questions des sénateurs pour marteler l'importance de convoquer des témoins, au premier chef John Bolton. Se faisant rassurant, le responsable en chef de la mise en accusation, Adam Schiff, s'est dit en mesure de procéder rapidement.


Invoquant le procès en destitution de Bill Clinton, il a affirmé que la déposition des témoins pourrait se faire en une semaine pendant que le Sénat retourne travailler sur ses dossiers.



Prenons une semaine pour avoir un procès équitable. Vous pouvez continuer à vaquer à vos affaires. [...] Est-ce trop demander au nom de l'équité?


Adam Schiff, responsable en chef de la mise en accusation


Adam Schiff a en outre plaidé pour que le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, qui préside le procès, détermine quels témoins et quels documents seraient permis si le Sénat acceptait de recevoir de nouvelles preuves, et a ajouté que l'accusation ne contesterait pas la décision.


La défense, qui a dit à plusieurs reprises avoir le plus grand respect pour le juge Roberts, s'est opposée à la proposition jugée inappropriée. Ce n'est simplement pas une position que nous accepterons, a indiqué l'avocat personnel du président Jay Sekulow.


Ce n'est pas parce qu'ils craignent que le juge en chef soit injuste, c'est parce qu'ils craignent que le juge en chef sera juste, a rétorqué M. Schiff.


L'accusation désire spécifiquement entendre quatre témoins, dont M. Bolton, et le chef de cabinet de la Maison-Blanche par intérim, Mick Mulvaney, à qui la Maison-Blanche a interdit de témoigner.


M. Schiff et son équipe veulent également forcer l’administration Trump à fournir les documents liés au dossier ukrainien qu'elle a refusé de remettre aux comités d'enquête de la Chambre.


La déposition de témoins signifierait, du moins dans un premier temps, que d'éventuels témoins seraient interrogés à huis clos.


La défense a cependant persisté dans son opposition aux témoignages. L'adjoint au conseiller juridique de la Maison-Blanche, Patrick Philbin, a notamment invoqué le privilège de l'exécutif et le précédent qu'une telle situation créerait.



Peu importe la décision du Sénat, ce qui serait accepté dans ce cas deviendrait la nouvelle norme pour toute procédure de mise en accusation future.


Patrick Philbin, avocat de la défense


L'équipe de défense a plaidé que le Sénat ne doit pas voter en faveur de l'assignation de témoins et de la production de documents, arguant que les démocrates auraient dû contester le refus de collaborer de la Maison-Blanche devant les tribunaux.


À questions partisanes, arguments recyclés


John Roberts, en toge, assis dans un fauteuil.

Le juge en chef de la Cour suprême, John Roberts, lit les questions des sénateurs destinées aux responsables de la mise en accusation ou aux avocats du président Trump.


Photo : Getty Images / Service de télévision du Sénat




Comme c'était le cas la veille, l'exercice a surtout permis aux avocats de la défense et aux responsables de la mise en accusation de recycler les arguments déjà présentés lors de leurs plaidoiries d'ouverture.


Un sénateur démocrate a notamment rebondi sur l'argument constitutionnel inusité présenté la veille par l'un des membres de la défense. Alan Dershowitz a plaidé qu'il aurait été justifié pour le président Trump d'agir comme le lui reprochent les démocrates s'il croyait qu'il est dans l'intérêt national de se faire réélire pour mettre en œuvre certaines politiques.


N'avons-nous rien appris?, a demandé Adam Schiff, évoquant le scandale du Watergate, qui a contraint à la démission le président républicain Richard Nixon qui était au milieu d'une procédure de destitution.



Ce que nous avons vu ces deux derniers jours est une descente dans la folie constitutionnelle.


Adam Schiff, responsable en chef de la mise en accusation


Clamant l'innocence de leur client, les avocats de la défense ont de leur côté vanté le bilan du président au passage.



Nous, le peuple américain, sommes plus heureux. Et pourtant, les responsables [de la mise en accusation] vous disent que le président doit être destitué parce qu'il représente une menace immédiate pour notre pays.


Eric Herschmann, membre de l'équipe de la défense


Les questions écrites des sénateurs étaient lues par le juge Roberts. D'emblée, celui-ci a refusé de poser une question du républicain Rand Paul. Selon les médias américains, elle dévoilait l'identité du lanceur d'alerte dans l'affaire ukrainienne.




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