Couture, Pierre - Si rien n'est fait pour redresser l'état des finances publiques, un trou annuel de 55 milliards $ guette le Québec d'ici 2025, estime l'économiste Pierre Fortin.
"Ça va prendre un méchant coup de barre pour renverser la tendance", lance le professeur d'économie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) lors d'un entretien au Soleil.
En raison du vieillissement de la population, le budget de l'État québécois explosera au cours des prochaines années. Le système de santé québécois en sera le principal facteur, soutient l'économiste. Selon les calculs effectués par une équipe de chercheurs de l'UQAM, les coûts du système de santé seront d'ailleurs appelés à croître de façon exponentielle d'ici 20 ans. "On n'a encore rien vu. Attendez que les baby-boomers réclament des soins de première ligne, ça va faire mal", avance M.Fortin, qui fait également partie des signataires du manifeste Pour un Québec lucide.
Équilibre difficile
L'an dernier, le gouvernement du Québec a tant bien que mal réussi à atteindre l'équilibre budgétaire. Toutefois, la dette s'est enrichie de 4 milliards $. Elle atteint maintenant les 122 milliards $. Cette année, l'État québécois consacrera 40 % ou 22 milliards $ de son budget annuel total (58 milliards $) au secteur de la santé. En 2025, ces mêmes coûts en santé devraient tripler. Le budget de l'État dépasserait alors les 100 milliards $. "Sans nouvelle rentrée d'argent significative, le déficit annuel frôlera les 55 milliards $", calcule l'économiste.
L'heure des choix
Pour affronter de telles dépenses, l'économiste Fortin croit que l'État québécois doit faire des choix, et ce, rapidement. "Si on veut être capable de payer la facture en 2025, il faut dès maintenant mettre de l'argent de côté. Sinon, le choc encaissé par les prochaines générations sera énorme." Mais le Fonds des générations n'a-t-il pas été créé pour dompter de tels démons ? "Le problème, c'est qu'on doit mettre 4 milliards $ par année dans ce Fonds, alors que l'on en réserve 500 millions $ par an en ce moment. Ce n'est pas assez."
Hausse des tarifs
Pour l'économiste, la seule solution viable à plus long terme si le Québec ne veut pas hausser le fardeau fiscal de ses contribuables de 25 % demeure l'augmentation graduelle des tarifs d'électricité d'Hydro-Québec. Cette démarche permettrait à Québec d'engranger 4 milliards $ de plus par année dans les coffres de l'État. À défaut d'une telle approche, c'est la lente détérioration et finalement la privatisation des services publics qui attendent les Québécois, dit Pierre Fortin. Dans ce cas, l'économiste prédit la privatisation du système de santé québécois à hauteur de 35 %.
Quant à l'introduction d'un "ticket modérateur" dans le système de santé, l'économiste juge l'idée séduisante. "Avec des frais de 20 $, par exemple, le message serait clair : on ne va pas à l'hôpital pour n'importe quoi. Cela aiderait à désengorger les urgences. La formule fonctionne bien en Europe, pourquoi pas ici ?"
Un trou de 55 milliards $ à l'horizon
L'économiste Pierre Fortin croit que le budget du Québec explosera au cours des prochaines années
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