Une démocratie en action comme en pensée.

IDÉES - la polis

Entendre cette phrase « des élections sont inutiles, c’est l’économie qui compte » montre l’extrême indigence intellectuelle de celui qui l’a prononcée. Le geste démocratique comme le débat sont nécessaires et un pays, un gouvernement, un peuple sont toujours là à défendre ou à sans arrêt énoncer ce geste, à provoquer le débat voire à l’activer. Le citoyen doit toujours être prêt, la pensée en action. Et même si nous devions avoir des élections chaque jour! La démocratie n’a pas de prix, n’est pas un « produit économique » qui se transigerait sur les Marchés financiers! Elle est le mécanisme qui gouverne un peuple. Ceux qui veulent en faire un « produit de consommation » savent qu’ils possèdent le pouvoir de dicter ce qu’on doit penser.
Au Canada comme au Québec, les politiciens « professionnels » adoptent toujours la même attitude paternaliste et œdipienne pour instrumentaliser le citoyen, le « castrer » de sa faculté de penser le monde. Ces hommes et ces femmes qui asservissent les gens, qui sont-ils pour dicter le devenir d’un peuple? Est-ce la nouvelle thanatologie de l’Occident d’étrangler ses citoyens et de les enchâsser dans un « corps sans organes », de les désensibiliser pour mieux les contrôler?
La démocratie doit s’éprouver au quotidien et les citoyens doivent ancrer leur mode de vie en elle, et non ailleurs. Le geste démocratique n’est pas un privilège mais une nécessité. Le vote n’est que l’une de ces nécessités et peut, rapidement, disparaître au profit d’un autre système de « représentation ». L’histoire nous enseigne que les gouvernements se suffisent à eux-mêmes et s’organisent (se structurent) pour infantiliser l’électorat à l’aide du mass-média et des communications orientées. Ce phénomène qui s’est implanté depuis la Seconde guerre mondiale a bien été étudié, notamment par Theodor Adorno et Hannah Arendt.
Ainsi, le citoyen ne peut prendre parti pour une idéologie qui prônerait l’immobilisme intellectuel. Il doit s’intéresser à son environnement politique et l’intégrer à ses réflexions quotidiennes. Il doit sans cesse être prêt à répondre de son gouvernement comme de ses choix politiques. Il doit dépasser le concept d’opinion qui tend à niveler la pensée et chercher derrière les apparences l’intention qui s’y cache.
Au Canada, une campagne électorale s’ébranle. Le citoyen doit donc être très vigilant. Il ne s’agit pas ici que d’une intention d’un jour, celui du vote. Si le citoyen ne pense pas le politique au quotidien, il ne mérite pas la démocratie. La gouvernance d’un peuple n’est pas l’apanage d’une caste auréolée mais le geste concret de l’expression quotidienne qui n’a pas nécessairement besoin d’être scandée sur la place publique. Le citoyen doit exprimer, envers lui-même d’abord, les contradictions qui le mèneront, peut-être, sur la place publique afin d’y partager des idées qu’il aura lui-même éclairées de ses réflexions intimes. Les politiciens ne sont pas élus pour guider le peuple mais pour l’amener à réfléchir sur son devenir. Il est temps de cesser de prendre les politiciens pour ce qu’ils ne sont pas, des visionnaires. Il faut acter la démocratie et le geste citoyen et ne pas attendre qu’on le fasse à notre place.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2011

    Le seul commentaire que j'aurais à ajouter à cet article est le discours du chef du UK Independance Party Nigel Farage, "Who the hell do you think you are?", dans lequel il enguirlande la Chambre des représentants : http://www.youtube.com/watch?v=2gm9q8uabTs&feature=youtube_gdata_player
    Excellent texte, M. Meloche.
    A. R.