Les candidats bloquistes Vivian Barbot et Pierre Paquette, le 4 avril à Montréal
Les candidats Vivian Barbot et Pierre Paquette ont dévoilé la plateforme électorale du Bloc québécois, lundi à Montréal. Selon le chef bloquiste Gilles Duceppe, le parti travaille depuis un an sur ce document rendu public le 12 février.
Le Bloc y critique notamment le gouvernement Harper sur plusieurs points, comme son manque de transparence et son contrôle de l'information, affirmant vouloir « raviver la démocratie, la transparence et l'éthique à Ottawa ».
Le Bloc annonce dans sa plateforme qu'un projet de loi, rendu public en juin 2008, sera présenté au Parlement pour réformer « complètement » la Loi sur l'accès à l'information. « Le gouvernement Harper ne démontre pas une culture de transparence et cette attitude est dictée par le premier ministre. En effet, son ministère, le Bureau du Conseil privé, passe en revue les demandes d'accès à l'information sensibles adressées au gouvernement, puis les retient et les retarde », est-il écrit dans la section portant sur la Loi sur l'accès à l'information.
En point de presse, Mme Barbot a insisté sur l'incompatibilité des valeurs du Parti conservateur avec celles des bloquistes. « Cette idéologie est contraire à nos intérêts », a-t-elle déclaré.
Les partis fédéralistes ne tiennent pas compte de la nation québécoise. Seul le Bloc défend la nation québécoise.
— La candidate bloquiste Vivian Barbot
La candidate Vivian Barbot a été défaite par quelque 1000 voix en 2008 dans sa circonscription de Papineau, à Montréal, par le libéral Justin Trudeau. Pierre Paquette a pour sa part remporté plus de 52 % des voix aux élections de 2008 dans la circonscription de Joliette.
La plateforme s'attarde aussi sur la transparence budgétaire, essentielle « pour que nos élues et élus puissent faire des choix éclairés ». Le Bloc dénonce les gouvernements libéral et conservateur qui « n'ont cessé de camoufler l'état réel des finances publiques », accusant les libéraux d'avoir dissimulé leurs surplus budgétaires « pour éviter de les partager avec les provinces », et les conservateurs « d'exagérer le coût des programmes sociaux et de relance économique pour justifier leur inaction ».
Pour remédier à ce manque de transparence, le Bloc entend faire pression sur le gouvernement afin d'obtenir les documents demandés par le directeur parlementaire du budget pour réaliser ses études.
Quant au processus de nomination des juges, « extrêmement préoccupant », le Bloc québécois exige que les juges soient nommés à la suite d'un processus impartial, exempt de toute ingérence politique.
Le Bloc se prononce aussi sur le Sénat et les symboles de la monarchie, tels que le serment à la reine et les postes de lieutenant-gouverneur des provinces et de gouverneur général du Canada. « [Ils] sont archaïques et ils devraient être abolis », estime le parti souverainiste.
Soustraire le Québec du multiculturalisme
Le Bloc québécois défend dans sa plateforme l'identité québécoise, estimant que « la politique du multiculturalisme canadien encourage la coexistence de multiples cultures tout en ignorant la culture nationale québécoise ». Par cette pratique, le parti de Gilles Duceppe soutient que le Canada sème la division au sein de la population québécoise en fractionnant la société « en une multitude de solitudes ».
Le Bloc souhaite transférer à la province le plein contrôle de la culture et des instruments servant à la réglementation des télécommunications et de la radiodiffusion.
Le parti compte notamment déposer un projet de loi sur la reconnaissance d'un cinéma national québécois et demander un financement accru pour la Société Radio-Canada, « un outil de diffusion pour notre culture québécoise et francophone ».
Améliorer les conditions de vie des artistes
Le Bloc québécois entend déposer un projet de loi pour permettre l'étalement sur cinq ans du revenu des artistes, une mesure qui permettrait « de mieux tenir compte de la façon dont ils sont rémunérés ».
Il tient aussi à s'assurer que la nouvelle Loi sur le droit d'auteur, dont le système de redevances inquiète des artistes régionaux du Québec, soit équitable sans désavantager les créateurs ou les consommateurs.
Le parti souverainiste demande par ailleurs au gouvernement fédéral d'offrir une exemption d'impôt relative aux droits d'auteur, comme le fait déjà le gouvernement du Québec.
Plusieurs mesures sont incluses dans la plateforme pour améliorer le financement du cinéma québécois, comme l'augmentation du Fonds du long métrage de 50 millions de dollars - dont 20 millions pour le cinéma québécois, et la mise en place d'un crédit d'impôt pour les productions cinématographiques tournées et produites à l'extérieur de la région métropolitaine.
Défendre tous les francophones du pays
Le Bloc québécois exigera du gouvernement fédéral qu'il embauche des employés bilingues pour les postes nécessitant la maîtrise des deux langues officielles et qu'il bonifie les primes au bilinguisme. Il note que les Forces armées canadiennes sont « particulièrement coupables » puisque les membres francophones sont tenus de respecter les ordres qui leur sont donnés en anglais, peu importe leur degré de compréhension de la langue.
Le Bloc se dit aussi le défenseur de toutes les communautés francophones et acadienne du pays et s'engage à continuer de le faire, rappelant qu'il est le parti politique fédéral qui a le plus souvent soulevé des questions à la Chambre des communes sur des enjeux qui touchent le développement et la survie de ces communautés.
Quelques mesures prônées par le Bloc québécois :
- une réforme du programme d'assurance-emploi;
- la mise sur pied d'un véritable programme d'aide pour les travailleurs âgés;
- l'utilisation des surplus de la Société canadienne d'hypothèques et de logement pour financer la construction, la rénovation et la transformation d'habitations abordables;
- le remboursement des sommes dues au chapitre du Supplément de revenu garanti et sa bonification;
- la réinstauration du programme de contestation judiciaire;
- la fin des compressions dans le financement des groupes de femmes et des groupes d'alphabétisation;
- l'amélioration des conditions de vie des Autochtones, « qui vivent trop souvent dans des conditions tiers-mondistes »;
- la bonification du crédit d'impôt pour les aidants naturels à hauteur de 250 millions de dollars sur cinq ans, tout en ouvrant le crédit d'impôt pour aidants naturels aux conjoints;
- la gratuité pour l'inscription au registre des armes à feu; le Bloc continue de s'opposer à son abolition;
- la décision de rendre illégales les organisations criminelles comme les Hells Angels et d'autres groupes similaires;
- l'abolition complète de la libération au sixième de la peine;
- la création d'un fonds permettant au Québec et aux provinces de former des procureurs de la Couronne spécialisés dans les procès liés aux gangs de rue.
Duceppe veut regagner Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup
De passage à Saint-Jean-Port-Joli, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est revenu sur l'importance de préserver le fleuve Saint-Laurent, « l'épine dorsale du Québec ». Le chef bloquiste s'est dit certain que les résultats électoraux du 2 mai seraient différents des élections partielles de 2009. « On a plus de résultats en élections générales, plus de gens y participent, nos militants sont plus mobilisés et les gens ont eu l'occasion de voir M. Généreux en action », a-t-il expliqué.
M Duceppe a fait mention du débat au sujet du projet hydroélectrique du bas Churchill, qui oppose le Québec à Terre-Neuve-et-Labrador et a refait surface lors du passage de Michael Ignatieff en Atlantique, lundi. Il a aussi abordé la question de la réfection du pont Champlain, qui relie l'île de Montréal à la Rive-Sud. « Ça prend de l'argent neuf pour un pont neuf », a-t-il martelé.
Il a également pris ses distances d'une éventuelle commission parlementaire à l'Assemblée nationale du Québec sur l'amiante chrysotile, après avoir laissé entendre dimanche qu'il appuyait une demande du Parti québécois en ce sens. M. Duceppe a réaffirmé lundi qu'il jugeait que l'amiante chrysotile au Québec était utilisée de manière sécuritaire.
Aux élections partielles de novembre 2009, le Bloc québécois a perdu la circonscription de Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, qu'il détenait depuis 2004. Le conservateur Bernard Généreux, qui a été maire de La Pocatière, a remporté cette circonscription par quelque 1400 voix.
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