Le Bloc et la dérive souverainiste

Le Bloc est donc piégé sur toute la ligne

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec


Il est difficile de prédire à quel point la montée annoncée du NPD au Québec se concrétisera aux élections canadian de la semaine prochaine. Cependant, le contexte et les mouvements de l'actuelle campagne permettent à la désorientation souverainiste québécoise de se révéler dans toute sa triste splendeur.

Bien que le Bloc Québécois n'ait jamais été d'un indépendantisme très pro-actif, la normalisation du PQ, ces dernières années, en tant que parti de gouvernance provinciale indéfinie, a confiné plus que jamais le parti de Gilles Duceppe au seul rôle de "défenseur des intérêts du Québec à Ottawa".

Or, constatant dans une fuite alléguée d'intentions de vote vers le NPD que cette unique raison d'être ne lui suffit plus, le Bloc se voit maintenant contraint de pallier au vide provoqué par le PQ, en essayant de ressusciter une mobilisation souverainiste qui risque fort de ne pas être un grand succès, tout en éloignant, chemin faisant, d'autres appuis, notamment non-souverainistes.

Le Bloc est donc piégé sur toute la ligne.

Aussi, même s'il demeure pertinent pour un indépendantiste d'appuyer ce parti qui peut occuper du terrain politique au détriment des autres formations qui sont toutes anti-indépendantistes, comme il peut être pertinent pour n'importe quel électeur québécois de juger que le bilan du Bloc, en termes de défense des intérêts du Québec, n'est certainement pas plus mauvais que celui des autres partis, il reste que, maintenant que l'indépendance a été mise hors-circuit par les souverainistes eux-mêmes, il devient plus difficile de retenir au Bloc, au nom du souverainisme, des électeurs qui sont tentés par d'autres avenues.

Quant aux intérêts d'un Québec dont l'avenir demeure provincial, il n'est probablement pas plus simple d'empêcher l'électeur de penser qu'ils pourraient être bien servis par un parti autre que le Bloc. Quand on participe au système fédéral depuis vingt ans et que l'indépendance n'est pas dans le portrait, on devient par défaut un compétiteur ordinaire d'autres offres fédérales, et il ne faut pas se surprendre de ce que l'électorat "magasine" librement dans ce cadre-là.

Qui plus est, il y a des années que les bloquistes, comme les péquistes, proposent un souverainisme édulcoré, dans le but présumé d'élargir leur électorat. Dans ces conditions, il est d'autant plus normal qu'une partie des électeurs qui ont déjà voté Bloc puissent aisément passer à un autre parti sans trop se préoccuper de la question nationale.

La présente élection comporte son propre éco-système, dont les particularités sont sans doute loin d'être toutes engendrées par le Bloc. Cependant, elle pourrait bien, par la bande, forcer les indépendantistes québécois à goûter des fruits amers qui, eux, sont en partie le résultat d'un souverainisme incohérent et mal avisé.



Nic Payne


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 avril 2011

    Récente subtilité radio-canadienne:
    Aujourd'hui samedi, en manchette: Pauline Marois "tente" de porter main forte au Bloc!
    On résume la journée prévue et on conclut: "Mais elle refuse d'associer le popularité de la souveraineté avec le résultat qu'affichera le Bloc au scrutin de lundi."
    Et pourtant, pendant les 20 ans de sommet du vote Bloc à Ottawa, ont-ils célébré le débordement d'enthousiasme des Québécois pour l'indépendance???

  • Luc Bertrand Répondre

    28 avril 2011

    Il est vrai, monsieur Payne, que cette soudaine popularité de Jack Layton et du NPD pourrait avoir été induite par Gesca ou tout autre acteur de la concentration médiatique fédéraliste, étirant l'interprétation du sondage SOM-Le Soleil pour tenter de saper la base électorale du Bloc, on sait depuis 1995 ce dont ils sont capables. Profitant du capital de sympathie envers l'état de santé de Layton, son image de proximité du peuple (tout le monde sait bien que le mois d'avril pousse les Québécois vers "leur" priorité, le Canadien et les séries) et l'incrustation du Bloc dans la politique canadian à cause de la lâcheté de son frère péquiste, les médias pourraient y avoir trouvé l'occasion favorable pour attaquer la légitimité du Bloc à Ottawa, la capitale de la bourgade étant déjà contrôlée par Jean Charest et ses démolisseurs de l'État québécois.
    Je suis vraiment ravi de constater qu'un autre internaute (M. André Gignac) a eu la même lecture de la situation que moi et en tire également la même conclusion: la déclaration unilatérale d'indépendance par l'Assemblée nationale. C'est précisément ce que propose le Parti indépendantiste (http://www.parti-independantiste.org), fondé par trois auteurs de Vigile.net (Éric Tremblay, Richard Gervais et Caroline Moreno) et qui est reconnu par le DGEQ depuis le 18 octobre 2007. Ce n'est, en effet, certainement pas avec Pauline Marois et son vote de confiance de 93% que le Parti québécois va oser risquer la récompense et les privilèges parlementaires de ses fidèles carriéristes (des postes de ministres dans un nouveau - et encore impuissant - gouvernement provincial péquiste) pour faire preuve d'autant de clarté et de cohérence.
    Ce n'est pas en suivant François Legault et ses autres comparses aux ambitions douteuses qu'on parviendra à sortir de la morosité ou de l'atomisation du mouvement indépendantiste. Il est indéniable qu'il faudra éventuellement consentir à un remède de cheval pour redresser l'État québécois, qu'il soit provincial ou national. Le hic, c'est qu'il faut se donner les moyens en plus de la légitimité pour les mettre en oeuvre. Ces moyens imposent un plein contrôle du pouvoir de faire les lois, lever les impôts et taxes et décider de ses actions au niveau international qui constituent la définition même de l'indépendance politique.
    En attendant, s'il faut que Stephen Harper ait un gouvernement majoritaire (et sans représentant démocratiquement élu au Québec) pour avoir les coudées franches et montrer le caractère occulté du Canada anglais aux Québécois encore hésitants, cessons de laisser la peur véhiculée par les médias nous guider. Votons lundi en fonction de la réalisation d'un Québec indépendant et non en terme de survivance dans la légalité canadian.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    Monsieur Payne
    Le mouvement souverainiste québécois (Bloc et PQ compris) récolte ce qu'il a semé depuis sa fondation puisqu'il n'a jamais cru vraiment à l'indépendance du Québec. Lorsqu'on manque de franchise et de transparence, ça finit toujours par nous revenir comme un "boomerang". Pas des farces, nous sommes revenus à l'après Meech en juin 1990 au moment que nous avions une chance inouïe d'y aller avec un référendum gagnant et qui a été bousillée par Bourassa. Aujourd'hui, nous voyons que l'idée de Lucien Bouchard de créer le Bloc avait été planifiée pour mettre en boîte ("canner") l'indépendance du Québec. (Notre pire ennemi, c'est nous-mêmes!)
    Jouer sur deux tableaux, ça donne les résultats qu'on verra lundi prochain. Il n'y a qu'une solution pour s'en sortir au Québec et ça passe par une déclaration unilatérale d'indépendance comme ça s'est passé au Kosovo sans l'intervention de l'armée et sans effusion de sang. Oubliez le référendum comme solution gagnante surtout avec cette immigration débordante; rappelez-vous ce qui s'est passé au référendum de 1995! Que nos dirigeants politiques jouent gagnant une fois pour toute avec la déclaration unilatérale d'indépendance sinon le Québec c'est fini avec cette assimilation, cette louisianisation galopante qui fait des ravages. Il m'a fait plaisir. INDÉPENDANCE OU ASSIMILATION!
    André Gignac le 28/4/11

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    Ce sont les jeunes qui ont raison.
    Il faut cesser de donner légitimité à ce système esclavagiste mondial en participant à sa fausse démocratie.
    Il faut bloquer ce système. Il faut que les citoyens se transforment eux-mêmes en Bloc.
    La masse doit se rebeller contre cette petite élite qui contrôle l'économie mondiale et tous les politiciens.

  • Stéphane Russell Répondre

    28 avril 2011

    Pour ce que peut valoir la clairvoyance du fédéralisme. On a volontiers de la clairvoyance envers le mouvement souverainiste, mais on est moins honnête pour soi-même. Sinon, le fédéralisme seraient forcé d'admettre que la dérive en question est un phénomène national (canadien), ceci dans un contexte de globalisation qui remet en question la souveraineté même des plus puissantes nations de ce monde.
    C'est le fondement de la constitution canadienne, soit l'union plus ou moins forcée des deux peuples fondateurs sous l'égide de l'Empire Britannique, qui est ébranlé. Elle a été remise en question dans le temps par l'évolution du monde de la vieille monarchie vers les États Nations d'une part, puis vers la globalisation, et par des problèmes structurels chroniques apparus avec l'extension arbitraire du territoire canadien vers les espaces continentaux de l'ouest et du nord (au profit de l'Empire et non de l'Union) d'autre part. Ce n'est pas pour rien qu'on a appelé à l'origine cette union l'Amérique du Nord Britannique. En fait, ça dit tout.
    Ajoutez-y la chute de l'Empire, et vous obtenez l'ambrions d'un joli cocktail de crise interne. Trop coincé dans une réalité devenue insoutenable, les défenseurs de l'Union semblent avoir trouvé un remède miracle, soit faire des entorses à la démocratie et tout mettre sur le compte du Québec. Cela marchera-t-il?
    Nous atteignons le point culminant de cette histoire. Depuis 1982 que le Canada va à la dérive avec sa constitution illégitime, et sa triste suite de mesures anti-démocratiques (avec en tête le scandale des commandites, révélé par le Bloc Québécois - merci!), pour garder une forme de cohérence dans tout ça. Voici maintenant deux élections fédérales de suite qui sont abrégées à cause d'une incapacité chronique à obtenir un consensus parmi la population canadienne - un autre phénomène mis sur le dos du Québec.
    Un pays incapable de véritable clairvoyance mérite un Parti Conservateur majoritaire à Ottawa. Ajoutons-y Jean Charest, et on peut dire que jamais le fédéralisme canadien n'aura autant rayonné dans la crapulerie.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    Nous pouvons dire mieux:
    Le Canada et la dérive démocratique.
    Le Canada et sa dérive vers la balkanisation.
    Le Canada et la dérive vers l'intégriste.
    Le Canada et la dérive vers un système punitif.
    Le Canada et sa dérive médiatique.
    le Canada et sa dérive vers la corruption
    Et cetera.
    Le Canada est donc piégé sur toute la ligne.
    Saint-Irénée

  • Archives de Vigile Répondre

    28 avril 2011

    Il ne vous ai jamais venu à l'esprit que la politique du PQ lui est tout simplement dictée par la réalité. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir les époques changer de couleurs...
    Nos deux principaux ennemis actuels sont la mondialisation et le consumérisme.
    Sans parler de l'insignifiance. J'ai demandé aux gars hier, à la brassette du coin :
    — Pourquoi Jack ?
    — Bof... pour faire changement...
    André Vincent