Le faucon pèlerin et le déclin de la langue française

Une publicité qui fait jaser

Tribune libre

De toute évidence, la publicité du ministre de la langue française, Jean-François Roberge, a suscité toutes sortes de réactions, bonnes et mauvaises, venant de toutes les sphères de la société québécoise. En ce sens, si le ministre avait comme objectif. notamment, de faire « jaser », on peut au moins lui concéder qu’il a atteint sa cible.

Bien sûr, on ne peut exiger d’un seul message publicitaire qu’il soulève un sentiment d’effervescence pour la lutte à la survie du français au Québec. Néanmoins, je suis d’avis que l’analogie entre la survie du faucon pèlerin en tant qu’espèce menacée avec la survie de la langue française en déclin au Québec mérite tout au moins une bonne note d’appréciation eu égard à l’originalité.

Les suites

Toutefois, une fois que la « jasette » se sera estompée (et c’est déjà commencé), quelles seront les prochaines étapes? Compte tenu que la publicité contient un message clair sur le fait que notre langue d’usage est truffée d’anglicismes, la difficulté d’y pallier, qui ne date pas d’aujourd’hui et qui n’est pas sur le point de disparaître, réside dans le fait que le Québec se trouve géographiquement entouré d’anglophones. Enfin, je crois qu’il faut être tout de même vigilant sur l’emploi des anglicismes tout en admettant qu’ils ne sont pas, selon moi, des facteurs majeurs contribuant au déclin du français.

Alors, quels sont -ils ces facteurs majeurs qui affectent l’assimilation du français à l’anglais, particulièrement dans le grand Montréal? Même si je suis conscient que je ne ferai pas preuve d’originalité, le sujet en étant un d’actualité depuis des années, je considère qu’il y a urgence d’étendre l’application de la loi 101 au Cégep à toutes les Québécoises et tous les Québécois ainsi qu’à tous les immigrants qui désirent s’inscrire au collégial.

De plus, il m’apparaît essentiel de signaler que des entreprises de compétence fédérale au Québec résistent à se conformer à la Charte de la langue française, plus de huit mois après l’adoption de sa réforme par l’Assemblée nationale. Près du tiers d’entre elles ne se sont pas inscrites auprès de l’Office québécois de la langue française (OQLF) dans les délais prévus par la réforme. Les entreprises à charte fédérale employant 50 personnes ou plus avaient jusqu’au 1er décembre dernier pour se signaler à l’OQLF comme le demande la nouvelle Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, mieux connue sous le nom de loi 96. Or, en date du 22 février, 358 employeurs s’étaient pliés à cette directive. Cela représente plus de 68% des 525 entreprises à charte fédérale répertoriées par Emploi et développement social Canada sur le territoire québécois en 2021.

Les acteurs

Dans sa première intervention publique à la suite de sa nomination à titre de ministre de la Langue française, Jean-François Roberge a résolument mis l’accent sur la contribution de chaque citoyen québécois à la protection et la promotion de la langue française au Québec en donnant l’exemple d’un français correct dans leurs communications professionnelles et sociales.

Quoique je sois en accord avec cette vision, il m’apparaît primordial que le gouvernement et les partis d’opposition se donnent une ligne de conduite qui met de l’avant une qualité de français exemplaire de la part des politiciens lorsqu’ils sont appelés à se prononcer à l’Assemblée nationale, lors de conférences de presse ou de points de presse.

Enfin, il serait plus que temps que les propriétaires commerciaux appliquent la loi 101 sur l’affichage qui stipule que « l'affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français ou également être faits à la fois en français et dans une autre langue pourvu que le français y figure de façon nettement prédominante ». En terminant, des efforts constants doivent être consentis par les propriétaires de commerces, notamment de restaurants, pour que les Québécois de langue française soient servis dans leur langue.


Henri Marineau, enseignant de français à la retraite et fervent défenseur de la langue française


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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