Vocabulaire offensant : la dérive autoritaire de Radio-Canada

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Pas de liberté sans le courage de la défendre

Ce n’est pas d’hier qu’on critique le biais «de gauche», ou, plutôt, néoprogressiste, de Radio-Canada.


Certes, on y trouve des animateurs et des journalistes de qualité, des émissions qu’il n’est pas désagréable de regarder, et de temps en temps, des invités inattendus, mais il existe quelque chose comme une idéologie radio-canadienne dominante, dont le noyau est assurément un multiculturalisme radicalisé. 


Mais un cap, je crois, vient d’être franchi avec les nouvelles normes mises de l’avant pour encadrer ce qu’on appelle aujourd’hui le vocabulaire offensant, dont Le Devoir nous apprenait hier l’existence


Non seulement les animateurs devront s’excuser s’ils entendent le fameux «mot en n» en ondes, mais les émissions, au moment de leur rediffusion, seront «purgées de tout langage offensant». 



  • Écoutez le commentaire Mathieu Bock-Côté lors de sa rencontre avec Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 10 h via QUB radio :



Censure


Si un invité, dans une émission, utilise un mot offensant (pourrions-nous en avoir la liste, et je devine qu’on peut s’attendre à ce qu’elle s’allonge sans cesse?), l’animateur devra développer une stratégie d’interview pour qu’il ne le prononce plus, sur le mode de la vigilance idéologique.  


Et de toute façon, je le redis, Radio-Canada se donnera le droit de censurer après coup les émissions heurtant la sensibilité des professionnels de l’indignation. Il y aura donc logiquement, chez Radio-Canada, des employés chargés de réécouter les émissions pour voir ce qu’on doit en retenir et ce qu’il faut en retirer en les charcutant. 


Je vous invite à lire cet article tellement ce qu’on y trouve est lunaire, et témoigne, disons-le clairement, d’une dérive autoritaire du diffuseur public, qui désormais se présente comme une police de la parole et de la pensée.


Car quoi qu’on en dise, qui contrôle le vocabulaire contrôle les conditions de formulation de la pensée. L’idéologisation du vocabulaire, son épuration, sa moralisation, s’inscrit dans une entreprise de domestication et de neutralisation de la pensée, pour rendre justement «impensable» toute forme de dissidence. 


Pire: Radio-Canada, ici, réhabilite le délit de blasphème, même si les interdits religieux ne sont plus les mêmes qu’hier. Aujourd’hui, les interdits sont ceux qui fondent le régime diversitaire.


Ne doutons pas que tous les fanatiques rassemblés autour du régime diversitaire se feront un devoir de limiter toujours plus la parole publique, dans une perspective qui se confond avec un désir de rééducation de la population, pour la purger de ses «préjugés», et pour l’amener à voir le monde comme les idéologues du régime le voient. 


Blasphème


Ajoutons, car cela doit être dit aussi, que cet appel à la censure a pour toile de fond le conflit de plus en plus ouvert entre un Canada anglais moralisateur hypnotisé par une forme de puritanisme progressiste et un Québec français, qui, malgré tout, croit encore à la liberté d’expression.


Il y a là une forme de néocolonialisme où l’État fédéral, à travers ses différents organes, cherche à nous imposer les névroses idéologiques qui aujourd’hui dominent le monde anglo-saxon et qui sont indissociables de l’idéologie diversitaire.


De ce point de vue, on s’inquiétera non seulement de la dérive autoritaire de Radio-Canada, mais de la dérive antidémocratique de l’État fédéral canadien.