Washington reconnaît l'usage d'armes chimiques par des djihadistes issus du Front Al-Nosra

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Un aveu cuisant pour les États-Unis

Dans un texte de recommandations à destination de ses ressortissants, le département d'Etat américain signale que le groupe Hayat Tahrir al-Cham, rassemblant notamment les combattants de l'ex-Front Al-Nosra, employait des armes chimiques.


Le porte-parole du ministère de la Défense russe, le général Igor Konachenkov a pointé du doigt, le 20 octobre, un texte publié par le département d'Etat américain, exprimant pour la première fois, selon le militaire russe, la reconnaissance par Washington de l'utilisation d'armes chimiques par les djihadistes de l'ex-Front Al-Nosra.


Dans ce texte à destination des ressortissants américains en Syrie, le département d'Etat fait un tour d'horizon de la situation du pays. Evoquant les agissements du groupe Hayat Tahrir al-Cham, né de la fusion de plusieurs groupes rebelles djihadistes syriens dont le Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, issu d'Al-Qaïda), l’institution précise que ce groupe a consolidé son pouvoir dans la province d'Idleb à partir de juillet 2017. 


«Les tactiques de l'Etat islamique, Hayat Tahrir al-Cham et d'autres groupes extrémistes violents incluent l'usage d'attaques suicides, d'enlèvements, d'armes lourdes et légères, d'explosifs artisanaux et d'armes chimiques», peut-on lire sur le site officiel du ministère américain des Affaires étrangères. Pour les autorités russes, il s'agit d'une première reconnaissance des crimes de guerre commis par les djihadistes de l'ex-Front Al-Nosra.


«C'est la première reconnaissance officielle du département d'Etat [américain], pas simplement de la présence, mais, je le souligne, de l'usage d'armes chimiques par les terroristes du Front Al-Nosra dans cette partie de la Syrie pour commettre des attaques terroristes, ce que nous avons maintes fois dénoncé», a ainsi déclaré le général russe, non sans rappeler au passage que le seul cas d'usage d'armes chimiques connu dans la province d'Idleb était celui de Khan Cheikhoun, en avril 2017.


Or, cet incident chimique, qui a causé la mort d'environ 80 personnes, a été imputé à l'armée syrienne par les Etats-Unis, mais aussi ultérieurement par une commission d'enquête de l'ONU. En réaction, bien avant la publication des résultats de cette enquête et sans fournir de preuves sur l'origine de cette attaque, les Etats-Unis avaient tiré 59 missiles Tomahawk sur la base aérienne syrienne d’Al-Chaayrate, près de Homs. 


Le gouvernement syrien avait pourtant formellement démenti être l'auteur de ce drame, accusant par la suite les enquêteurs de l'ONU de se baser sur «des témoins, des victimes, des membres de services de secours et des médecins», venant de la province d'Idleb contrôlée par les islamistes du Front Fatah Al-Cham.


Une collusion entre les services américains et les djihadistes d'Al-Nosra ?


La Russie a dénoncé à plusieurs reprises une certaine tolérance, voire des formes de collusions, entre Washington et les islamistes du Front Al-Nosra ou assimilés. Le 20 octobre 2017, le chef de l’état-major russe, Sergueï Roudskoï avait, par exemple, accusé les services américains d'avoir planifié une offensive très importante des djihadistes du Front Fatah Al-Cham et d'autres groupes sur les troupes gouvernementales dans la province d'Idleb. 


Le 26 juin à Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'était déjà étonné d'une relative tolérance des Etats-Unis envers le groupe terroriste.


«Nous avons la très forte impression, dans notre combat quotidien contre le terrorisme en Syrie, que les Etats-Unis épargnent le Front Al-Nosra, ou peu importe son nom actuel», avait-il déclaré lors d'une conférence de presse.