1,3 milliard de plus pour la santé

Charest entend déposer mardi un budget «non électoraliste»

Santé - le pacte libéral



Québec - Le gouvernement Charest s'est lancé le défi de déposer mardi, le jour précédent le déclenchement des élections, un budget qui n'aura pas l'air trop «électoraliste» mais qui comprendra notamment une augmentation de plus de 6 % du budget de la santé. C'est ce que Le Devoir a appris de source sûre ces derniers jours.
«On fera tout pour présenter l'image d'un bon gouvernement qui gère prudemment les fonds», a indiqué une source; un gouvernement, en clair, qui se garde de jouer au «père Noël» et de faire des «dépenses extraordinaires». Mais on n'annoncera pas non plus «de grosses réductions d'impôt», comme certains l'auraient souhaité au conseil des ministres afin de donner l'impression de rattraper un tant soit peu la promesse, faite en 2003, de réductions d'un milliard de dollars par année. «L'idée est de maintenir une impression d'équilibre», a dit une source. «Il n'y aura pas trop de bonbons», a déclaré une autre source.
L'idée de déposer un «énoncé budgétaire», évoquée il y a quelque temps, a donc été écartée. C'est bel et bien un budget en bonne et due forme que l'on est à préparer au ministère des Finances à Québec. Signes qui ne mentent pas: la Sûreté du Québec (SQ) est sur les lieux pour veiller à la confidentialité du processus de préparation. Les fonctionnaires sont assermentés. Tout est scruté à la loupe. Plusieurs mesures spéciales ont été adoptées: on utilise un papier spécial qui empêche la copie de documents; des conversations suspectes peuvent être enregistrées par les policiers afin d'éviter les fuites.
Au service des communications du ministère des Finances, on a confirmé hier que la SQ ne participerait pas à l'opération si un simple «énoncé» budgétaire était en préparation. (En mars 2002, par exemple, le gouvernement Landry avait non pas déposé un budget mais plutôt présenté un «énoncé complémentaire à la politique budgétaire du gouvernement». Exceptionnellement, en raison des événements du 11-Septembre, il avait dû déposer un budget le 1er novembre précédent. Pendant la préparation de l'énoncé en question, les règles de sécurité budgétaires n'avaient pas été appliquées et la SQ n'était pas présente, nous a-t-on précisé au ministère.)
Par ailleurs, le ministre des Finances, Michel Audet, qui prépare son dernier budget, a été en consultations prébudgétaires accélérées depuis quelques semaines. Lundi midi, il a rencontré les membres des organisations patronales et commerçantes à l'hôtel Intercontinental.
Comme en 2003
Le scénario pour lequel a opté le premier ministre Jean Charest - scénario qualifié de «pas impossible» hier par son entourage même - s'apparente à celui qu'avait défini le gouvernement péquiste de Bernard Landry en 2003. Le 11 mars 2003, en effet, la ministre des Finances de l'époque, Pauline Marois, avait prononcé son discours du budget. Le lendemain, le premier ministre demandait la dissolution de la Chambre et annonçait la tenue d'élections générales le 14 avril suivant, de sorte que le dernier budget Marois n'a jamais été adopté.
C'est exactement ce qui se reproduira la semaine prochaine. L'Assemblée nationale sera réunie mardi en «session extraordinaire». Normalement, les travaux parlementaires devraient reprendre le deuxième mardi de mars, soit le 13 mars prochain. «Le premier ministre a la prérogative de demander la tenue d'une telle session extraordinaire. Pour ce faire, il doit envoyer une lettre au président de l'Assemblée», a-t-on précisé au cabinet du leader du gouvernement, Jacques Dupuis. Celui-ci devra expliquer, à l'ouverture de la session, la raison pour laquelle elle a été convoquée. Fait à noter: le premier ministre n'a pas de «préavis» à donner: «Cela peut se faire le jour même», a précisé l'attachée de presse de M. Dupuis, Marie-Josée Duhamel. «Mais il faut s'entendre si on veut que les élus soient présents à Québec, il faut avertir à l'avance», a-t-elle souligné hier. Or, selon nos sources, c'est demain qu'on émettra le communiqué du ministère des Finances annonçant le discours sur le budget de mardi.
Au reste, le choix de «mardi» comme jour de budget a été confirmé par la ministre de la Culture, Line Beauchamp, au sortir du conseil des ministres hier. À la question: «Le budget de la Culture augmentera-t-il en 2007-08?», Mme Beauchamp a eu cette réponse hésitante: «Regardez mon sourire et dites-vous que, si le passé est garant de l'avenir, [...] au moment où l'on se parle, avant le budget... Bien sûr, vous le savez, il y a un secret qui entoure le budget, c'est tout à fait normal. Il faut respecter ce secret. Mais ça va me faire plaisir d'en parler mardi prochain!» Un autre ministre, le député de Verdun, Henri-François Gautrin, a lancé, au même endroit hier, un «On s'en va en campagne!» tonitruant.
Santé
Comme en 2003, la santé sera la priorité du gouvernement Charest lors de la prochaine campagne, et le budget de la semaine prochaine cherchera à traduire ce choix. Ainsi a-t-on appris que le budget de la santé croîtra de plus de 6 % pour 2007-08. Pendant l'année en cours, 22,115 milliards ont été réservés pour la santé. Au moins 1,3 milliard serait ajouté mardi à ce montant pour 2007-08. «Si le passé est garant de l'avenir, on va répondre aux attentes», s'est contenté de dire hier le ministre de la Santé, Philippe Couillard, tout en précisant que les «détails seraient révélés très bientôt». L'augmentation annuelle moyenne du budget de la santé depuis la prise du pouvoir des libéraux de Jean Charest tourne autour de 5 %.
Le Parti libéral du Québec tiendra samedi à Québec son «conseil général élargi» qui remplacera le congrès, qui avait été prévu pour les 24, 25 et 26 mars et qui a été «reporté» le 4 février par l'exécutif du parti. La plateforme électorale, dans laquelle la santé aura une grande place («puisque c'est la priorité des Québécois, comme l'a révélé un sondage récent», notait un libéral hier), sera alors discutée et adoptée par les quelque 2000 participants. Le coprésident Karl Blackburn, député de Roberval, a soutenu hier que la «presque totalité» des 125 candidats libéraux y seront alors présentés.


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