Près de la moitié des 85 décès annoncés hier par le premier ministre François Legault sont morts il y a déjà quelques semaines dans un seul CHSLD privé de Laval.
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Selon les informations obtenues par notre Bureau d’enquête, un total de 42 décès remontent à la période du 9 avril au 12 mai sur le territoire lavallois. De ce nombre, 41 proviennent du CHSLD privé Villa Val des Arbres où le nombre de décès est passé de 15 à 56 entre vendredi dernier et hier sur le site du gouvernement du Québec.
Cela montre qu’il y a parfois un décalage entre les données de la santé publique et le nombre réel de décès liés à la COVID-19 dans les CHSLD et résidences pour aînés.
« La Direction de santé publique de Laval a reçu ces déclarations de décès seulement hier en matinée [dimanche] », indique Judith Goudreau, du service des communications du Centre intégré de santé et de services sociaux de Laval.
Laval durement touchée
Elle indique que c’est la responsabilité des partenaires privés de faire parvenir les déclarations de décès.
Les responsables de l’établissement rétorquent que les informations ont été transmises dans les dernières semaines à différents responsables du CISSS et de la santé publique. Ce n’est toutefois qu’en fin de semaine que les avis de décès ont été faxés pour régulariser les données colligées par Québec.
« Il y a eu des mailles dans la chaîne de transmission », dit la porte-parole, Suzie Pellerin, en rappelant que le CHSLD a toujours collaboré avec les autorités.
En plus du CHSLD Val des Arbres, plusieurs endroits ont été durement touchés à Laval. C’est le cas de la Résidence Sainte-Rose, qui figure sur la liste rouge du gouvernement comme étant jugée critique, avec 38 % des résidents infectés et 19 décès.
Sans oublier le CHSLD Sainte-Dorothée, le plus durement touché au Québec avec 91 morts jusqu’ici.
En retard
Selon le président du Conseil de protection des malades, Paul G. Brunet, ça explique en partie pourquoi le gouvernement s’est réveillé en retard pour intervenir dans les CHSLD.
« C’est pour cette raison que dès le début, on a demandé une enquête sur les causes de décès », dit-il.
Dans un document obtenu par notre Bureau d’enquête, une sous-ministre de la Santé demande d’éviter les autopsies sur les patients soupçonnés d’être décédés de la COVID-19, qu’ils aient été testés positifs ou non.
« De plus, les décès dont la cause probable est attribuée à la COVID-19 sont considérés comme naturels et ne font pas l’objet d’un avis au coroner », indique la Dre Lucie Opatrny.